Deux semaines après la fermeture des classes qui ouvre la période des vacances, le ministère de l'Education nationale, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) a convoqué la presse pour faire le bilan de la session 2024 des examens et concours scolaires.
L'on retient globalement de cet exercice de communication que les résultats des examens et concours sont en nets progrès. En témoignent les chiffres livrés par le principal orateur du jour, le ministre Jacques Sosthène Dingara. Le taux de succès au baccalauréat passe de 39,27% en 2023 à 52,61 % en 2024, soit une hausse de 13,34%, tandis que le Brevet d'études du premier cycle (BEPC) enregistre la performance de 47,19% en 2024 contre 38,27% en 2023, soit une évolution de 8,92 points.
Quant au Certificat d'études primaires (CEP), le taux de succès s'établit à 82,16 % contre 71,24 %, soit un progrès de 10,92%. L'on peut cependant observer que les examens du BEP (Brevet d'études professionnelles) et du CAP (Certificat d'aptitude professionnelle) sont en régression, passant en 2023 de 75,57% à 68,73 %.
Le moins que l'on peut dire, c'est que ces résultats en croissance traduisent la résilience du système éducatif national face aux crises sécuritaire et humanitaire sans précédent que traverse notre pays. L'on peut donc tresser des lauriers à tous les acteurs de l'éducation nationale dont certains, au péril de leur vie, ont dispensé le savoir aux jeunes générations. C'est le lieu d'ailleurs de rappeler que certains d'entre eux ont payé le prix fort de l'organisation des examens sur la RN 14, entre Dédougou et Nouna et toute la Nation leur doit une fière chandelle.
La norme est que tous les élèves réussissent à l'examen
Il ne serait donc pas exagéré de décerner le titre de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) de l'éducation aux enseignants et particulièrement à ceux des zones à forts déficits sécuritaires. Cette résilience du système éducatif est aussi à mettre à l'actif des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des VDP qui se battent au quotidien pour créer des espaces d'apprentissage sécurisés aux élèves.
L'on peut aussi et enfin rendre hommage à l'Etat qui, malgré les dépenses militaires qui explosent en raison de la lutte contre les forces du mal, continue de mettre l'éducation en priorité dans ses dotations budgétaires, et maintient le système débout malgré le retrait de nombreux partenaires techniques et financiers.
Cela dit, comme le reconnait d'ailleurs le ministre Dingara, ces résultats en progrès des examens et concours scolaires, sont loin d'être satisfaisants. Il faut le dire. Contrairement à ce que pense le commun des mortels, la norme est que tous les élèves réussissent à l'examen. Tant que l'on enregistrera donc des échecs aux examens scolaires, cette norme restera un idéal à atteindre.
Et l'écart entre les performances réelles aux examens et cette norme traduit l'immensité des défis à relever. C'est pourquoi l'Etat et tous les acteurs doivent redoubler d'effort afin que tous les ingrédients de la qualité soient réunis, en l'occurrence la formation continue des enseignants, la disponibilité du matériel pédagogique et didactique, la cantine scolaire et l'on en oublie.
En outre, le département en charge de l'éducation nationale doit travailler à juguler les éternelles difficultés organisationnelles en lien avec les examens. Même si le Système intégré de gestion des examens et concours (SIGEC) a fait moins de gorges chaudes cette année, il n'en demeure pas moins que l'on a enregistré des plaintes en lien avec la délivrance des convocations de certains enseignants lors de certains examens.
Et comme pour confirmer ces insuffisances, l'Inspection générale des services a relevé de nombreuses irrégularités dont une partie en lien avec les finances. Même si le MENAPLN annonce des sanctions, le mieux serait de travailler, en amont, à éviter toute action ou incident qui pourrait entacher la crédibilité des examens scolaires au Burkina Faso qui jouissent d'une solide réputation dans la sous-région et dans le monde.