Cameroun: Le bilan du renouveau est catastrophique

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Je me suis levé ce matin et j'ai vu cette Une du quotidien Le Jour. Le journal rapporte le bilan honteux de la participation du Cameroun aux Jeux Olympiques Paris 2024 où le nombre d'officiels était 5 fois supérieur au nombre d'athlètes. 30 officiels + un Chef de l'État pour accompagner 6 athlètes en vue d'obtenir zéro médaille.

Et j'ai aussi lu le communiqué qui indiquait que le Président de la République et sa délégation avaient quitté la France après un long séjour de 12 jours et ce bilan élogieux au goût de son régime. Et j'étais triste pour mon pays. Et je me suis demandé à qui revenait en réalité la faute.

A qui la faute ?

J'ai un avis tranché sur la question. Tout ceci est causé par le défaut d'engagement civique et politique des camerounais. Le régime a réussi à les convaincre que la politique était une mauvaise chose. Et donc, le citoyen camerounais dit fièrement : "je ne fais pas moi la politique". Pire, il ajoute: "Partez loin avec!" A bon?

Je pose la question : qu'est-ce qui vous empêche d'être vous-mêmes des "officiels" de ce pays afin de prendre des décisions pertinentes ou de mettre en oeuvre vos idées de changement ? Celles et ceux qui sont en poste aujourd'hui vous dépassent en quoi, si ce n'est en matière d'engagement ? Se réfugier derrière une certaine "neutralité" est devenu aujourd'hui une faute. Une faute morale. Vous ne pouvez pas laisser la maison brûlée, filmer pour envoyer sur les réseaux sociaux et expliquer que c'est la faute de votre frère qui a mis le feu. Vous êtes complice.

Aussi, dire de nos jours que l'on est de la société civile et que l'on ne doit pas faire la politique est une erreur. Avoir raison ou rechercher la vérité n'est plus important pour le Cameroun de 2024. Le problème du Cameroun n'est ni un problème d'information (on sait exactement ce qui se passe et ce qu'il faut faire) ni un problème de compétence (les camerounais sont surformés et surdoués) ni un problème d'innovation (les résultats de recherche sont disponibles et prêts à l'utilisation) ni un problème de capitaux (les banques camerounaises sont en surliquidités).

Le problème du Cameroun se trouve au niveau de la prise de décision. On sait ce qu'il faut faire et on ne prend pas la décision de le faire depuis les années d'indépendance. On abandonne les dossiers dans les tiroirs. Le Cameroun a donc un problème de volonté politique. C'est en politique que l'on décide. Et le politique a même décidé de rendre précaires tous les autres corps sociaux en vue de faire fonctionner le clientélisme.

Au Cameroun, tout le monde vit de la pitance et "il faut la fermer" pour en obtenir plus! Même la société civile a été clochardisée et le régime prend les résistants par usure. Le problème du Cameroun, c'est le déficit d'engagement civique et citoyen. Il faut s'engager ! On voit les ordures en route et on ne fait rien. On coupe l'électricité et on danse lorsque le courant revient. Etc.

Engageons-nous!

Il est venu le temps de prendre ses responsabilités. A tous les niveaux. Si vous n'appartenez pas à ce système de prédation, alors vous devez vous engager. Pour l'instant, la couleur politique importe peu. Je vous conseille de vous engager non pas pour quelqu'un ou derrière quelqu'un. Je vous conseille de vous engager pour vous-même et pour la République. Je vous conseille de vous engager pour être élu vous-même à votre niveau.

On n'est mieux servi que par soi-même. Si c'est vous le Maire de votre village, alors vous apporterez vous-même le changement que vous souhaitez aux vôtres sans avoir besoin de Yaoundé. Vous pouvez être conseiller municipal, Maire, conseiller régional, député, Maire de ville, Président du conseil régional, etc. Que l'on ne vous trompe pas. Tout changement de système efficace se fait à partir de la base.

Jusqu'ici, l'erreur de lecture de la politique de notre pays a consisté à croire que l'on fait la politique pour "aider" quelqu'un ou pour élire le président de la république. L'on n'a pas compris que le changement se fait à la base. S'il n'y a que 100 maires de l'opposition élus en 2026, alors le pays changera. Alors, on pourra bloquer le système de prédation. On ne fait pas la politique pour tuer quelqu'un. On fait la politique pour être utile et efficace.

Ma question : seras-tu parmi les 100 maires? Seras-tu député ? Seras-tu maire de ville? Etc. Celles et ceux qui sont là aujourd'hui te dépassent avec quoi? L'argent ? Le savoir? La beauté ? Quoi d'autre ? Pourquoi abandonner la décision entre les mains des médiocres ou des corrompus pour ensuite aller remplir l'audience afin de solliciter un service public ? On est con quelque part, non?

Pour ma part, je suis engagé. Si je vais en prison, alors cela fait partie de mon engagement. Et contrairement à ce que certains laissent entendre, je dis que l'on n'a pas besoin de la majorité absolue pour faire bouger les lignes. De plus, la coloration politique importe peu pour l'instant. Je vous conseille de ne pas vous embourber dans des querelles politiciennes de partis politiques. Laissez cette bataille à nous-autres qui sommes déjà partisans. Travaillez sur votre profil. C'est l'essentiel pour l'instant.

J'ai voulu vous dire ce jour que le changement que vous recherchez, c'est vous. Ne croyez pas au messie en politique. Il n'y a aucun Homme Providentiel qui viendra changer pour nous. C'est nous-mêmes qui devons nous engager pour changer. Chacun à son petit niveau.

C'est en tout cas ce que recommande la démarche de la durabilité. Et c'est ce que nous faisons aujourd'hui au SDF. Un parti transformé et plus déterminé.

Le changement, c'est toi! Don't forget!

Louis-Marie Kakdeu, MPA, PhD & HDR

Deuxième Vice-Président National SDF

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