L'École Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) du Cameroun traverse une période tumultueuse sous la direction de Bertrand Pierre Soumbou Angoula. Nommé en décembre 2018 à la tête de cette institution prestigieuse, le jeune directeur, né selon ses déclarations le 20 octobre 1986, fait face à des critiques croissantes concernant sa gestion jugée défaillante.
Lors de sa nomination, qui avait suscité une vive polémique en raison de son jeune âge et de son manque d'expérience, Soumbou Angoula avait déclaré : "On jugera le maçon au pied du mur". Six ans plus tard, le bilan semble loin des attentes initiales, révélant une gestion calamiteuse qui affecte profondément le fonctionnement de l'école et le bien-être de son personnel.
La situation actuelle à l'ENAM est alarmante. Le personnel, déjà privé de nombreux avantages statutaires, se trouve maintenant confronté à un problème encore plus grave : l'absence de paiement des salaires. Depuis deux mois (juin et juillet), les employés n'ont pas perçu leur rémunération, plongeant de nombreuses familles dans des difficultés financières considérables.
Pendant que le personnel de l'ENAM lutte pour joindre les deux bouts, la direction semble déconnectée de ces réalités. Le Directeur Général et son équipe multiplient les voyages à l'étranger. Actuellement en Chine depuis plus de deux semaines, Soumbou Angoula enchaîne les déplacements internationaux : Canada, Europe, Bénin. Ces voyages fréquents et coûteux contrastent fortement avec la situation précaire des employés de l'école.
La crise ne se limite pas au personnel administratif. Les enseignants vacataires sont également touchés, accumulant trois années d'arriérés de paiement pour leurs prestations. Cette situation est d'autant plus incompréhensible que les frais de vacation sont budgétisés chaque année, laissant planer des questions sur l'utilisation réelle de ces fonds.
Cette gestion controversée soulève de nombreuses interrogations sur la capacité de la direction actuelle à gérer efficacement l'ENAM. Les promesses initiales de Soumbou Angoula semblent loin d'être tenues, et le "chantier" qui lui a été confié paraît en péril.
La situation de l'ENAM reflète des problématiques plus larges dans la gestion des institutions publiques au Cameroun. Elle met en lumière les défis liés à la nomination de jeunes cadres à des postes de haute responsabilité sans garantie d'expérience ou de compétence adéquate.
Les conséquences de cette crise pourraient être graves pour l'avenir de l'ENAM. Cette école, censée former l'élite administrative et judiciaire du pays, risque de voir sa réputation ternie et son fonctionnement durablement affecté si des mesures correctives ne sont pas rapidement prises.
Face à cette situation, de nombreuses voix s'élèvent pour demander une intervention des autorités compétentes. Une évaluation approfondie de la gestion de l'ENAM et la mise en place de mesures pour régulariser la situation financière du personnel semblent urgentes.
L'affaire de l'ENAM soulève également des questions plus larges sur la gouvernance et la transparence dans la gestion des institutions publiques au Cameroun. Elle pourrait servir de catalyseur pour une réflexion plus approfondie sur les critères de nomination aux postes de direction dans les établissements d'État et sur les mécanismes de contrôle et de responsabilisation nécessaires.