De par sa lettre d'information de la publication Ubuntu, la triste nouvelle du décès de Francis Le Hérissé a été publiée. Né le 18 novembre 1935, il s'en est allé le 3 août dernier, à l'âge de 89 ans. Il se rendait souvent au Congo pour la promotion de la littérature et de l'agroforesterie.
C'est à Francis Le Hérissé que les lecteurs doivent le réflexion suivante : « L'Afrique, et particulièrement le Congo Brazzaville, ne sont pas riches que de pétrole, de bois tropicaux, de diamants et autres ressources du sous-sol. La littérature francophone y est prolixe, diverse, belle, utile et nécessaire... Beaucoup d'Africains - dont les jeunes - n'en savent rien qui ne lisent pas les livres de leurs écrivains, poètes et dramaturges.
Dans le domaine culturel aussi, ils sont privés de la jouissance des biens qu'ils produisent. Une inégalité́, une injustice de plus dans les rapports Nord-Sud ! Cette privation accompagne et accroît tous les maux liés à l'ignorance et à l'inculture dont le pire est la guerre qui ravage tant de pays d'Afrique. Il est temps de remplacer les armes de mort par celles du verbe et de l'écrit ! ».
Il était un défenseur passionné de la littérature africaine et de la déforestation. Au-delà de ses innombrables engagements professionnels, associatifs et militants, Francis Le Hérissé restera dans les mémoires comme un ardent défenseur de la littérature africaine.
Passionné par les mots et les récits francophones venus du continent africain et des Caraïbes, il a consacré une part importante de sa vie à promouvoir et à faire découvrir ces mots et ces voix souvent méconnus, mais d'une richesse inestimable.
Dès ses premières lectures d'auteurs africains, Francis Le Hérissé a été frappé par la profondeur et la diversité des récits qui, tout en étant ancrés dans des réalités locales, abordaient des thèmes universels. Il ne se contentait pas de lire ces ouvrages pour son plaisir personnel. Il était convaincu que la littérature africaine devait être partagée, enseignée, célébrée. Il a ainsi initié l'organisation de nombreux événements, entre autres, lectures publiques, conférences, ateliers, mises en voix et rencontres littéraires avec des jeunes, des artistes, des enseignants et des militants.
Au fil des campagnes « Lire en Afrique », et « Reliv » les rencontres du livre vivant, c'est à travers son rôle de président et conseiller pédagogique au Midaf, mais également en sa qualité d'administrateur à la MIR que Francis donne le jour à la revue « Ubuntu », en 2016. Rapidement, Ubuntu devient un rendez-vous régulier de ces fidèles lecteurs et lectrices, amateurs et amatrices de culture, de littérature, mais également de politiques africaines.
Dans ses écrits et ses discours, Francis n'a cessé de rappeler l'importance de cette littérature dans l'actualité locale et internationale. Il voyait en elle non seulement une expression artistique, mais aussi un outil de résistance et de transformation sociale.
Pour lui, lire et promouvoir les auteurs africains étaient une manière de combattre les injustices et promouvoir la solidarité. Grâce à lui, des oeuvres comme celles d'Alain Mabanckou, Léonora Miano, Sony Labou Tansi, Dieudonné Niangouna, Fatou Diome, J.B Tati Loutard, E.B Dongala, Aminata Dramane Traoré, Mariama Bâ, et bien d'autres encore, y compris des artistes comédiens et des photographes ont trouvé une place sur les étagères des bibliothèques et au-delà dans le coeur de nombreux lecteurs d'Ubuntu.
Pour l'avoir connu en soutien de la Librairie galerie Congo à Paris, nous pouvons avouer que son oeuvre a ouvert des portes, créé des ponts, et enrichi la compréhension du monde et des engagements.