Elles viennent d'horizons différents. L'une est congolaise. L'autre vient du Burkina Faso. Elles sont unies par un même combat : celui de contribuer à faire taire les armes en République démocratique du Congo (RDC). Découvrez les destins croisés de deux femmes africaines engagées pour la paix.
Elle s'appelle Pascaline Kikongo. Elle est originaire de la RDC. Iny Madiouma Pale, pour sa part, est capitaine au sein de l'armée du Burkina Faso. Toutes deux travaillent à Goma, au sein de la section en charge du Désarmement-Démobilisation-Réinsertion, Relèvement et Stabilisation (DDR-S) de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO). La première comme assistante à la sensibilisation et la seconde comme gestionnaire de la logistique. Elles ont un but commun : contribuer à faire taire les armes, dans l'est de la RDC. Et elles s'y attèlent, avec engagement et fierté.
« Je travaille à la sensibilisation des groupes armés congolais et étrangers, afin qu'ils participent au processus de DDR-R, en appui au Programme gouvernemental de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDCR-S) » explique Pascaline Kikongo. En tant que gestionnaire de la logistique, Iny explique que son travail, à elle, « consiste à coordonner les activités de logistique, la santé et la sélection des combattants et ex-combattants ».
OEuvrer inlassablement pour la paix en RDC
Deux femmes africaines, fières de travailler pour la paix, même dans des conditions difficiles et parfois hostiles. « Nous avons déjà désarmé plus de 20 000 combattants congolais et rapatrié plus de 10 000 autres étrangers, rien que dans le cadre des activités des bureaux de terrain de Goma. Nous avons aussi déjà collecté plus de 5 000 armes, dont 3 500 ont été détruites et plus de 50 000 munitions, dont 48 000 ont également été détruites », se réjouit Pascaline Kikongo.
Pour sa part, Iny Madiouma Pale est heureuse et fière d'avoir contribué « à redonner le sourire aux démobilisés », ces combattants et ex-combattants qu'elle et son équipe ont réussi à convaincre de déposer les armes, pour se reconvertir à la vie civile. Grâce à leur plaidoyer, ces derniers ont compris qu'« une autre vie est possible, en dehors du maquis ».
Et elle est grande sa fierté d'avoir, en moins d'un an, contribué au « transfert de 124 ex-combattants de Mubambiro vers leur communauté d'origine ». Iny garde encore le souvenir de ces moments uniques qui couronnent des efforts soutenus de dialogue, dans des conditions souvent incertaines. « Les ex-combattants étaient vraiment heureux de rentrer dans leur famille. On le sentait en eux, depuis leur séjour au camp de Munigi. On sentait qu'ils étaient vraiment heureux », confie la jeune femme, avec une satisfaction affichée.
Cependant les difficultés ne manquent pas. Le capitaine de l'armée burkinabé se souvient « des caprices de certains démobilisés qui avaient des exigences, en termes d'alimentation, notamment ». L'impatience de beaucoup de rentrer chez eux, pour retrouver leur famille, au bout d'une semaine à peine dans le camp, se transforme parfois en exigence, au mépris la procédure administrative. Autant de choses qu'Iny dit comprendre, compte-tenu de la sensibilité du contexte. « Être femme et militaire m'a permis véritablement de faire face à toutes les difficultés que j'ai rencontrées », assure-t-elle.
Ne jamais baisser les bras
« Convaincre un seigneur de guerre de déposer les armes pour se joindre au processus n'est pas vraiment chose facile », confesse, pour sa part, Pascaline. Ce n'est pas facile, non plus, de sensibiliser les communautés d'accepter les ex-combattants, à leur retour, ni de renforcer leurs capacités, afin qu'elles comprennent et s'approprient le processus DDR-R.
Pour des mères de familles, la difficulté est encore plus grande, car il faut concilier un travail, déjà très exigeant, et la vie de famille. Le stress d'une journée de travail compliquée peut impacter négativement les humeurs, une fois à la maison. Pour pallier cet état de choses, le capitaine Iny Madiouma Pale ne fait pas de confusion entre ses deux responsabilités : « J'évite surtout de transporter les soucis du travail à la maison et vice- versa. C'est ainsi que j'arrive à concilier mon travail avec les obligations familiales ».
Heureusement, tout n'est pas que difficultés. Il y a de bons moments, des rencontres dont elles se souviendront toujours. En témoigne cette belle anecdote que la capitaine raconte ici : « Nous avons reçu une fois une femme parmi les ex-combattants. Après avoir reçu le kit d'habillement, elle fait comprendre qu'elle veut le même kit que les hommes parce qu'elle est différente des autres femmes ».
Pour beaucoup, ces femmes sont des modèles de courage et d'engagement pour la paix. Le fruit de leur travail mérite d'être salué. L'essentiel est qu'elles inspirent d'autres femmes pour une paix durable au Congo et dans le monde entier.