Congo-Kinshasa: Liberata Rubumba ou l'engagement d'une femme pour la paix au Nord-Kivu

communiqué de presse

Il est difficile de parler de paix au Nord-Kivu, province de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), sans évoquer le nom de Liberata Rubumba, présidente du Programme d'action communautaire des femmes pour le développement intégré (PAKOFETI) et du Réseau des femmes ambassadrices et médiatrices pour la paix, dans la province.

Engagée dans la médiation des conflits dans l'est, région du pays marquée par des décennies de violence, Liberata travaille inlassablement, avec son réseau, pour le rapprochement des communautés et la promotion de la paix. « Nous sommes, par nature, rassembleuses, médiatrices et pacificatrices », explique celle pour qui la femme médiatrice est une force capable de créer des ponts entre les familles et les communautés en conflit.

Autonomiser la femme pour renforcer l'équilibre social

C'est pour permettre à la femme de pleinement jouer ce rôle que le PAKOFETI a mis en place une association villageoise d'épargne et de crédit, avec le soutien du Fonds mondial pour les femmes. Cette initiative vise à autonomiser les femmes déplacées, souvent les plus vulnérables dans les zones de conflit. « Nous avons soutenu chaque femme avec un montant initial de 20 dollars américains, pour entamer la fabrication et la vente de beignets. Cette activité a renforcé leur rôle au sein de leur famille », précise-t-elle.

Furaha Nzabonipa a fui la guerre à Rutshuru, localité située à environ 70 kilomètres à l'ouest de la ville de Goma. Elle est partie en laissant tout derrière elle. Cependant elle a retrouvé de l'espoir grâce à l'association. Avec les revenus générés par la préparation de beignets, elle subvient aux besoins de sa famille et reconstruit progressivement sa vie. « J'ai retrouvé ma dignité et je ne dépends plus uniquement de l'aide extérieure. Je suis maintenant capable de contribuer financièrement aux besoins de mon foyer ; ce qui a renforcé l'harmonie au sein de ma famille », confie-t-elle.

En plus de l'autonomisation économique, Furaha a également bénéficié des initiatives de médiation et de paix mises en place par le réseau. « Les formations et les séances de médiation, explique-t-elle, m'ont appris à gérer les conflits et à jouer un rôle actif dans ma communauté. Avant, je me sentais impuissante face aux problèmes. Aujourd'hui, je sais que je peux apporter des solutions ».

« Quand une femme est porteuse de solution, les hommes en doutent... »

Au-delà de Furaha, ce sont de nombreuses autres femmes qui, grâce au réseau, ont retrouvé leur autonomie, leur dignité et un rôle actif dans la reconstruction de leur communauté. Depuis 2005, Liberata milite pour la paix et les droits des femmes. Son engagement est profondément enraciné dans son expérience personnelle et sa conviction que chaque femme peut être un leader. « Ce qui me motive, c'est de voir les femmes se relever, peu importe les difficultés dans lesquelles elles se trouvent », dit-elle.

Elle insiste davantage sur l'importance de donner une voix aux femmes victimes de conflits pour qu'elles puissent exprimer leurs problèmes et leurs besoins, malgré les obstacles. Comme elle le mentionne, non sans regrets, « quand une femme est porteuse de solution, les hommes en doutent souvent, même si c'est la meilleure ».

La MONUSCO, dans le cadre d'un partenariat, a soutenu les actions du réseau. Cette collaboration a été déterminante pour le renforcement des capacités des femmes médiatrices. « C'est la MONUSCO qui, la première, nous a donné l'appui nécessaire pour que le réseau des femmes ambassadrices soit installé », reconnaît Liberata qui travaille à faire des femmes « des actrices de paix et pas seulement des victimes ».

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