Cameroun: Cameroon Tribune à 50 ans - Célébration discrète après le refus de financement présidentiel

Le cinquantenaire de Cameroon Tribune, journal phare du paysage médiatique camerounais, s'est conclu dans une atmosphère bien différente de celle initialement envisagée. Les festivités, qui devaient marquer cet important jalon dans l'histoire de la presse nationale, se sont déroulées dans une discrétion inattendue, faute de moyens financiers. Cette situation résulte d'une décision surprenante émanant des plus hautes sphères de l'État.

Au coeur de cette affaire se trouve Marie Claire Nnana, directrice générale de la SOPECAM (Société de Presse et d'Éditions du Cameroun), l'entité éditrice de Cameroon Tribune. Dans l'espoir d'organiser des célébrations à la hauteur de l'événement, Mme Nnana avait formulé une demande de financement de 400 millions de francs CFA auprès du président Paul Biya. Cette requête, bien que parvenue sur le bureau présidentiel, n'a pas connu l'issue espérée.

Le dossier a suivi le circuit habituel, atterrissant entre les mains de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République. C'est à ce niveau que l'affaire prend une tournure inattendue. Les relations tendues entre Ngoh Ngoh et la directrice de la SOPECAM semblent avoir joué un rôle déterminant dans le traitement de la demande.

Dans une manoeuvre qui a surpris beaucoup d'observateurs, Ngoh Ngoh a sollicité l'avis du ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi. Ce dernier, pris de court, a déclaré ne pas être informé d'une telle proposition de financement. Cette situation a effectivement scellé le sort de la demande, laissant la SOPECAM sans les fonds escomptés pour les célébrations du cinquantenaire.

Le refus de financement a eu des conséquences directes sur l'ampleur des festivités. L'anniversaire, qui aurait dû être un moment fort de l'année médiatique camerounaise, s'est finalement déroulé dans une relative indifférence. L'absence de moyens a contraint les organisateurs à revoir leurs ambitions à la baisse, privant ainsi Cameroon Tribune d'une célébration à la hauteur de son importance historique et culturelle.

Cette situation met en lumière les défis auxquels font face les médias publics au Cameroun, notamment en termes de financement et d'indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Elle soulève également des questions sur les relations parfois complexes entre les différents acteurs au sommet de l'État et leur impact sur le fonctionnement des institutions publiques.

Malgré l'obtention d'une "haute protection" symbolique, la SOPECAM n'a pas réussi à décrocher le soutien financier espéré. Cette décision, qualifiée par certains de typiquement "biyaesque", illustre la complexité des rapports entre le pouvoir et les médias publics au Cameroun.

En fin de compte, le cinquantenaire de Cameroon Tribune restera dans les mémoires non pas pour son faste, mais pour les circonstances particulières qui ont entouré sa célébration. Cet épisode pourrait relancer le débat sur le financement et l'autonomie des médias publics dans le pays, ainsi que sur les mécanismes de prise de décision au plus haut niveau de l'État camerounais.

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