Sénégal: Reddition des comptes - Me Pape Djibril Kanté préconise «des négociations internes »

Me Pape Djibril Kanté est formel : il faut donner droit aux négociations internes dans le cadre de la reddition des comptes. L'avocat Sénégalo-Canadien était l'invité dimanche de l'émission Objection sur la radio SudFm (privée).

La question sur la reddition des comptes suscitée par les nouvelles autorités hante-elle le sommeil des dignitaires de l'ancien régime ? En tout cas, c'est ce que semblent révéler leurs multiples sorties dont la dernière en date est celle de l'ancien ministre des forces armées, Me Oumar Youm, qui, sur un plateau de télé, tout en trouvant cette démarche normale, alerte sur une éventuelle chasse aux sorcières.

Ces sorties s'expliquent, selon Me Pape Djibril Kanté, par le fait « qu'on a vécu une longue période où les gestionnaires publics faisaient peu de cas d'une bonne gestion et qu'ils avaient l'assurance qu'ils n'ont pas de comptes à rendre à personne et que même, s'ils rendaient compte au président, celui-ci avait le choix de les couvrir en échange de quelques faveurs politiques. »

Par contre, l'avocat Sénégalo-canadien trouve que là, on est dans une situation tout à fait nouvelle. « Les nouvelles autorités ont une autre philosophie de la bonne gouvernance. C'est ce qui provoque un peu la fébrilité des anciens gestionnaires. Ça donne la situation qui fait que, dès qu'on parle de rendre compte, ils sont tous en mode panique ou parlent de chasse aux sorcières...mais c'est un processus tout à fait normal », a-t-il souligné.

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Concernant cependant la posture que vont adopter les nouvelles autorités dans leur démarche de recouvrer les dépenses non justifiées par les personnes incriminées, l'avocat des affaires préconise des négociations internes. Et de justifier : «La plupart du temps, on va au procès en dernière option en cas d'échec de la négociation justement. Lorsqu'on est en face de gens qui ne veulent pas obtempérer, qui ne veulent pas négocier ou qui sont de mauvaise foi, là, on sera obligé de prendre des procédures pas forcément au pénal mais ça peut être au civil.

Donc, les deux options sont ouvertes. » Mais en général, atteste Me Kanté, « Dans le monde des affaires, on privilégie quand même la voie des négociations internes. En général, lorsqu'on est pris la main dans le sac, on a intérêt à ne pas faire trop de bruit et essayer de négocier en toute discrétion », a-t-il indiqué. Par contre, lorsqu'il s'agit d'une affaire de banditisme financier, précise la robe noire, « Là, le volet pénal entre absolument en ligne de compte, sans préjudice au processus de recouvrement de l'argent public. »

Quid du comportement de l'appareil judiciaire qui doit veiller à protéger et garder son impartialité, afin d'éviter toute ingérence politico-religieuse ? Me Pape Djibril Kanté de rappeler que « L'image que rendait le système judiciaire en général n'était pas des plus reluisantes. » Et de dire son assentiment sur « Le fait que les nouvelles autorités aient pris un peu leur temps pour réajuster certaines choses, « faire le ménage » avant de procéder à des poursuites pour que le public n'ait pas l'impression qu'on est en train de faire comme ils disent, faire la chasse aux sorcières».

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