Madagascar: Wak-Wak un mot à divers sens

De la thalasso-cratie Waq-Waq à la thalassocratie Antalaotra dans le Canal de Mozambique . C'est l'intitulé de la Communi-cation de l'académicienne Ramisandrazana Rakotoari-seheno, à l'occasion de la 75e Commémoration du 29 Mars 1947 et qui est publiée dans les Mémoires de l'Académie malgache, Fascicule, LVIII, en décembre 2023. Mais que signifie exactement le mot Waq-Waq.

D'après l'historienne, ce terme est maintes fois cité par les auteurs arabes et persans, entre le IXe et le XVe siècles. Pour eux, il désigne tantôt une ile ou des iles, tantôt un archipel à l'ouest de l'océan Indien, habité « par des gens à la fois riches (en or) et extraordinaires ». Un autre groupe d'iles Waq-Waq serait aussi localisé vers la Chine. « Ce qui semble attester une ancienne thalassocratie des Austronésiens de part et d'autre de l'océan. »

Pour Grandidier, le mot veut dire l'archipel asiatique, pour Ferrand c'est Madagascar et le mot correspond à « vahoaka », pour Deschamps, il désigne les peuples qui utilisent les pirogues à balancier. «Mais Waq-Waq est, en fait, l'écriture phonétique et le diminutif du mot malgache vahoaka ou peuple, ou désigne également le grand nombre », explique l'académicienne.

Dumont d'Urville, capitaine de vaisseau, dans un résumé de voyage, signale à propos des Sakalava : « Nous vîmes plusieurs familles de Séclaves, indigènes, de descendance asiatique, fixés à Madagascar principalement adonnés au commerce.

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Nul doute aussi que les Arabes aient visité Madagascar avant et après Mahomet. La race des Séclaves, qui peuple le Nord de l'île est évidemment d'origine arabique... L'histoire des Kalyfes, successeurs du Prophète, parle d'ailleurs d'une guerre de quatorze ans soutenus vers 880 de notre ère, contre les peuplades du Zanguebar, débarqués par milliers dans l'Irak et l'Yémen.

Or, le Zanguebar fait face à Madagascar et pour que les tribus africaines vinssent d'aussi loin attaquer les peuples de l'Islamisme, il fallait que des relations eussent amené et motivé cette lutte opiniâtre» (Voyage pittoresque autour du Monde, résumé général des voyages de décou-vertes,1834).

Malgré le fait que ce soit un résumé, estime l'académicienne, il n'en demeure pas moins que c'est un recoupement de l'auteur arabe cité par Faublée (lire précédente Note) et qui fait connaitre une autre tranche d'histoire concernant cette migration massive et/ou trafic de personnes, vers l'Arabie ancienne. Le texte de l'Adjaïb el Hind, cité par Ramiandrasoa (lire précédente Note), rapporte une migration de Waq-Waq de mille pirogues jusqu'à l'Afrique de l'Est après cent jours de navigation et qu'il présente comme étant les derniers soubresauts des migrations austronésiennes.

Carrefour maritime entre l'Afrique continentale, Madagascar, l'Arabie Heureuse et le Golfe Persique, la zone est alors un emplacement idéal pour tous les navigateurs, les commerçants et les explorateurs qui sillonnent l'océan Indien. Le commerce en tout genre, y compris le trafic d'esclaves, y est ainsi pratiqué depuis fort longtemps et n'attend nullement la venue des Européens.

En outre la géographie du Nord-Ouest de la Grande ile est propice à toute cette circulation maritime puisqu'elle recèle de nombreuses baies et criques dont les plus connues sont au moins au nombre de douze, avec leurs ilets et qui recèlent des vestiges archéologiques (P. Vérin, A. Mille, 1967, Recherches du Centre d'Archéologie sur les sites islamiques du Nord-Ouest, Bulletin de l'Académie malgache, tome XLV.2).

Du Sud au Nord de Madagascar, on trouve Antalihy, Baly (au niveau de Soalala), Marambitsy (Mitsinjo), Boeny, Bombetoka, Mahajamba, Narinda, Analalava, Sahamalaza (Maromandia), Ampasindava (Ambanja), Ambaro Beramanja (en face de Nosy Be) Befotaka, et Antsiranana, dans lesquelles se trouvaient les ruines de Mahilaka,celles d'Ambario-telo, de Nosy Mamoko, Nosy Lolo, Baly, Antsoheribory, île de Makamby, Kingany, Ambondreo, Katsepy, Kandrany, Doany-Manja, Nosy Manja etc.).

« C'était dans ces baies que l'on retrouvait les anciennes installations des principautés des embouchures, relais du commerce inter-régional (Afrique, Arabie, Inde) et gardiens des routes commerciales fluviales menant vers l'intérieur des terres. »

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