Lors du cinquième jour de manifestations à travers le Nigeria, lundi 5 août, les manifestants continuent à crier leur colère contre la politique économique du gouvernement, contre l'arrêt des subventions et le coût élevé de la vie. L'appel du président Bola TInobu, dimanche 4 août, à ne pas manifester et à dialoguer n'a pas suffi à calmer les Nigérians. Depuis une semaine, ceux-ci continuent à dénoncer la mauvaise gouvernance, dans un mouvement lancé sur les réseaux sociaux.
Que ce soit à Lagos, à Abuja, à Kaduna, à Gombe ou même à Kano - où un couvre-feu de 24h est en vigueur -les Nigérians ont recommencé à descendre dans les rues ce lundi matin. Car le discours du président Bola Tinubu ne les a pas convaincus.
Ce week-end, le chef de l'État s'est adressé aux manifestants, leur disant qu'il les avait entendus, donc qu'il fallait désormais cesser les manifestations et dialoguer. « Nous ne devons pas laisser la violence et la destruction déchirer notre nation », leur a-t-il dit.
« Le président n'a répondu à aucune de nos demandes », ont riposté des nombreux Nigérians sur les réseaux sociaux. Ils demandent une meilleure gouvernance, mais également le rétablissement de subventions, notamment sur l'essence, et une baisse des prix.
Dans les cortèges ces derniers jours, les manifestants scandaient « On a faim, on a faim », en allusion à l'explosion des prix, que ce soit dans le transport, l'alimentation ou l'électricité : en juin, l'inflation a atteint son plus haut niveau en 28 ans.
Un mouvement qui se poursuit malgré les violences policières
Le mouvement se poursuit également malgré les violences policières de ces derniers jours. Le Nigerian Labor Congress (NLC) parle d'une quarantaine de morts depuis vendredi. La police a tiré à balles réelles pour disperser les manifestants mais aussi les pilleurs, parce qu'il y a eu des actes de vandalismes.
Un couvre-feu total de 24 heures a d'ailleurs été instauré dans au moins quatre États. Plus de 700 personnes ont été arrêtées.
La violence policière a été décriée d'abord par les organisations des droits de l'Homme, mais également par le Prix Nobel de littérature, Wolé Soyinka. S'exprimant dimanche soir, il a lancé : « Tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques qui déplorent la faim, symbolise une régression inquiétante. Du type de celles qui précèdent très probablement les révolutions. »