Premier judoka sénégalais à franchir une étape dans des Jeux olympiques, Mbagnick Ndiaye a réalisé une grosse performance. Hélas pour le triple champion d'Afrique, il est tombé sur plus fort que moi.

Il a fait lui-même son mea culpa après son élimination mais il garde toujours espoir que la prochaine fois sera la bonne. Il a d'ailleurs donné rendez-vous aux Sénégalais aux Jeux olympiques Los Angeles 2028. Morceaux choisis de son entretien avec la presse en zone mixte hier, vendredi 2 août.

Impressions après l'élimination

« C'est un sentiment mitigé ! Je suis content et en même temps, déçu parce que je comptais vraiment aller jusqu'au bout. J'étais venu pour la médaille et en m'échauffant, je m'étais dit peu importe qui est en face, l'objectif était d'aller au bout. Je prenais combat par combat pour essayer d'avancer. Le premier a été tactique et j'ai gagné. Pour le 2e, je suis tombé sur plus fort que moi. J'accepte !

Plus fort que vous ! Vous n'aviez pas d'arguments ?

On avait mis une stratégie en place ; c'était de prendre un peu de distance par rapport à lui parce qu'il est plus petit. Il est plus rapide et la stratégie c'était donc de garder de la distance. C'est ce que j'ai fait lors de la première prise. A la deuxième, en essayant d'enlever sa main, il a tourné rapidement. Il l'a fait dans le temps. Je n'ai pas fait une erreur, c'est juste qu'il a été bon là-dessus.

Déception de ne pas croiser votre idole Teddy Riner en quart de finale ?

C'est dommage ! J'aurais vraiment voulu l'affronter aujourd'hui (hier, ndlr) mais c'est comme ça, c'est la compétition. J'étais venu pour aller jusqu'au bout, peu importe l'adversaire. Teddy était dans mon chemin et dommage que je n'ai pas pu l'affronter.

Mais, il y a d'autres compétitions qui vont arriver. Il faut maintenant réfléchir à tête reposée pour voir ce qui n'a pas marcher et essayer d'avancer.

Est-ce que Mbagnick était dans le top niveau pour disputer ces Jeux si l'on sait qu'en 2023, vous êtes restés pendant longtemps blessé avec pratiquement pas de compétitions. Vous êtes revenus en 2024 ...

Je reviens d'une longue blessure. J'avais une hernie discale qui m'a éloigné des tatamis et même du sport pendant longtemps. Parce que je n'avais pas le droit d'en faire. Maintenant j'ai repris et ce n'est que du bonus.

On vous a senti très à l'aise face à Babucar Mané. Moins que contre Guram Tushishvili...

Je connais le judo de Bubacar, tactiquement comme physiquement, je suis plus fort que lui. Après avoir repris le judo il y a trois ou quatre mois, je me suis dit qu'il fallait passer ce tour et affronter le Géorgien. Je ne le surestime pas mais il est double champion du monde. J'avais vraiment envie de le battre, de lui rentrer dedans et de lui montrer que j'étais là. Au début, il a un peu reculé et finalement, je suis tombé dans son piège. Sur sa technique, il n'y pas rien à dire, il était bon.

Vous faites cap maintenant que Los Angeles 2028 ?

Oui, carrément ! Je n'ai que 30 ans et j'ai le temps. Il s'agit de continuer sur cette lancée si l'on sait que le nouveau gouvernement est en train de mettre en place des choses en place. J'ai confiance ; le discours (du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, lors de sa visite au village olympique, NDLR) m'a redonné de la motivation. On va donc essayer de se reconcentrer, de se remobiliser pour pouvoir d'abord , chercher la qualification pour ces Jeux. Mais j'arrête pas, je continue.

Avez-vous eu la préparation adéquate avant ces Jeux ?

La préparation était vraiment tronquée. Avant les Jeux, je suis rentré au Sénégal où je suis resté pendant un mois sans avoir où m'entraîner. Le dojo a été démoli et on n'a pas un dojo de substitution. Ce qui est dommage.

Mais ma force, c'est le mental ! Je m'étais dit que peu importe les conditions, l'objectif c'est d'aller aux Jeux fin prêt. Je faisais avec les moyens du bord, ce qui n'était pas assez. Mais à l'impossible, nul n'est tenu. J'ai pu m'entraîner, avoir le soutien du peuple sénégalais de qui j'ai reçu énormément de messages de soutien. Et pour ça, on ne peut que mouiller le maillot. Il faut tout donner, quitte à mourir sur le tapis. Il y a eu tellement des surprises durant cette compétition, des champions olympiques qui sont tombés. Pourquoi pas moi et j'étais vraiment focus là-dessus.

Comment comptez-vous planifier pour être performant et viser les sommets ?

Je ne sais pas encore pour l'avenir ; il faudra discuter avec le staff, avec la Fédération. Parce que la saison se termine avec ces Jeux. On va prendre un peu de repos, de reconcentrer, soigner les blessures, rester sur nos bases pour pouvoir avancer. Mais la prochaine compétition, ce n'est pas pour bientôt parce qu'il faut que je me repose ; ce que je n'ai pas fait depuis longtemps. En plus, je reviens d'une très longue blessure et il y a même eu des médecins qui m'ont demandé d'arrêter le judo. Mais j'ai travaillé pour pouvoir revenir en forme.