Maroc: France/Maroc - Un rapprochement aux implications économiques

Dans une lettre adressée au roi du Maroc, le 30 juillet, jour de la fête du Trône, le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, confirmait son soutien au plan marocain sur le Sahara occidental. Quarante-huit heures après, le 1eᣴ août, l'entreprise française Egis Rail remportait le marché de l'assistance de la LGV Kenitra-Marrakech.

L'événement économique pourrait marquer un rapprochement entre Paris et Rabat après une longue brouille diplomatique. En avril, le ministre français du Commerce s'était rendu au Maroc, avec une forte délégation d'entrepreneurs et d'institutions financières publiques. Déjà présente dans l'automobile, dans l'immobilier et les services, la France ambitionne d'accroître ses investissements au Maroc dans l'eau, les énergies durables et les transports.

« C'est la réinvention d'un partenariat économique dans lequel le Maroc a beaucoup de projets, que ce soit dans les infrastructures, dans le renouvelable ou dans la technologie qui ne se limite pas au Maroc, mais s'étend à tout cet espace Ouest-africain sur lequel le Maroc rayonne », note le président de l'Institut marocain d'intelligence stratégique.

Pour Abdelmalek Alaoui, le geste politique de Paris aura un effet catalyseur dans les relations franco-marocaines sur le plan économique. Avec un produit intérieur brut (PIB) dix fois supérieur, la France demeure le premier investisseur dans le pays, créant 200 000 emplois directs. Un tiers des touristes français contribue pour 10 % au PIB marocain. A cela s'ajoutent les 50 000 résidents français. Enfin, un investissement de 300 millions d'euros a été proposé à Dakhla, ainsi qu'une ligne électrique à haute tension. Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, lors de son passage au Maroc en avril, aura également fait des ouvertures sur le nucléaire.

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Mais il a fallu d'abord purger le cas de Stéphane Séjourné. Président du Groupe Renew avant de devenir patron du Quai d'Orsay, ce dernier avait heurté le Maroc sur les droits de l'Homme et la liberté de la presse au Parlement européen. Sa visite à son homologue Nasser Bourita, qui se rendra ensuite à Paris, se sera finalement bien passée.

La France reste donc un partenaire incontournable pour le Maroc qui est un enjeu de sécurité nationale. Sa nouvelle décision de reconnaître le plan d'autonomie présenté par le Maroc comme le seul cadre pour résoudre le conflit autour du Sahara marocain, qui dure depuis près de 50 ans, est de nature à pousser davantage l'Algérie dans les bras de l'Iran et de la Russie, écrit l'Atlantic Council, soulignant que la décision du président français a irrité le président algérien, « déjà nerveux » à cause de l'élection présidentielle prévue le 7 septembre prochain. Atlantic Council souligne aussi que le Maroc est plus ou moins "aligné avec les États-Unis et la France sur une vision commune de l'avenir", alors que "l'Iran et ses mandataires renforcent leurs liens avec le régime algérien".

Et de poursuivre qu' "au cours des cinq dernières décennies, le Sahara occidental a été une faille de sécurité majeure aux portes de la Méditerranée et du Sahel. Avec les rumeurs croissantes sur la présence de groupes iraniens et wagnériens parmi les Sahraouis dans les camps de Tindouf, dans l'Ouest de l'Algérie, où vivent environ 173 600 réfugiés, il devient impératif pour les États-Unis et les pays européens d'essayer de résoudre le dossier du Sahara une fois pour toutes".

A propos de l'initiative royale Afrique Atlantique, Atlantic Council fait remarquer que « plutôt que d'essayer de décourager cette ambitieuse initiative atlantique du Maroc, qui vise à offrir aux pays enclavés du Sahel un accès commercial à l'océan grâce à un port de 1,2 milliard de dollars à Dakhla au Sahara, la France cherche à obtenir une part des avantages économiques promis par le projet », ajoutant que « la décision de la France de se ranger du côté du Maroc peut sembler conforme à ses priorités économiques et mondiales ».

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