Les vacances parlementaires annoncées par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, sont synonymes de nombreux développements. Les parlementaires devraient être de retour le 15 octobre après la séance de lundi. Cependant, il est fort probable que le Parlement soit dissous avant cette date pour éviter l'élection partielle dans la circonscription n°10, Montagne-Blanche- Grande-Rivière-Sud-Est, prévue le 9 octobre afin de remplacer Vikram Hurdoyal.
Si Pravind Jugnauth maintient cette partielle, le nouvel élu fera son entrée en tant que député le 15 octobre pour la cérémonie de prestation de serment, comme le stipule l'article 55 de la Constitution, et ne sera parlementaire que pendant 38 jours en raison de la dissolution automatique du Parlement qui prendra effet le 21 novembre. De plus, dans ce cas de figure, il ne participera qu'à six séances parlementaires, si elles ont toutes lieu un mardi.
D'aucuns sont persuadés que Pravind Jugnauth n'organisera pas cette partielle au coût de Rs 17 millions, financée par les contribuables, pour qu'un élu ne fasse que 38 jours de députation. Cependant, il pourrait profiter de ces vacances parlementaires pour finaliser une alliance avec le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) sans que Xavier-Luc Duval n'ait à traverser les travées pour rejoindre les rangs du gouvernement, comme il a toujours refusé de le faire jusqu'ici.
Il nous revient que Paul Bérenger et Navin Ramgoolam, les deux dirigeants de l'alliance Parti travailliste Mouvement militant mauricien Nouveaux démocrates, préparent leur réplique face à Xavier-Luc Duval, qui a déposé une motion de blâme contre le leader de l'opposition, Arvin Boolell, lundi. Ils pourraient tenir une conférence de presse cette semaine à ce propos. L'alliance prévoit également d'organiser une série de meetings à travers le pays au cours des prochains mois.
Par ailleurs, le geste du leader du PMSD et son comportement au Parlement, après avoir déposé cette motion, démontrent sans équivoque que les Bleus sont plus proches du Mouvement socialiste militant (MSM) que des autres partis de l'opposition. Cependant, Xavier-Luc Duval maintient que sa décision est motivée par l'influence que Paul Bérenger a sur Arvin Boolell. «Il nous a paru confus, embrouillé et totalement à côté de la plaque (NdlR, durant la PNQ). Il a droit à un salaire important, une belle voiture de fonction, trois gardes du corps, une secrétaire, un messager et de jolis bureaux, et Arvin Boolell doit absolument se ressaisir. Et c'est aussi son incapacité à résister aux demandes de Paul Bérenger, et sa participation à la manifestation illégale et honteuse dans l'enceinte même du Parlement le jour de l'élection du speaker Adrien Duval qui m'ont poussé à soumettre une motion de blâme historique contre le leader de l'opposition», s'est-il justifié.
De son côté, Paul Bérenger maintient que c'est plutôt la véritable intention de Xavier Luc Duval qui a été mise au jour. «C'est ridicule. Son masque est désormais tombé. Il montre son vrai visage», a-t-il déclaré. Le leader des Rouges, Navin Ramgoolam, n'a pas été en mesure de commenter ces développements hier. Alors qu'Arvin Boolell est d'avis que le leader du PMSD aurait dû avoir le courage de dire que l'alliance a été conclue avec le MSM. «L'élection d'Adrien Duval comme speaker est le fruit de cet accord électoral. Xavier Luc Duval affiche sa vraie couleur politique en déposant cette motion et par son comportement au Parlement. Il a dit que l'alliance de l'opposition ne doit pas remporter les élections. Donc, il veut que ce soit le MSM le vainqueur. Il n'aurait pas dû s'asseoir avec les députés de l'opposition. Je n'ai rien personnellement contre Adrien Duval, mais c'est plutôt la manière dont il a été placé sur ce siège que nous dénonçons», a rétorqué le leader de l'opposition.
D'ailleurs, un ancien ministre maintient que Xavier-Luc Duval savait pertinemment que sa motion de blâme contre Arvin Boolell ne serait pas débattue de sitôt. «Il a tout simplement voulu tirer sur Arvin Boolell comme l'aurait fait un membre du gouvernement. Sa motion n'est qu'une private member motion déposée par un simple membre. C'est pour cette raison qu'elle n'a pas été prise en urgence. Le bureau du speaker est en possession d'une liste de motions privées qui attendent d'être débattues.»
«Displeasure»
Nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi la motion d'Arvin Boolell contre Adrien Duval n'a pas été «seconded» par un autre membre de l'opposition pour qu'elle soit ensuite soumise au vote. Un ancien ministre nous explique que c'est souvent la pratique dans le système westminstérien. L'idée n'était pas de sanctionner le «speaker», mais plutôt de permettre aux élus d'exprimer leur «displeasure» afin que leurs opinions soient consignées dans le «Hansard».