Madagascar: Romy Andrianarisoa - Sortie de prison après un an de détention à Londres

Crown Court à Southwark, au cœur de Londres, traite les affaires pénales.

Romy Andrianarisoa, ancienne directrice de cabinet de la Présidence de la République, a été libérée après avoir purgé 12 mois de prison en Angleterre. Cette information a été confirmée lors de son apparition sur la chaîne française TV5 Monde, samedi dernier.

Condamnée à 42 mois de prison ferme par la justice britannique pour des faits de corruption, Romy Andrianarisoa a été libérée plus tôt que prévu en raison de sa « conduite exceptionnelle » pendant sa détention. L'information a circulé depuis son interview sur la chaîne privée française TV5 Monde, samedi. Depuis Paris, l'ancienne directrice de cabinet de la Présidence de la République s'est exprimée pour la première fois à propos de l'affaire de corruption qui l'a emmenée directement en prison en Angleterre. En effet, lors de son intervention, elle a affirmé qu'elle est « complètement libre depuis une semaine » et qu'il n'y a plus aucune charge contre elle.

Aucune preuve

Le séjour en prison de Romy Andrianarisoa a donc été écourté. Sa libération anticipée marque la fin d'une période tumultueuse pour cette ancienne haut fonctionnaire. Cependant, sa condamnation avait suscité de nombreuses réactions et un intérêt médiatique considérable. Les attentions ont été tournées vers le sommet de l'État quand l'affaire a éclaté, il y a un an de cela. Mais durant son intervention sur la chaîne TV5 Monde Afrique, Romy Andrianarisoa a dédouané le président de la République. « On a saisi tous mes outils de travail, tous mes échanges avec le président de la République, mes comptes bancaires ont été épluchés, mais aucune preuve n'a été trouvée » a-t-elle affirmé concernant toute prétendue implication de Andry Rajoelina dans son affaire.

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Fin aux polémiques

À en croire les propos de son ancienne directrice de cabinet, le président de la République n'est pas concerné dans l'embrouille judiciaire de Romy Andrianarisoa et la tentative de corruption à laquelle elle a été condamnée par la justice britannique. « Le chef de l'État ne savait pas ce qui se passait derrière cette arrestation » a-t-elle affirmé sur le plateau de TV5 Monde Afrique, samedi dernier. C'est une manière pour la principale concernée de tenter de mettre fin à toutes les polémiques sur ce sujet qui a « sali l'image de Madagascar » selon les propres mots de Romy Andrianarisoa. Elle a aussi affirmé que « le chef de l'État est le premier à s'ériger contre les pratiques de rétro-commissions dans l'attribution des marchés publics ».

Jury

À peine libérée, Romy Andrianarisoa renie les faits qui lui sont reprochés par la justice britannique. Elle tente même de remettre en cause le système judiciaire britannique en clouant au pilori les « jury » de son procès. Sur le plateau de TV5 Monde, elle ne mâche pas ses mots à l'égard de la justice anglaise « Les jury de la justice britannique ne connaissent rien des réalités ni du processus de prise de décision du gouvernement par rapport à un désir d'investissement, et encore moins de la réalité malgache sur l'investissement social » a-t-elle martelé sur le plateau de TV5 Monde. Ses propos remettent en question la compétence et la compréhension des jurés britanniques dans le contexte spécifique de son affaire. Romy Andrianarisoa va même plus loin en affirmant que son arrestation par les agents de la National Crime Agency à Londres était « orchestrée ».

Investissement social

Les circonstances exactes de sa libération restent encore floues, mais selon ses déclarations, il n'y aurait plus aucune charge pesant contre elle, ce qui lui permet de recouvrer pleinement sa liberté. Condamnée pour corruption, Romy Andrianarisoa a aussi profité de son passage sur la chaîne TV5 Monde pour défendre les sommes négociées dans le cadre de l'octroi d'un contrat minier pour la société Gemfields à Madagascar, qualifiant cet accord d'« investissement social ». « L'investissement social précède les investissements », a-t-elle déclaré. Elle a, en effet, défendu qu'il ne s'agissait pas d'une « tentative de corruption ». Pourtant, « le terme social license to operate, dans le monde des projets est l'acceptation des populations locales et leur implication dans les RSE et redevances/royalties » nous a souligné une juriste spécialiste du droit anglo-saxon. « Il ne s'agit pas de payer par avance les négociateurs, avant l'octroi du marché » a-t-elle précisé.

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