La Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun est actuellement secouée par une guerre de pouvoir qui oppose deux figures majeures : Adolphe Moudiki, l'administrateur directeur général, et Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République et président du Conseil d'administration (PCA) de la SNH.
Cette lutte intestine, qui a éclaté au grand jour lors d'un récent Conseil d'administration, a déjà fait ses premières victimes. Parmi elles, Maurice Matanga, jusqu'alors Directeur de la stratégie et Secrétaire du Conseil d'administration de la SNH, se retrouve aujourd'hui dans une situation délicate.
Le 2 août 2024, soit quelques jours après sa participation à un Conseil d'administration controversé convoqué par Ferdinand Ngoh Ngoh à la présidence de la République, Maurice Matanga a été officiellement mis à la retraite. Cette décision intervient dans un contexte tendu, où il lui avait été expressément demandé de ne pas assister à cette réunion.
Les répercussions de ce conflit ne s'arrêtent pas là pour Matanga. Il a également été démis de ses fonctions de Président du Conseil d'administration de la société d'assurances Chanas, dont la SNH est l'actionnaire majoritaire. Cette cascade de sanctions illustre l'ampleur des tensions au sein de l'entreprise publique.
Dans un geste symbolique fort, le véhicule de service de Matanga, une VX de couleur noire, lui a été retiré de manière brutale. Il a été sommé de libérer son bureau et de quitter les lieux sans son véhicule, devant rentrer chez lui à pied. Cette scène surréaliste s'est déroulée sous les yeux d'une trentaine de militaires, fidèles à Adolphe Moudiki, qui assurent désormais la sécurité de la SNH jour et nuit.
Cette situation met en lumière les enjeux de pouvoir qui se jouent au sein de la SNH, entreprise stratégique pour l'économie camerounaise. Le bras de fer entre Moudiki et Ngoh Ngoh semble avoir pris une tournure décisive, avec des conséquences directes sur le personnel et le fonctionnement de l'entreprise.
L'affaire soulève également des questions sur la gouvernance des entreprises publiques au Cameroun et les interférences possibles entre les différentes sphères du pouvoir. Le sort réservé à Maurice Matanga pourrait n'être que le début d'une série de changements au sein de la SNH.
Alors que le "rouleau compresseur" de Moudiki semble avancer à pleine vitesse, l'avenir de la SNH et de ses dirigeants reste incertain. Cette crise interne pourrait avoir des répercussions plus larges sur le secteur des hydrocarbures au Cameroun, voire sur l'ensemble de l'économie nationale.
L'opinion publique et les observateurs attendent désormais de voir comment cette situation va évoluer et quelles seront les prochaines étapes de ce conflit au sommet de l'une des entreprises les plus stratégiques du pays.