Afrique de l'Ouest: Tension aux frontières entre le Sénégal et la Gambie - Des centaines de camions bloqués, haro sur les tracasseries !

Photo d'illustration

A la date d'hier, lundi 5 août 2024, les camions bloqués aux frontières sud et nord entre le Sénégal et la Gambie se comptent par centaines. Leurs conducteurs ont préféré immobiliser les véhicules plutôt que d'engager un bras de fer «insaisissable».

Cela fait suite à la décision de l'administration douanière de la Gambie de faire payer des frais de balise dans les deux sens de la trans gambienne, alors que jusqu'au 30 juillet, ce sont seulement ceux en partance pour la Casamance qui payaient ces frais. A cela s'ajoutent, selon les usagers, d'autres tracasseries des corps habillés sur le transit de la Gambie. Ils interpellent les autorités des deux pays pour éviter des déconvenues et une escalade. Cet incident intervient au moment où le vice-président de la Gambie effectue une visite de travail au Sénégal.

Plusieurs centaines de camions d'immatriculation sénégalaise sont à l'arrêt à Sénoba à la frontière sud avec la Gambie, à hauteur de Sénoba et à Keur Ayib sur la partie nord. Cela fait suite à la décision de l'administration douanière de la Gambie, rendue publique le 30 juillet dernier, d'appliquer le tarif de balise de la CDEAO dans les deux sens de la frontière, alors que la mesure ne concernait que les entrées nord par Farafenni, en partance pour la Casamance. Cette balise est une empreinte pour contrôler le transit et se paie à 16.000 FCFA. A cela s'ajoutent les frais de visa, de pesage, du pont et autres tracasseries policières.

Ce que dénoncent avec véhémence les camionneurs. Leur porte-parole, Abdoulaye Kébé, raconte que «c'est une situation difficile et de plus en plus intenable que nous vivons lors du transit en Gambie. Auparavant la douane gambienne nous exigeait le paiement de la balise à 16.000 FCFA par l'entrée nord ; mais depuis le 30 juillet passé, cette même douane nous demande de payer une balise à partir de la frontière sud c'est-à-dire en provenance de la Casamance», explique-t-il.

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UNE COLLABORATION TENDUE ENTRE DISPUTES ET CONTRAVENTIONS !

Manifestement très amer de cette nouvelle situation, notre interlocuteur de poursuivre : «outre cette balise, nous souffrons également des tracasseries policières caractérisées par des extorsions de billets de 1000 FCFA et même plus selon les postes de contrôle et sans attestation ni quittance de paiement. Il faut aussi payer les frais de pesage d'entrée de pont, payer le ticket pour le pont et le tout sans management ni courtoisie comme si nous étions des indésirables», se plaignent Abdoulaye Kébé et ses camarades conducteurs manifestement très déçus de la nouvelle mesure.

Selon des sources proches de l'administration douanière de la Gambie, ces balises permettent de contrôler les transits et éviter que des camionneurs bifurquent à l'intérieur de leur territoire.

LES ORDRES DE MISSION AVEC DISPENSE D'ACQUIT MEPRISES

Ce ne sont pas que les camionneurs qui se plaignent des tracasseries policières et douanières à la frontière comme à l'intérieur de la Gambie. Des autorités sénégalaises, même porteuses d'un Ordre de Mission, sont souvent bloquées sur le transit, astreintes de payer 1000 FCFA et sans document de traçabilité. «Moi, je suis chauffeur de l'administration au Sénégal. Mais, à plusieurs reprises, des policiers gambiens confisquent mes documents de voyage, exigeant que je paie 1000 FCFA. Ils me font perdre énormément de temps, avant de me laisser partir. C'est vraiment révoltant parfois», nous confie Mamadou Sow, la cinquantaine bien révolue.

L'on annonce une mission de Gora Khouma, le secrétaire général de l'Union des transporteurs routiers du Sénégal, en Gambie depuis avant-hier dimanche.

LES AUTORITES DES DEUX PAYS INTERPELLEES, L'ESPACE DE LA CEDEAO SOUFFRE !

Il urge que les autorités sénégalaises et gambiennes accordent leurs positions sur la mobilité des personnes et des biens, pour éviter ces contraintes contraires aux directives de la CEDEAO, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

Cette tension aux frontières intervient au moment où le vice-président de la Gambie, Mohamed BS Jallow, effectue une visite de travail de deux jours au Sénégal. A son accueil par le Premier ministre, Ousmane Sonko, le Bureau de la vice-présidence de la Gambie a fait savoir que «cette visite entre dans le cadre du renforcement des relations d'amitié et de coopération entre le Sénégal et la Gambie qui datent de très longtemps».

Et, pour les usagers de la Trans gambienne, chauffeurs comme simples passants, «il est grand temps que les autorités des deux Etats trouvent une solution définitive à ces crises répétitives susceptibles de se transformer en une crise assez profonde sur fond d'incidents diplomatiques».

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