Dans la ville de Baidoa, dans le sud-ouest de la Somalie, la guerre civile, le manque de moyens et l'effondrement du système de santé ont de graves conséquences sur la santé des femmes et des enfants.
Les femmes enceintes ont de plus en plus de difficultés à accéder aux soins, entraînant des retards dans leur prise en charge et des décès qui auraient pu être évités. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) interviennent sur sept sites différents à proximité des camps de déplacés et soutiennent l'hôpital régional pour améliorer la santé maternelle et infantile.
"Il y a sept mois, ma femme a donné naissance à des jumeaux. Elle a eu des saignements excessifs pendant l'accouchement, mais je n'avais pas d'argent pour l'emmener à l'hôpital. Notre village n'a pas de centre de santé gratuit, alors que je m'occupais d'elle à la maison, mais nos deux garçons sont également tombés malades. J'ai dû emprunter environ 130 dollars et parcourir 300 kilomètres pour obtenir des soins gratuits", explique Kalimow Mohamed Nur, un père dont les jumeaux sont soignés à l'hôpital Bay Regional soutenu par Médecins Sans Frontières (MSF) à Baidoa.
L'insécurité tout au long du chemin
La femme de Kalimow a survécu à l'hémorragie et leurs fils ont été soignés, mais des centaines de femmes et d'enfants n'ont pas cette chance. Dans cet État du sud-ouest de la Somalie, les habitants sont confrontés à d'importants problèmes sanitaires et humanitaires en raison d'un conflit prolongé, d'une instabilité chronique et de chocs climatiques entraînant de graves sécheresses et des inondations soudaines.
La détérioration du système de santé et la diminution des services de base ne fait qu'aggraver la situation, rendant les femmes et les enfants encore plus vulnérables. La plupart d'entre eux doit payer de grosses sommes d'argent pour parcourir plusieurs centaines de kilomètres et atteindre les centres médicaux fonctionnels. Mais l'insécurité tout au long du chemin entrave leur accès et provoque des retards critiques qui aggravent les conditions de santé et parfois même, entraînent la mort.
La Somalie a l'un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, avec 621 décès pour 100 000 naissances vivantes, et l'un des taux de mortalité infantile les plus élevés, avec environ 137 décès pour 1 000 naissances vivantes. Les principales causes de décès chez les femmes enceintes sont les complications liées à la pression artérielle, les hémorragies et les septicémies ; des pathologies qui peuvent devenir mortelles si elles ne sont pas traitées à temps.
Par ailleurs, dans de nombreuses familles, ce sont les hommes qui prennent les décisions en matière de soins de santé. Leur consentement est essentiel pour mener à bien une procédure médicale. Ce délais dans la prise de décision peut également conduire à des arrivées tardives dans les établissements médicaux.
Une attention immédiate nécessaire
"Les décès maternels et néonatals peuvent être évités en permettant aux femmes enceintes d'accéder à des soins prénatals plus proches de leur domicile, en réduisant les références tardives pour les cas compliqués et en augmentant le nombre de femmes qui accouchent dans un centre de santé grâce à une meilleure sensibilisation aux services disponibles.
Dans le même temps, la couverture vaccinale ainsi que le dépistage et le soutien nutritionnels doivent être étendus, explique déclare le chef de programme de MSF en Somalie, le Dr Pitchou K. L'état actuel de la santé maternelle et infantile dans la région de Bay nécessite une attention immédiate. MSF appelle les autorités nationales et les organisations internationales à investir davantage dans le renforcement du système de santé."
Depuis 2018, MSF soutient l'hôpital régional de Bay à Baidoa, en fournissant une gamme de services médicaux pour améliorer la santé maternelle et infantile et répondre aux épidémies. MSF fournit des soins obstétricaux et néonataux d'urgence complets, garantissant des naissances sûres et offrant des soins hospitaliers et ambulatoires aux femmes enceintes et à leurs nouveau-nés. Les équipes assistent environ 200 accouchements par mois. De plus, les équipes interviennent sur sept sites différents à proximité des camps de déplacés.