Congo-Kinshasa: Ni fragilisé, ni frustré, ni encore moins asphyxié - Revoici Félix Tshisekedi à Kinshasa !

Au terme d'un séjour médical fructueux à Bruxelles, en Belgique, le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a bel et bien regagné le pays hier, mercredi 7 août 2024, via l'aéroport international de N'djili, à Kinshasa. Sans tarder, il a repris du service. A la Cité de l'Union Africaine, il a présidé, en urgence, un Conseil des Ministres restreint autour des questions importantes relevant notamment, de la sécurité et du social des populations en RD. Congo. Devant la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka et une dizaine de Membres du Gouvernement, le Chef de l'Etat a donné des orientations essentielles pour des mesures devant apporter des solutions efficaces. Mais, peu avant cette réunion, le Président Tshisekedi avait assisté, à l'hôpital du Cinquantenaire, à la cérémonie d'hommages à Marcello Tshilombo, un patriarche de la Communauté décédé, tout récemment, à l'âge de 82 ans.

Félix Tshisekedi très rassurant à Bruxelles

Le Président de la République est revenu au pays au lendemain d'une interview accordée à Christian Lusakweno et Baudouin Amba Wetshi. Lors cet entretien, il a livré des assurances fermes. D'abord, sur les raisons de son voyage médical en Belgique. Ensuite, sur son retour au front, c'est-à-dire, à Kinshasa, pour poursuivre son combat pour l'amélioration des conditions de vie des congolais.

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Enfin, sur ses perspectives dans un contexte des défis multiples à résoudre. A l'occasion, il a eu la possibilité de réitérer sa détermination et son engagement à mener jusqu'au bout la bataille de l'amélioration de la restauration de la paix dans l'Est du pays, de l'instauration effective de la bonne gouvernance en RD. Congo.

Une lueur d'espoir

«Je vais très bien. J'ai tout simplement accepté une prise en charge de premier médecin de 2022 que j'avais invité à Kinshasa. Je ne voulais pas bouger de Kinshasa même s'il devrait avoir une intervention chirurgicale. En le faisant venir, il a apprécié évidemment les matériels que nous avons à l'hôpital du camp Tshatshi. Mais, il a préféré, pour être sûr, que je vienne ici moi-même qu'il examine cela.

Ce qui est fait. Dans le timing qu'il fallait, j'ai attendu de présider le dernier Conseil des Ministres du vendredi d'avant celui du 2 août dernier. Après, j'ai pris l'avion. Les examens se sont très bien passés. Je devais observer un petit moment de convalescence pour retourner. Là, je suis en forme et prêt à revenir aux affaires.

Je suis d'attaque à nouveau. Je suis prêt à rentrer le plus tôt possible », a témoigne Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Président de la République qui, par ailleurs, a répondu à plusieurs autres préoccupations soulevées par Christian Lusakweno et Baudouin Amba Wetshi. Il est notamment revenu sur la configuration et les missions de l'actuel Gouvernement de la République, placé, pour la première fois de l'histoire, sous la conduite d'une femme, et non pas la moindre, en la personne de la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka.

"Le Gouvernement Suminwa ne vient vraiment que de prendre les choses en mains. Qu'ils continuent à nous faire confiance, ils m'ont fait confiance le 20 décembre 2023, je respecterai mes six engagements... Notre Chef d'équipe, c'est Madame Suminwa, je ne vais pas lui mettre la pression. Elle est suffisamment outillée pour évaluer le travail de ses Ministres et de m'en faire rapport.

Moi-même, d'ailleurs, je préside tous les vendredis lorsque je suis au pays, les réunions du Conseil des Ministres. J'ai un Cabinet qui est très actif. J'estime la première évaluation au début de l'année prochaine. Donc, il faut peut-être s'attendre à un réaménagement gouvernemental au début de l'année prochaine», a-t-il assuré, de ce point de vue-là.

Des défis importants à relever

Le Président Félix Tshisekedi a appelé, vivement, durant cette sortie médiatique, tous les congolais à la mobilisation derrière sa vision pour un Congo uni, fort et prospère. Il a démontré, un peu plus loin, sa volonté de gagner le pari du nouveau narratif en RD. Congo au terme de ses mandats, en 2028. « La politique n'a jamais été statique. La conjoncture aussi d'ailleurs. Tout bouge, tout est dynamique. La vie d'un Etat n'a jamais été un long fleuve tranquille.

Surtout nous qui sommes exposés à d'autres problèmes comme l'insécurité à l'Est. Cela ne peut pas être facile. Le mieux à faire pour moi, c'est d'accepter d'affronter ces défis. J'ose croire qu'on va y arriver. Il y a de la stratégie derrière. Ceux qui disent que j'ai oublié le peuple d'abord se trompent complètement parce je dors, je me réveille en pensant au peuple congolais. J'espère qu'en 2028, lorsque nous ferons le bilan, ceux qui disent que je me suis éloigné de Tshisekedi Etienne, auront le courage de revenir sur leurs propos parce que c'est ce qui se passera », a-t-il rassuré.

Modification de la Constitution à l'ordre du jour ?

Lors de ce même entretien, Félix Tshisekedi a levé l'équivoque sur la polémique autour de la révision ou non de la Constitution de la République.

« Je suis toujours conduit par un seul leitmotiv, c'est le salut du peuple, c'est pour moi la Loi suprême. Lorsque j'évoque des modifications que j'estime utiles pour la bonne marche de la Nation, je me préoccupe très peu de la polémique. Je n'ai jamais dit que je vais changer la Constitution pour ajouter le nombre de mandats présidentiels. Ce sont des dispositions inamovibles. Pour les changer, il faut retourner auprès du peuple, souverain primaire », a-t-il rappelé.

Modification pour des ajustements importants

Ce n'est pas fini. Il a complété son intervention par indiquer ses motivations dans une telle démarche, en cas de nécessité. « Autre chose qui me motivait à vouloir la modification de la Constitution, c'est la désignation des Gouverneurs. Je trouve que la désignation du Gouverneur, aujourd'hui, fragilise nos provinces. Il faudrait, à mon avis, que les Gouverneurs, de grands commis de l'Etat, soient désignés directement par le Gouvernement en place.

Les sanctions, on peut imaginer comment les prendre. Mais, lorsqu'on laisse à la vindicte des parlementaires provinciaux la gestion des Gouverneurs, c'est compliqué. Je crois qu'on a un problème de culture politique au Congo. Nous ne devons pas aussi aller vite... Nous avons encore besoin d'apprendre et on doit y aller étape par étape. La réforme sur cet éclatement de l'Administration a été très mal faite à mon avis.

Il faut revoir. Voilà pourquoi, j'ai dit qu'il faut réunir une grande commission nationale de plusieurs experts, une commission multidisciplinaire qui ferait qu'on prendrait en compte tous les vrais problèmes de la Nation par des nationaux pour avoir une Constitution adaptée à nos vrais problèmes, pas celle venue des laboratoires étrangers. Vous pouvez recourir à l'expérience étrangère, mais en fonction des expériences vécues au pays. Aujourd'hui, je suis désolé, mais notre pays s'éclate de plus en plus à cause de ces élections provinciales et autres, qui radicalisent le tribalisme, le clanisme.

Aujourd'hui, vous allez par exemple dans le Grand Katanga, vous trouvez quelqu'un qui a vécu à Lubumbashi. Mais, comme il est originaire du Lualaba, on lui conteste le fait de pouvoir aspirer à quoi que ce soit à Lubumbashi au motif qu'il y a eu coupage et que sa place est au Lualaba. Qu'est-ce que cela veut dire ? On doit faire attention. Je vais bien démembrer les choses, je veux bien rapprocher l'administration des administrations. Mais, attention, je tiens à l'unité de la Nation. J'en suis Garant.

Pas de négociations avec Kigali

«Ecoutez-moi bien, jamais, au grand jamais, tant que je serai Président de la République démocratique du Congo, je n'aurai en face de moi la délégation du M23 ou de l'AFC pour négocier. Ce que je dis, c'est que je veux parler avec le Rwanda pour demander à Monsieur Kagame, criminel de son Etat, ce qu'il a à voir contre mon peuple. La République démocratique du Congo, à l'époque République du Zaïre, avait sauvé le Rwanda d'une plus grande catastrophe qui aurait été sévère si nous n'avions pas ouvert nos frontières.

Malheureusement, il y a eu une certaine cécité internationale qui a permis que parmi les fugitifs, il y ait des criminels génocidaires et qu'ils soient rentrés sur notre sol avec leurs armes. On ne les a pas désarmés. Aujourd'hui, l'enfer est parti du Rwanda et est arrivé chez nous. Et, on nous abandonne à notre sort. Evidemment, le régime criminel de Kigali en profite parce qu'il découvre que c'est une région très riche en minerais et en produits de tous genres. Il veut en faire son espace. Pour ça, nous disons jamais.

Il n'y a rien à négocier. C'est chez nous. Ce qu'ils ont à faire, c'est une seule chose : plier bagages. Si je vais parler avec le Rwanda, c'est pour ça. Pas pour donner quelque chose, mais pour nous laisser tranquille. Si vous pensez qu'il y a encore quelque chose chez nous, on va le régler et c'est terminé. Nous sommes aujourd'hui à Luanda pour parler de ces histoires-là. Cessez-le-feu et comment régler les problèmes des FDLR.

C'est tout. Ce n'est pas de négociations pour arriver au mixage. Niet ! Ils peuvent arrêter de rêver. C'est parce qu'ils le savent qu'ils ravivent encore le M23, coquille vide, dans un territoire qui est d'ailleurs sous leur contrôle. C'est de la propagande en fait... Nous, nous sommes inscrits dans le Processus de Luanda. Des pourparlers vont commencer pour se pencher sur le plan de cessez-le-feu et de retrait ainsi que le plan d'anéantissement des FDLR... », a assuré le Commandant suprême, Félix Tshisekedi.

Usage abusif des réseaux sociaux en RDC

Il a parlé également de la Justice, ce secteur qui attend encore des mesures courageuses pour sa guérison. Il a évoqué les dossiers liés aux détournements de deniers publics qui font parfois l'objet de la manipulation sur les réseaux sociaux. Allusion faite à l'affaire "forages et lampadaires".

« Le travail de la Justice consiste à faire des enquêtes. Je crois qu'il faut faire très attention. Ne tombons pas dans l'invective. C'est ce que je déplore avec ces fameux réseaux sociaux parce qu'on peut vous défaire l'honneur et la dignité. Je tiens beaucoup à ces choses-là. Vous ne me verrez jamais humilier quelqu'un parce que c'est mon pire ennemi. J'ai toujours un brin de respect pour la personne humaine. Or, les réseaux sociaux, ce n'est plus cela...

Laissez à la Justice le soin de faire son travail. On va ouvrir les placards et on va sortir des cadavres de placards pour montrer que ce pays a été trahi, pillé et volé plus jamais avant moi. Aujourd'hui, au moins, nous avons des gens qui dénoncent. C'est déjà ça. Cela veut dire que la corruption avait vraiment été une seconde nature dans ce pays. Ne vous en faites pas. Réjouissez-vous quand vous entendez ces choses-là... Il faut laisser la Justice sereine. Vous savez qu'elle est déjà malade, nous sommes en train de travailler là-dessus », a-t-il enchainé, sereinement, devant la caméra, pendant la même interview.

Possible rapprochement avec l'Opposition ?

Avant de chuter, le Président Tshisekedi a exprimé son intention de vouloir, au nom de l'intérêt général, tendre la main aux opposants qui, malheureusement, manifestent un désintéressement patent. Il a reconnu que Muzito, l'ancien Premier Ministre, reste cet homme qui sort du lot et met ses intérêts personnels de côté pour encourager, en toute objectivité, des progrès que réalise le pouvoir en place pour le bonheur des congolais. Il a encensé également le Docteur Mukwege.

«Dernièrement, j'ai reçu les Evêques de la Cenco le jour où ils ont élu leur nouveau Président. Dans nos discussions, il y a eu une demande allant dans ce sens. Ma réponse était claire. J'ai dit :"Messeigneurs, je suis à votre disposition. Je ne demande que ça. Mais, dites-moi comment vais-je m'y prendre. J'ai pris l'exemple de trois opposants. J'ai commencé par Martin Fayulu. Il n'a jamais reconnu les résultats de dernières élections. Comment est-ce qu'il acceptera ma main tendue ? Moïse Katumbi était prêt à faire la même chose. Grâce à la pression des siens, il a accepté qu'il rentre dans les institutions. Josephe Kabila, n'en parlons pas.

Il a carrément boycotté les élections et prépare une insurrection parce que l'AFC, c'est lui." Mais, j'ai dit qu'il y a d'autres qui sont plus conviviaux. Je rends ici hommage à quelqu'un comme Adolphe Muzito et le Docteur Mukwege qui, malgré leur position d'opposants, ils font quand-même des commentaires. Quand quelque chose va, ils applaudissent, ils sont contents. Le Docteur Mukwege avait reçu une délégation du Fonarev, promettant de s'impliquer dans le combat du Fonarev qui n'a rien à voir avec la politique. Ce sont nos victimes que nous voulons aider. Ce sont ces monstruosités qu'on ne voudrait plus revoir dans notre pays...

Monsieur Muzito, hommage à lui, lorsque nous avons terminé la sixième revue avec le FMI, il m'a envoyé un message de félicitations, mais il n'est pas au Gouvernement, il n'a pas de privilèges. Il reste objectif. C'est un vrai homme d'Etat. C'est ce que nous devons voir dans notre pays », a salué, haut et fort, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Président de la République, lors de cette interview exclusive ayant marqué la fin, en Belgique, de son séjour médical.

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