Congo-Kinshasa: Condamnations de Corneille Nangaa et compagnie - Quelles conséquences sur la crise sécuritaire dans l'est ?

Les prévenus présents au procès contre Corneille Nangaa et consorts devant la barre à la Cour militaire de Kinshasa-Gombe en audience foraine le 24 juillet 2024 à la prison militaire de Ndolo.
analyse

Ouvert le 24 juillet dernier, le procès des 26 prévenus poursuivis pour « crimes de guerre », « participation à un mouvement insurrectionnel » ou « trahison », a connu son épilogue, hier, 8 août 2024.

Reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés, tous ont été condamnées à mort par la Cour militaire de Kinshasa Gombé. Parmi les personnes condamnées, se compte une personnalité bien connue qu'est l'ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, par ailleurs Coordonnateur de l'Alliance fleuve Congo (AFC), du nom de ce mouvement politico-militaire lancé en décembre 2023 depuis Nairobi au Kenya.

En cavale, il a été jugé par contumace, tout comme le président, le chef militaire et le porte-parole du M23, qui ont aussi écopé de la peine capitale. Dès lors, les questions que l'on ne peut s'empêcher de se poser sont les suivantes : quelles conséquences ces lourdes condamnations peuvent-elles avoir sur la situation sécuritaire alarmante qui prévaut dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) ? Ne vont-elles pas contribuer à braquer le M23 qui, on le sait, a pris le contrôle de plusieurs localités et menace de descendre sur Goma, la capitale de la région orientale du pays ?

Les querelles de clocher auxquelles se livrent les Congolais, ne pourront que profiter à l'ennemi

On croise les doigts surtout quand on connaît la capacité de nuisance de ce mouvement rebelle qui donne du fil à retordre aux Forces armées congolaises (FARDC) contraintes parfois d'abandonner leurs positions. C'est dire si ce procès auquel tenait tant le président Félix Tshisékédi, telle à la prunelle de ses yeux, qui a abouti à de lourdes condamnations, pourrait contribuer à aggraver le sort des populations de l'Est de la RDC, qui souffrent déjà le martyre.

On a des raisons d'être inquiet quand on sait que plutôt qu'un front uni contre le Rwanda qui, dit-on, soutient le M23, les Congolais, eux-mêmes, semblent divisés. En témoignent les récentes accusations que le président Tshisékédi a portées sur son prédécesseur, Joseph Kabila, qu'il dit être de mèche avec le M23 et l'AFC présentés comme étant à l'origine des malheurs de la RDC.

Du reste, qui sait si, à l'allure où vont les choses, l'ex-président Kabila ne sera pas, dans les jours ou mois à venir, arrêté, jugé et condamné comme ses « complices » ? On attend de voir. Toujours est-il que les querelles de clocher auxquelles se livrent les Congolais, ne pourront que profiter à l'ennemi de l'extérieur qui n'en demande pas plus. Mais à qui la faute si le président Tshisékédi qui devrait travailler à rassembler ses compatriotes face à la situation que vit la RDC, contribue, lui-même, à exacerber les clivages et les tensions à travers ses sorties fracassantes ?

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