Pour la deuxième fois depuis sa création, un magistrat est nommé directeur général du Bianco. Il s'agit de Gaby Nestor Razakamanantsoa, dont la nomination par le président de la République a été officialisée hier.
Il connaît la maison, un point sur lequel s'accordent différentes sources au sein du Système anti-corruption (SAC) concernant la nomination de Gaby Nestor Razakamanantsoa au poste de directeur général du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco).
La nomination du nouveau patron du Bianco par Andry Rajoelina, président de la République, a été officialisée par un communiqué de l'institution présidentielle hier. Pour la deuxième fois depuis sa création, le Bureau indépendant de lutte contre la corruption est confié à un magistrat. Gaby Nestor Razakamanantsoa succède ainsi à l'énarque et ancien officier supérieur de la gendarmerie nationale, Laza Andrianirina, directeur général sortant du Bureau sis à Ambohibao.
"Le directeur général est nommé pour un mandat de cinq ans non renouvelable par décret du président de la République parmi trois candidats proposés par la majorité simple des membres d'un Comité ad hoc de recrutement constitué à cet effet par le Comité pour la sauvegarde de l'intégrité (CSI)", prévoit la loi sur la lutte contre la corruption datant de 2016.
Perception
Comme indiqué en introduction, le nouveau patron du Bianco connaît le monde de la lutte contre la corruption. Magistrat de 1er grade, il a été directeur territorial du Bureau anti-corruption à Antsiranana et Toamasina. Depuis 2021, jusqu'à sa nomination à la direction générale, il a occupé le poste de directeur de l'investigation du Bureau d'Ambohibao. "Le fait qu'il connaisse bien la maison pourrait avoir été un argument de poids en sa faveur", explique une des sources contactées.
Au tour du magistrat donc d'être aux manettes de l'entité qui, aux yeux de l'opinion publique, est le bras armé de la lutte contre la corruption. Les agents du Bianco ont la qualité d'Officiers de police judiciaire (OPJ). Ils peuvent ainsi mener des enquêtes, procéder à des arrestations et conduire des interrogatoires.
"La lutte contre la corruption est un des engagements du président de la République Andry Rajoelina afin de rétablir la confiance de la population envers les instances publiques à tous les niveaux", est l'entrée en matière du communiqué de l'institution présidentielle annonçant la nomination du nouveau directeur général du Bianco. À son niveau, Gaby Nestor Razakamanantsoa devra ainsi contribuer à booster la lutte contre la corruption.
Les scores de Madagascar à l'Indice de perception de la corruption (IPC) stagnent entre 25 et 26 sur 100 depuis 2020. L'insuffisance du partage d'informations sur l'évolution des gros dossiers ou sur la réaction des autorités anti-corruption face à des délits présumés dénoncés publiquement, ou encore le constat que de hautes personnalités déclarées coupables ont pu fuir à l'étranger, mettent à mal la confiance du public envers la lutte contre la corruption.
Souvent, le Bianco, qui est la plus connue des entités au sein du SAC, est pointé du doigt et est considéré comme amorphe. La corruption est une des causes de la pauvreté du pays. Elle entache également l'image de Madagascar. Aussi, qu'importe la méthodologie, pour le citoyen lambda, le seul baromètre crédible d'une lutte sans merci contre la corruption est l'application effective de sanctions judiciaires, disciplinaires et pécuniaires sévères, impersonnelles et impartiales.