Un pas en avant, dix pas en arrière. C'est le rythme de l'assainissement à Antananarivo. Un aller-retour exaspérant. Rien ne dure dans tout ce qu'on entreprend pour redorer le blason de la capitale. C'est un éternel retour à la case départ après chaque changement d'édile à la tête de la ville. Ainsi, on assiste actuellement au retour du marché permanent sur l'Avenue de l'Indépendance. Des stands sont installés dès mardi autour des espaces verts entre les deux arcades.
Cela a commencé lors de la fête nationale avec le retour du podium et des manèges à Analakely, alors qu'ils avaient disparu depuis au moins cinq ans. Il était alors presque impossible pour les usagers de la route d'emprunter le centre-ville, où les artères sont bouchées par les installations et une foule bigarrée. Le paysage rappelle les années 80, où le Zoma commençait dès mardi à Analakely, totalement obstrué par les marchands de toutes sortes. Il a fallu la poignée de fer du défunt maire Guy Razanamasy pour dégager le capharnaüm qu'est devenue « l'avenue ».
Le marché aux marchands, la rue aux automobilistes et les trottoirs aux piétons. C'était la formule qui n'avait rien de magique mais tout à fait logique, rappelée aux habitants pour remettre chacun à sa place. Et la capitale avait retrouvé en partie son charme. L'Avenue de l'Indépendance était libérée, mais les autres endroits de la capitale étaient liés à un bail emphytéotique informel aux marchands de rue.
D'autres efforts ont été consentis par la suite pour embellir la ville. Mais les péripéties politiques et les crises successives ont anéanti tous les acquis. Au contraire, la capitale est retombée dans ses errements et ses dérives populistes qui donnaient la part belle à l'indiscipline et à l'anarchie.
Faute de sous pour faire tourner l'administration de la ville, les trottoirs sont devenus des marchandises au point d'enlever aux belles de nuit leur lieu de travail. Plus rien n'est respecté. Le trottoir est tout sauf un espace piéton. Il est soit squatté par une voiture sans parking, soit investi par une échoppe ayant acquis un lopin de manière douteuse. Le maire suivant arrive avec de bonnes intentions pour restaurer l'ordre et rase toutes les constructions sur les trottoirs avec un bulldozer. Il ne pouvait pas aller au bout de ses intentions à cause d'une décision de justice qui donnait raison aux propriétaires des pavillons nouvellement bâtis.
Et le successeur du maire remet en selle et les marchands, et les manèges et l'occupation des trottoirs. Il était même question de transformer certaines artères en rue piétonne pour favoriser les marchands de rue. Un projet pour le moins incongru et irréfléchi, vu l'exiguïté et l'insuffisance des voies de communication dans la capitale. Objet de contestation, il n'a jamais été mis en exécution.
La reconstruction de la capitale ressemble ainsi aux douze travaux d'Hercule. Un nouveau maire sera bientôt élu. Certains prétendants annoncent déjà la couleur. Antananarivo a toujours été tiraillée par les enjeux politiques. Il lui faut un statut qui garantit la continuité des efforts de développement, sinon on continuera à faire du surplace.