Dakar — Le dernier diagnostic du Premier ministre, Ousmane Sonko, relativement à la situation socio-économique du Sénégal, est un des sujets en exergue dans les quotidiens, avec la question du port du voile à l'école.
Plusieurs quotidiens parvenus lundi à l'APS s'intéressent en priorité aux dernières déclarations du chef du gouvernement sur la situation économique du Sénégal à l'arrivée du nouveau pouvoir issu de la présidentielle du 24 mars dernier.
Selon Ousmane Sonko, l'ancien régime a laissé "un Etat en ruine. Notre silence doit être perçu comme un travail méthodique et sérieux de dressage des lieux", a-t-il indiqué dans des propos rapportés par le quotidien L'info.
"Quand on aura fini, nous dirons aux Sénégalais de manière transparente : voilà ce que l'ancien régime vous a caché et toutes les conséquences qui vont en être tirées", a ajouté le Premier ministre dans des propos rapportés par le même journal.
Les journaux ne pouvaient passer à côté de ces déclarations et sont tous ou presque revenus sur ce sujet. Bès Bi Le Jour par exemple rapporte que le Premier ministre "Ousmane Sonko a promis de faire le compte rendu [de la situation socio-économique du pays] aux Sénégalais dans les jours à venir".
Mais en attendant, le chef du gouvernement donne des gages. "Nous ne nous enrichirons jamais et nous ne tolérerons aucun acte d'enrichissement dans ce gouvernement", a-t-il assuré dans des propos rapportés par Libération.
Ce qui n'empêche pas Kritik' de parler d'une "République des millionnaires", en soulignant que le président Bassirou Diomaye Faye, dont la déclaration de patrimoine vient d'être rendue publique par le Conseil constitutionnel, est "l'arbre qui cache la forêt" sur cette question.
La polémique sur le voile à l'école "ressuscitée"
"Même si le Sénégal patauge encore dans le lot des pays les moins avancés, ses dirigeants ne crèvent pas la dalle comme les citoyens qui ne voient pas la queue du diable", avance le quotidien Kritik'.
"Entre institutions, Primature et ministère, ce sont des émoluments à coups de millions qui font d'eux des privilégiés de la République", insiste le journal, évoquant un "défilé des salaires exceptionnels qui affolent le Trésor public".
Le quotidien Kritik' donne l'exemple du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) dont les présidents sont "assis sur une caisse noire de 50 millions FCFA par mois. Soit 600 millions FCFA" pour Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye.
Les quotidiens se font aussi l'écho d'un autre débat qui fait rage, concernant le port du voile à l'école. Le quotidien Enquête fait observer que le Premier ministre "Ousmane Sonko ressuscite la polémique" après sa dernière sortie sur ce sujet.
"Le Sénégal, souvent cité comme un modèle de cohabitation pacifique entre religions, est à nouveau secoué par une polémique sur la laïcité et l'interdiction du voile dans certains établissements scolaire", écrit le journal.
Il ajoute que cette controverse, "ravivée par les propos du Premier ministre Ousmane Sonko, a suscité une vague de réactions diverses, faisant ressurgir un débat qui n'est pas nouveau dans l'espace public sénégalais".
Faire en sorte que le Sénégal "retrouve sa verdure"
Sauf que le quotidien Enquête souligne que cette polémique sur le voile à l'école "fragilise un tissu social soumis à rude épreuve, depuis des mois", surtout après la sortie du clergé, en réaction aux déclarations du chef du gouvernement.
"L'Eglise charge violemment Sonko", constate le quotidien Les Echos, citant l'abbé André Latyr Ndiaye. "Certaines langues, certaines mains et certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu", a déclaré ce religieux dont les propos sont repris par la plupart des quotidiens.
Tribune, par exemple, reprend ces propos contenus dans une missive intitulée "Lettre ouverte à un politicien nouvellement promu à un haut poste de responsabilité". "Soyez poli, écrivez diplomatiquement, parlez poliment", écrit-il en s'adressant au chef du gouvernement.
L'abbé André Latyr Ndiaye "a lancé des piques très salées à Ousmane Sonko avant de l'appeler à la raison", relève le Quotidien L'As, lequel signale par ailleurs la réaction du Conseil national du laïcat, émanation des associations et mouvements d'action catholique.
Le Conseil national du laïcat "a jugé maladroits les propos du Premier ministre Ousmane Sonko à l'encontre des écoles privées catholiques qui refuseront d'accepter une fille simplement parce qu'elle est voilée", peut-on lire dans les colonnes du même journal.
"La polémique glisse sur un terrain religieux, des va-t-en guerre se ...dévoilent", fait observer Vox Populi, parlant d'un "branle-bas de combat d'hommes d'église". "Sonko pris les pieds...dans le voile", pointe le journal Enquête.
"Même si ses partisans assurent que sa déclaration sur le voile a été décontextualisé, le Premier ministre vient de raviver un débat réglé depuis 2019 après l'affaire Sainte Jeanne d'Arc", note cette publication.
"Danger sous le voile", affiche L'Observateur, en allusion à cette polémique et à "la menace [qu'elle fait peser] sur la cohésion sociale". "Le clergé catholique n'a pas caché ses mots et ses maux [pour réagir à ce débat et exprimer] sa déception", indique Walfquotidien.
Le Soleil aère l'esprit de ses lecteurs en s'intéressant au "projet de reverdissement du Sénégal", que la Journée nationale de l'arbre commémorée ce week-end a contribué à mettre en exergue. "Bassirou Diomaye Faye veut que le Sénégal retrouve sa verdure à l'aune du dérèglement climatique", selon Le Soleil.