La colère de la rue ne cesse de croître au Nigeria, depuis que les réformes économiques entreprises par le Président Bola Tinubu ont renchéri le coût de la vie.
Le jeudi 1er août dernier, de nombreux habitants sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays pour dénoncer la forte hausse des prix des denrées de première nécessité. Ces manifestations ont malheureusement dégénéré, entrainant la mort d'au moins 13 personnes selon l'ONG Amnesty International.
Il n'est pas évident que la tension retombe de sitôt, de nouvelles manifestations étant attendues dans un contexte de rejet des réformes économiques du chef de l'Etat. Bola Tinubu a d'ailleurs appelé ses compatriotes à surseoir aux marches de protestation et à privilégier le dialogue. Un message qui aura du mal à passer, vu l'entêtement du gouvernement nigérian à mener à terme les réformes économiques à polémique. Parce qu'il s'est engagé à remettre sur les rails l'économie nigériane fortement dépendante de l'exploitation pétrolière, le président nigérian a trouvé comme parade de supprimer la subvention du carburant et le contrôle des devises.
Ces réformes ont entrainé une augmentation substantielle des prix des produits de première nécessité, au grand dam d'une frange importante de Nigérians qui végète dans un pays au sous-sol riche en pétrole et en gaz. En mai 2024, l'inflation générale avait atteint 33,95%, selon la Banque centrale nigériane. Du jamais vu dans l'Etat le plus peuplé d'Afrique, ces 30 dernières années. Les prix des produits alimentaires ont bondi de 40,66% par rapport à 2023, ce qui complique davantage la vie à des Nigérians en proie à la pauvreté. Malgré les cris de colère et de détresse, le Président Tinubu tient à ses réformes qui, selon lui, redresseront à coup sûr l'économie.
L'exécutif nigérian n'exhorte-t-il pas les manifestants à se tranquilliser et à laisser les réformes produire leurs effets ? C'est dire à quel point, Bola Tinubu croit dur comme fer à sa politique économique qui est pourtant loin de faire l'unanimité. Il doit en tirer les conséquences pour préserver le minimum de sympathie que certains de ses compatriotes lui vouent encore. Au regard de sa gouvernance, une certaine opinion voit en Bola Tinubu un président qui veut durcir la vie, plutôt que de les soulager.
Après tout, il est très fortuné et n'est pas censé connaitre forcement que ce que représente la misère, aux yeux de bon nombre de Nigérians. Certains d'entre eux auraient aimé, que le chef de l'Etat s'attaque en priorité à la corruption généralisée dans l'administration qui porte un énorme préjudice à l'économie. Les réformes initiées peuvent être défendables, mais encore faut-il voir l'impact très sensible sur le panier de la ménagère.
On ne peut pas dire, au vu des réalités, que ces reformes renforcent le pouvoir d'achat des ménages. Le chef de l'Etat nigérian ne semble pourtant pas mesurer les enjeux, puisqu'il s'entête à faire passer des mesures impopulaires. Une certaine sagesse commande, qu'il fasse marche arrière, en suspendant par exemple ses reformes, au lieu de miser sur le passage en force, à ses risques et périls.
Les manifestations contre les reformes commencent à prendre une tournure inquiétante, en ce qu'elles pourraient menacer la stabilité du régime. Lors des évènements du 1er août dernier, la police était débordée et songeait d'ailleurs à appeler l'armée à la rescousse. La preuve, que la grogne est à prendre très au sérieux. Le Président Tinubu doit se le tenir pour dit...