Le Waqf, un levier de la finance sociale islamique, se développe de plus en plus au Sénégal. En 2018, la valeur économique des donations est estimée à plus de 12 milliards de francs CFA.
Une progression bien soutenue par la Loi 2015-11 du 6 mai 2015 relative au Waqf. Toutefois, « la rigueur dans la gestion des Waqf doit être de mise pour rassurer les donateurs et convaincre les constituants », conseille un spécialiste du Waqf.
La finance sociale islamique, qui est une donation par laquelle une personne immobilise un bien afin que les revenus de son exploitation soient dépensés dans des oeuvres de charité, se développe de plus en plus au Sénégal. Pour s'en convaincre, « la valeur estimative totale des Waqf répertoriés en 2018 est estimée à plus de 12 milliards 700 millions de francs CFA pour un total de 399 Waqf », a révélé hier, mercredi 7 août 2024, le directeur général de la haute autorité du Waqf du Sénégal, Racine Ba, lors d'une session de formation sur le Waqf à l'intention du Collectif des journalistes économiques du Sénégal. Quant aux Waqf publics, ils représentent près de 85 % de la valeur estimative totale, expliquera-t-il.
À noter qu'il y a plusieurs catégories de Waqf, au nombre desquelles des Waqf privés dont des Waqf de famille, mais également des Waqf d'intérêt public. Et à côté, vous avez les Waqf publics qui sont des Waqf faits par l'État du Sénégal à travers la Haute Autorité du Waqf. Pour les Waqf privés, ce sont des initiatives privées, des ressources privées qui mettent en place des Waqf qui sont des oeuvres caritatives, qui sont des actions philanthropiques. Ce sont leurs ressources propres qui permettent de mettre en place ces WAQF-là. Et lorsque c'est formalisé, bien entendu, auprès d'un notaire, c'est beaucoup plus clair et la Haute Autorité du Waqf a une action de contrôle et de supervision là-dessus.
S'agissant des waqf publics, la Haute Autorité du Waqf dans sa stratégie de développement des Waqf publics s'est inscrite dans une démarche visant trois secteurs principalement, à savoir le secteur immobilier, pour lequel un premier projet est en cours de mise en oeuvre où il s'agit de construire un immeuble de 16 étages qui sera entièrement mis en location et dont les revenus générés seront exclusivement dédiés au processus de modernisation des Daraas au Sénégal.
Le deuxième élément, c'est le secteur agricole. Sur ce volet, des initiatives ont été entreprises, il y a quelques années au nord du Sénégal avec des périmètres agricoles. Le troisième élément est relatif au secteur financier, qui est un mécanisme que la Haute autorité du Waqf a retenu pour démocratiser le Waqf.
Le défi de la transparence du WAQF
Abordant la question de la gestion du Waqf, l'expert-comptable et consultant spécialisé du Waqf Mamadou Fall est d'avis que la question de la transparence représente l'un des défis de la gestion du Waqf. « Quand je parle de transparence, c'est pour évoquer son importance, car si ceux qui veulent constituer un Waqf doutent de la transparence de la Haute autorité du Waqf (HAW) ou de ses dirigeants, cela peut créer un blocage à leur niveau », a-t-il souligné.
Pour rassurer ceux qui veulent s'adonner à la création d'un Waqf et inciter d'autres, l'expert-comptable préconise l'intégrité et le respect des procédures et d'autres lois et règlements qui entourent la constitution de ce modèle d'investissement inspiré de l'Islam.
À l'en croire, des outils comme l'audit, qui est très important en matière de transparence, permettent de faire un examen approfondi dans le sens de voir si les lois et règlements, le manuel de procédure, etc. sont respectés, si les gestionnaires des Waqf respectent les voeux du constituant, c'est-à-dire celui qui veut procéder à un Waqf.
Selon lui, « tout cela participe du contrôle interne qu'il faut impérativement respecter et qui a une incidence sur la fiabilité du Waqf ».