Alors que nombreux sont ceux qui pensent que la fin de People's Turf PLC (PTP) est imminente, compte tenu des récentes négociations entamées entre le Prime Minister's Office et son rival, le Mauritius Turf Club (MTC), en vue d'un retour de ce dernier sur la scène hippique en 2025, il semble que l'homme d'affaires Jean-Michel Lee Shim (JMLS) n'a pas encore dit son dernier mot et aurait des plans dont l'envergure risque de dérouter plus d'un.
PTP compte-t-elle réellement se retirer de l'organisation des courses hippiques, comme l'a affirmé son patron, Jean-Michel Lee Shim, en mai ? Avec le récent rapprochement entre le MTC et le gouvernement - qui a coïncidé avec deux conflits impliquant des entités de l'État et l'organisateur hippique : Côte-d'Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC)-PTP et MBCPTP -, on aurait pu penser que le terrain était en train de glisser irrémédiablement sous les pieds de PTP. Or, dans les coulisses, plusieurs tractations en cours démontrent clairement que PTP ne compte pas renoncer à organiser les courses l'année prochaine.
Quand on sait que PTP emploie plus d'une centaine de personnes et qu'une de ses sociétés soeurs, la Global Equestrian Ltd, possède un effectif de pas moins de 250 chevaux, on peut se demander à quoi aurait servi tout ce beau monde si PTP mettait la clé sous le paillasson, d'autant plus que le MTC semble nullement disposé à travailler avec elle. Dans ce sens, comment ne pas penser que l'annonce effectuée plus tôt par Lee Shim sur le retrait de PTP n'était finalement pas un coup de bluff ?
S'il semble pratiquement acquis que PTP cédera le Champ-de-Mars au MTC à la fin de la présente saison, elle ambitionnerait désormais de poursuivre ses activités hippiques au JMLS Equestrian Centre de Petit-Gamin. Pour rappel, PTP avait initialement envisagé de débuter la présente saison hippique sur la piste en sable de cet hippodrome en début d'année. La piste avait déjà été homologuée par la Horse Racing Division, mais pour des raisons inconnues, l'organisateur hippique n'est finalement pas allé de l'avant avec ce projet et s'est résolu à organiser les courses au Champ-de-Mars.
Il est bon de noter que depuis quelques mois, d'importants travaux sont en cours à Petit-Gamin. De nouveaux boxes ont été construits, et des travaux de nettoyage et de rafraîchissement ont été entrepris tout autour du centre hippique. La piste en gazon est pratiquement prête pour la compétition, et il ne manque plus que les rails autour. Il semble que PTP mise principalement sur l'expertise du Macau Turf Club (voir hors-texte) pour procéder à l'implantation de toute la logistique (stalles, false rails, photo finish, etc.) et les aménagements nécessaires pour en faire un hippodrome digne de ce nom.
Dans ce contexte, une délégation de quatre techniciens de Macao était présente dans les locaux de PTP au Champ-de-Mars à l'occasion de la 14e journée samedi. Leur visite s'insérait dans le cadre d'une collaboration avec PTP et leur a permis de mieux cerner les rouages entourant l'organisation d'une journée de course. Jean-Michel Lee Shim, de retour après un séjour en Asie, était également présent sur le champ de courses.
Selon nos informations, dans l'éventualité où le gouvernement reste en place et que le MTC effectue son retour au Champ-deMars, PTP organisera alors les courses à Petit-Gamin. Il se murmure par ailleurs que les journées hippiques organisées par PTP auront probablement lieu les mercredis en fin d'après-midi. Reste à savoir maintenant si ce projet aura la bénédiction du gouvernement - le contraire nous surprendrait vu les moyens mis en oeuvre. Dans la même lignée, on ne sait pas ce qui adviendrait si jamais l'opposition prenait le pouvoir, à moins que Lee Shim nous sorte un autre tour de son chapeau...
Déclin du Macau Jockey Club, aubaine pour PTP
Située sur la côte sud de la Chine, non loin de Hong-Kong, Macao est une région autonome du territoire chinois. Ancien territoire portugais jusqu'en 1999, ses nombreux casinos lui ont valu le surnom de «Las Vegas asiatique». Depuis 1989, les courses hippiques organisées par le Macau Jockey Club faisaient partie du folklore de la région. Toutefois, le club ne s'est jamais remis de l'épidémie de Covid-19 et du décès de son propriétaire, le magnat des casinos Stanley Ho, en 2020. À tel point qu'il a récemment accumulé des pertes de 287 millions d'euros. Alors que 1 200 chevaux concouraient dans cette juridiction hippique dans les années 90, ce nombre est descendu à 200 en début d'année. Il convient également de noter que l'assistance sur le champ de course a considérablement diminué au fil des années, avec seulement 300 spectateurs lors d'une réunion de courses en début d'année.
Face à cette situation, l'exécutif de Macao a décidé de mettre fin à la concession accordée au Macau Jockey Club et ce dernier a été contraint de fermer définitivement ses portes le 1eᣴ avril. Malgré les signes avant-coureurs, les entraîneurs et les propriétaires ont été pris de court par le bref délai entre l'annonce de cette fermeture et la fin des courses, soit 11 semaines. Le Macau Jockey Club employait pas moins de 500 personnes et, du jour au lendemain, la plupart d'entre elles se sont retrouvées sans activité. Son hippodrome, en ruine à cause apparemment d'une mauvaise gestion, ne servirait plus à grand-chose. En homme d'affaires averti et rusé, Jean-Michel Lee Shim a rapidement perçu que les déboires du Macau Jockey Club pouvaient finalement représenter une véritable aubaine pour PTP. Tout en invitant à investir à Maurice dans le cadre d'une collaboration avec PTP, il aurait entamé des démarches pour transférer une partie de la logistique de l'hippodrome de Macao à celui de Petit-Gamin.