La programmation de la guinguette africaine de Suresnes du 3 août était dédiée aux "Olympiades de la sape", agrémentées, en fond sonore, par la rythmique de l'orchestre de Ladis Arcade. Pure coïncidence par rapport à la récente sortie médiatique d'Alain Mabanckou à propos de la valeur socio-économique de la sape.
Dans l'attente de la prestation des sapeurs, l'espace du Centre de loisirs des Landes, comme à l'accoutumée, a connu son affluence estivale habituelle. Mais c'était sans compter sur les caprices de la météo ayant imposé une pluie d'averse ininterrompue au point de devoir écourter l'entracte des olympiades du jour avec l'artiste Ladis Arcade et de réussir à prolonger l'attente de la joute de la chorégraphie des sapeurs.
Ainsi, après une course pour se retrouver serrés dans des abris de fortune, la proximité a permis un rapprochement propice aux retrouvailles, aux échanges, à la dégustation des différents mets proposés, auxquels vinrent se rajouter des improvisations d'airs célébrant des anniversaires, ou plutôt pour fredonner, en mini groupe a capella, les chansons d'antan en souvenir de leurs fréquentations des bars dancing au Congo. En conséquence, une joyeuse ambiance festive décuplée dans le semblable esprit olympique du moment vécu depuis la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques Paris 2024.
Dès que la pluie a bien voulu se calmer, à la nuit tombée, imperturbables, en toute élégance et sous les clameurs du public scandant leurs noms, les sapeurs en tenue d'apparat munis de leurs accessoires sont apparus sur la scène des olympiades. À compter de ce moment précis, tout a été parade, éblouissement, joutes de la "diatance".
Face au public émerveillé, en présentiel, sous les feux des projecteurs, s'est déroulée une chorégraphie harmonieuse réalisée et bien menée par la flamme vive de Ja le Bachelor, Djo Balard, Ben Moukacha, Chardel Mantsanga, Miracle de Jésus et Rock le Japonais récemment élu "Mister sapologie 2024".
Après cette séquence olympique, sans se soucier de désigner ni vainqueurs ni vaincus, tout un chacun ayant décroché sa médaille d'or au vu de l'applaudimètre, les journalistes ont tendu leurs micros et braqué leur caméra sur les sapeurs. La question récurrente a été celle concernant la récente sortie médiatique d'Alain Mabanckou.
Presqu'unanimes, tous les sapeurs ont répondu en reconnaissant qu'après l'effet de surprise suscité par cette critique inattendue de la part de celui qui était hier un des leurs, l'heure était plutôt à se réunir pour appréhender avec sérénité le sujet dans un esprit olympien plutôt que de voir voler en éclat l'esprit d'équipe.
« L'écrivain congolais a mis sur la table un problème réel. Nous sommes la risée de tous. La sape est moquée pour son manque de créativité économique. Cette critique est un pic de rappel par lequel nous devons voir comment opérer la mutation de la sape dans le domaine de l'art et en considérant la sape comme source supplémentaire d'investissements. Reconsidérer notre participation au co-développement, apporter les matériaux nécessaires pour des créations " made in Congo" et devoir montrer à voir un autre visage vis-à-vis de la jeunesse », a confié l'un des sapeurs, se contentant, pour le moment, de participer aux "Olympiades de la guinguette africaine de Suresnes".