Satisfait du travail accompli mais insatisfait de la tournure de la lutte. Tel est le ton du discours du directeur général du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), Laza Andrianirina, hier à Ambohibao lors de la présentation du rapport annuel du bureau.
Le DG a expliqué que la lutte contre la corruption est un processus de longue haleine et que cinq ans ne suffisent pas pour venir à bout de ce mal qui gangrène le pays depuis plusieurs décennies. « Depuis vingt ans, notre pays a fait de la lutte anticorruption un programme et une politique nationale. Pourtant, des efforts sont toujours à fournir pour parvenir à nos fins car le constat actuel est quand même assez mitigé », a expliqué Laza Andrianirina dans son discours.
« Le Bianco est la poubelle de Madagascar. » C'est avec cette déclaration surprenante que le directeur général a interpellé son auditoire. Phrase qu'il a tenue à expliquer en disant que le Bianco est souvent sollicité pour résoudre une grande variété de problèmes, « y compris des questions personnelles et familiales ». Dans son discours, il a également émis des recommandations, affirmant que la lutte contre la corruption commence d'abord par une introspection personnelle plutôt que par la confrontation avec autrui. Il a aussi souligné l'importance de l'éducation citoyenne afin de mieux cerner le véritable rôle du Bianco.
Bilan
Les chiffres publiés par le Bianco pour le compte de l'année dernière montrent les secteurs les plus dénoncés par les usagers : le domaine des collectivités territoriales décentralisées à 16%, le foncier à 14%, la justice à 12%, ainsi que la Gendarmerie nationale et l'éducation, chacun à 8%. Il y a un décalage entre le nombre de doléances reçues (3147), les personnes arrêtées (588) et celles placées sous mandat de dépôt (95).
L'explication apportée par le numéro Un du Bianco est que les moyens du bord ne sont pas suffisants. Il explique également que le nombre réduit du personnel en est pour quelque chose. Dans la conclusion du rapport annuel, le bureau anticorruption appelle au « respect des normes internationales relatives au taux de ressources financières allouées à la lutte contre la corruption».
L'événement d'hier était aussi l'occasion pour Laza Andrianirina de faire le bilan de ses cinq années à la tête du Bianco. À noter qu'il est le quatrième directeur général depuis la création du bureau indépendant. Il est en place depuis 2019, et un comité ad hoc, diligenté par le Comité pour la sauvegarde de l'intégrité (CSI), est chargé de trouver son successeur.
Laza Andrianirina déclare que son mandat à la tête du Bianco est désormais compté et non renouvelable. Hier, la cérémonie de présentation du rapport annuel a été marquée par la présence de responsables étatiques, dont le questeur numéro deux de l'Assemblée, ainsi que des membres du Système Anti-Corruption (SAC). Pour rappel, le Bianco accuse un certain retard dans la présentation de son rapport public par rapport aux autres membres du SAC.