Les enjeux des crédits accordés par le Fonds monétaire international (FMI) sont expliqués par le Pr Mamisoa Andriamalala Freddy, président du Comité directeur du groupement national des experts et des professeurs des universités pour le développement (GNEPUD).
Que pensez-vous de la capacité du régime en place à négocier avec les bailleurs de fonds dont le FMI ?
C'est un grand saut qualitatif pour le président de la République et le Premier Ministre d'avoir persuadé le FMI à accorder à l'État malgache d'importants crédits, en l'occurrence le Facilité Élargie de Crédit (FEC) et le Fonds de résilience et de durabilité (FRD) pour renforcer le financement de développement..
L'endettement international n'est-il-pas source de pauvreté et d'instabilité politique et institutionnelle ?
Le stock de la dette publique de Madagascar s'élève à 6 313 milliards de dollars, fin 2023, soit près de 29 000 milliards d'ariary dont près de 82% sont des dettes extérieures. Les expériences dans plusieurs pays, surtout les pays très pauvres endettés montrent l'existence de lien causal entre dette et pauvreté.
À titre d'exemple, durant la deuxième République, l'endettement a été une des causes du renforcement et de l'intensification de la pauvreté à Madagascar. La plupart de l'aide obtenue par Madagascar n'a pas été utilisée de manière efficiente et efficace. Par contre, l'endettement est un phénomène normal et apporte des bénéfices pour les pays débiteurs s'il contribue à l'accroissement de la production.
Quelles sont vos recommandations pour rendre efficace l'aide extérieure ?
Pour le GNEPUD, les pays donateurs devraient changer certaines manières de travailler à Madagascar car ils suivent leurs propres directives et modes de financement, bien souvent sans prendre en considération des besoins prioritaires exprimés par le gouvernement et la population.
De plus, les donateurs accordent l'aide avec des conditions souvent difficiles à réunir. Ce sont des exigences qui sont souvent devenues sources des pertes de temps et d'inefficacité. Il faut octroyer la majeure partie de l'aide sous forme de subvention plutôt que de prêts aux conditions du marché.
Les bailleurs devraient nécessairement débloquer et augmenter plus rapidement l'aide qu'ils accordent surtout pendant la phase de décollage de l'économie. L'aide internationale devrait être rangée selon les priorités de développement et l'état de la gouvernance à Madagascar.
Un mot pour conclure ?
Le contexte de la mondialisation actuelle érode la souveraineté nationale et diminue le rôle de l'État. La Gouvernance mondiale et les acteurs de la mondialisation dont le FMI, pèsent lourdement dans l'élaboration du budget de l'État et la hiérarchisation des axes stratégiques inscrits dans le plan de développement en imposant des conditions drastiques. Ce sont eux qui nous gouvernent.
Il faut savoir collaborer avec eux en tirant des bénéfices et des avantages et en s'intégrant dans l'économie mondiale de manière sélective. C'est dans ce contexte qu'un gouvernement pragmatique fort et efficace est nécessaire pour accroître le taux d'efficacité des politiques publiques et du financement extérieur.
Mais il ne faut pas se contenter de recevoir une somme colossale de financement international. Le gouvernement devrait préserver les acquis de la démocratie, la stabilité politique et institutionnelle et la paix sociale pouvant être perturbées par certaines sévères conditions imposées par les bailleurs de fonds. L'aide extérieure est donc un mal nécessaire pour promouvoir le développement selon la vision macro-économiste.