Cameroun: La musique camerounaise hier et aujourd'hui en portraits

Critique et chroniqueur de musique dont les positions font autorité en la matière, Joseph Owona Ntsama, s'exprime sur l'ouvrage de Heyndricks N. Bile, Thierry Minko'o et Kaïsa Pakito, 100 titres-Clés de la variété camerounaise, 1950-2020, Cameroun, HB Inc, 2024, 302 pages.

Pourquoi cet essai est-il présenté comme un ouvrage qui fera date à votre avis ?

Parce qu'il a déjà le mérite d'existé et puis, sa nature, une somme chronologique qui balaie le temps sur une temporalité longue (de 1950 à 2020 notamment), en appelle logiquement à d'autres dans la même perspective. C'est la conjonction de ces trois éléments objectifs, si j'ose dire, qui lui donne une valeur qui va mécaniquement transcender le temps. Et c'est en cela qu'il fait déjà date aujourd'hui.

J'ose espérer que ses auteurs, une fois les séances de dédicaces passées - il y'en a déjà eu une très courue dans la ville de Douala et celle de Yaoundé qui se prépare activement - feront le nécessaire pour « couvrir » les années qui nous rattachent à 2024 avec l'avènement des « Musiques urbaines » et de cette belle « revanche des anglophones » comme j'aime à le dire, qui tiennent - ces compatriotes d'expression anglaise - aujourd'hui le pavé haut de ce que le Cameroun représente de compétitif sur la scène internationale : je vous fais fi bien entendu des noms que vous connaissez d'ailleurs bien mieux que moi !

Faire un tel travail n'était-il pas osé lorsqu'on sait que la question de la disponibilité des sources est un problème épineux pour une initiative comme celle-ci ?

Non, je ne le pense pas vraiment. Les deux premiers auteurs de cet essai sont des journalistes culturels à l'expertise avérée et le musicien Kaïsa Pakito sait très bien de quoi on parle : il est l'un des rares à tenir un Blog ce qui laisse au minimum subodoré que l'homme est au faite de l'information puisqu'il prend le risque de partager et de croiser ses arguments avec ceux et celles de tierce personnes.

Cela étant, vous avez bien raison : il faut avoir pas mal archivé personnellement à défaut de savoir où trouver la bonne information à propos, ce qui n'est pas la chose du monde la plus facile à régler dans notre environnement. Des données archivistiques sur quelqu'un comme « Cheramy de la Capitale » (Owona Apollinaire de son vrai nom et qui était aussi un excellent joueur de mvet-oyeng !) ne sont faciles à trouver pour diverses raisons.

Pour autant, on pourrait croire naïvement que vous en retrouverez aisément pour un Toto Guillaume de l'époque « Esandja Madiba », que non ! Donc, à ce titre, il nous est loisible de louer cet effort non négligeable de ces trois auteurs camerounais. A l'évidence, ils ont procédé à un travail de collecte et de recoupage de l'information utile pour nous présenter ces tableaux synoptiques qui constituent aussi l'ossature de ce travail de mémoire, utile s'il est encore nécessaire de le souligner :

si vous lisez la fiche relative au titre à succès de Talla André Marie, « Je vais à Yaoundé » (1977) - dont le 55è anniversaire de carrière se prépare d'ailleurs activement - ou « Fai Mbuh » (1992) du regretté et éminent membre de l'Orchestre National, Francis Dom, vous retrouverez des informations du type « lieux communs » mais aussi des notes utiles et surtout des détails inédits...une raison de plus pour lire cet ouvrage dont je recommande l'acquisition à ceux et celles qui s'intéressent à la connaissance et l'évolution de la musique contemporaine camerounaise.

Une dernière question : Les musiques « Religieuse » et « Patrimoniale » ne figurent pas dans cette somme...

C'est vrai ! Peut-être que le critère objectif de « musiques contemporaines et de variétés » est celui qui aura prévalu de manière stricte pour ces auteurs. Et en cela lesdits auteurs sont cohérents envers eux-mêmes. Le Cameroun a effectivement une très longue tradition du chant choral en ses parties méridionale et littorale notamment, et dont des personnalités comme Anne Mvunga Nziè (Anne Marie Nziè), Eko Roosevelt, Jean Sangally ou même Ekambi Brillant sont issus. Souhaitons juste que le prochain tome, que j'appelle déjà ici de tous mes voeux, reviendra sur ces genres-là et avec force détails inédits !

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