Sénégal: Matam - préservation des ressources naturelles : Les contraintes écologiques et la pression anthropique, de véritables goulots

Le reboisement qui participe à inverser le processus de désertification et de dégradation des écosystèmes, demeure à tout point de vue, une activité très importante pour la région de Matam et au demeurant, pour le département de Ranérou Ferlo où déjà les ressources naturelles sont soumises à des contraintes écologiques et à une pression anthropique réelle. Ce qui requiert une très grande vigilance participative pour contrer la dégradation croissante des sols, de la faune et du couvert végétal.

Selon Ahmadou Coumba Ndiaye, le préfet du département de Ranérou-Ferlo , « la région, de par sa position, vit une désertification qui gagne de plus en plus du terrain avec des effets néfastes liés aux changements climatiques, aux conséquences dévastatrices au plan écologique, provoquées par un système de vie économique et social ». Alors que Matam, qui est aussi une zone d'élevage et qui occupe une place importante dans la politique agricole du pays, a un rôle important à « jouer pour l'atteinte de la sécurité alimentaire », a relevé l'autorité.

Conscient de tout cela et du rôle de l'arbre pour garantir la durabilité de toutes ces activités, le préfet a, à l'occasion, demandé à l'ensemble des acteurs de se « concerter et de réfléchir ensemble pour une intégration des différentes actions ». Cristallisant ainsi l'importance de préserver nos ressources naturelles à partir d'une approche participative et inclusive avec l'implication de tous les acteurs, en l'occurrence, les élus, les techniciens, le secteur privé, les populations, les PTF, les organisations de producteurs et les organisations communautaires de base, indispensables pour l'atteinte des objectifs du développement d'une résilience face au changement climatique.

Le chef de l'exécutif départemental qui s'est saisi de l'opportunité de la célébration de la Journée de reboisement qui s'est tenue dans la commune de Louguéré Thioli (Ranérou-Ferlo) a annoncé aux populations que « cet événement doit être perçu comme un moment fort de mobilisation sociale, d'échange d'information et de sensibilisation dans l'optique de renforcer l'adhésion effective et dynamique de tous pour la gestion rationnelle des ressources naturelles ».

850 000 plants prévus pour des plantations à Matam

Le Service régional des Eaux et Forêts de Matam s'active à produire cette année 850 000 plants prévus pour des plantations. Le Commandant Daouda Ndiogou, l'inspecteur régional des Eaux et Forêts, a informé qu'en 2023, ses services ont réalisé une production de 758 060 plants dans 35 pépinières communautaires et en régie.

La production a permis de réaliser 395,55 ha de plantations massives, 99,26 km de plantations linéaires, 61,6 ha de plantation de restauration et 226,91 ha de plantations des espaces publics. Pour cette année, de son avis, il est prévu une production de 850 000 plants qui serviront à réaliser 600 ha de plantations massives, 120 km de plantations linéaires, 150 ha de plantations de restauration et 70 ha de plantations des espaces publics.

Magnifiant à cet égard le « Rôle du reboisement dans la souveraineté alimentaire et le développement économique », il a exhorté les populations à faire de l'arbre un pan important dans leur vie.

Vers le classement d'une forêt-galerie de 2000 hectares entre Matam et Ourossogui pour protéger l'écosystème

Suite à la recommandation de la commission régionale de conservation des sols, le gouvernement sénégalais, conscient de l'importance des écosystèmes pour la stabilité environnementale et la protection contre les catastrophes naturelles, envisage de proposer au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, le classement de la forêt-galerie située entre Matam et Ourossogui.

Une mesure de haute portée qui rentre dans la préservation des ressources naturelles du pays et par ricochet la région de Matam qui vit « une désertification grimpante avec des effets néfastes, aux conséquences dévastatrices». Il s'agit là, comme le renseigne le document diagnostic, d'une urgence si « l'on veut s'inscrire dans une perspective de développement reconnaissant le rôle des forêts dans le développement socio-économique, la conservation de la diversité biologique et la préservation des systèmes naturels ». Dans ce contexte, il est annoncé « l'urgence de prendre des mesures pour assurer la protection et la conservation des ressources forestières ».

Pour les officiels des Eaux et Forêts du Secteur forestier de Matam qui se sont penchés sur le sujet, « la région de Matam voit ses ressources forestières s'appauvrir constamment suite au déboisement effréné, une tendance, de leurs avis, qui a de graves répercussions sociales, économiques et écologiques aux plans local et national ». Pour relever que « les formations classées constituent pour la région une réserve importante de ressources naturelles dont l'utilisation raisonnée et la conservation sont essentielles à la sécurité économique et écologique du pays, les arbres et les forêts assurant la protection des écosystèmes naturels et contribuant au bien-être des populations rurales ».

Annonçant à cet égard qu'une utilisation bien pensée des forêts contribuera ainsi à un développement durable, au profit des populations limitrophes dont les moyens d'existence en dépendent. Même si, au demeurant, « des facteurs sociopolitiques et économiques complexes incitent à une exploitation accélérée des ressources forestières », il est aujourd'hui établi qu'il y a « une corrélation étroite entre croissance démographique rapide, dégradation de l'environnement et faiblesse des rendements agricoles ».

Aussi pour faire face aux causes directes de dégradation et de destruction des formations forestières que sont l'expansion de l'agriculture, l'exploitation incontrôlée du bois, le développement des infrastructures et le surpâturage, la commission régionale de protection a recommandé de « trouver des solutions pour promouvoir l'exploitation rationnelle des ressources forestières ».

A ce titre, les mesures doivent concourir à « assurer la prévention d'une utilisation abusive des ressources forestières par une remise en cause des actions perverses et par une conservation et une utilisation rationnelles des ressources forestières existantes » et aussi « assurer la mise en valeur des terres par le développement des ressources en procédant à la régénération des forêts dans un contexte de mise en valeur globale des terres ».

Il faut savoir que la forêt de Matam, « poumon vert » de Matam, Ourossogui et Ogo, constitue l'une des plus grandes zones vertes de la région.

Elle abrite un écosystème riche et diversifié, menacé par la croissance démographique, l'urbanisation rapide, la gestion inadéquate des déchets solides, ainsi que les tentatives successives de défrichement. Le rythme et l'ampleur du processus de dégradation de la forêt sont exacerbés par les changements climatiques.

La proposition de classement par décret, de la forêt-galerie, qui en est à sa phase finale, est d'un grand intérêt pour le ministre de l'Environnement et de la transition écologique. Pour Daouda Ngom qui était l'hôte de la région, la mesure vise à garantir une protection légale renforcée de cet écosystème crucial.

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