Le Premier ministre va présenter ce jour à l'Assemblée nationale le programme de mise en oeuvre de la Politique générale de l'État. La manière avec laquelle l'exécutif compte faire face aux nombreux problèmes socio-économiques sera particulièrement scrutée.
Jour J. La session extraordinaire du Parlement démarre ce jour. Une session impromptue dont l'ordre du jour sera consacré à la présentation par Christian Ntsay, Premier ministre, du programme de mise en oeuvre de la Politique générale de l'État (PGE).
"Dans les trente jours de sa nomination, le Premier ministre présente son programme de mise en oeuvre de la Politique générale de l'État au Parlement qui peut émettre des suggestions", dispose l'alinéa premier de l'article 99 de la Constitution. Le document qui sera lu par le locataire de Mahazoarivo, successivement devant l'Assemblée nationale et le Sénat, sera axé autour des trois piliers sur lesquels Andry Rajoelina, président de la République, table son second mandat.
Les actions du gouvernement pour la concrétisation du renforcement du capital humain, la transformation économique par l'industrialisation et la bonne gouvernance devraient ainsi prendre la part belle du discours-programme du chef de l'État. Seulement, le Premier ministre sera surtout attendu sur les problèmes socio-économiques. Des maux qui pèsent sur le quotidien de la population et sur lesquels elle s'impatiente de connaître les solutions avancées par le gouvernement et de voir la concrétisation.
Le premier problème est celui de l'approvisionnement en électricité. Le délestage et les "pannes techniques", à cause de multiples raisons, font un enfer à l'ensemble de la population. À Antananarivo, la dose quotidienne de coupure est de trois à quatre heures, selon les secteurs. Dans d'autres grandes villes, comme à Toliara, le délestage peut aller jusqu'à six à huit heures par jour. Qu'importe l'endroit où l'on se trouve sur le territoire, il faut compter avec les coupures d'électricité. Les vacanciers, à Mahajanga, en font l'amer constat.
La seule ville qui échappe à l'enfer du délestage est Tolagnaro. La capitale de la région Anosy bénéficie de l'approvisionnement en électricité fourni par les centrales thermiques et solaires de Rio Tinto QMM. Aux coupures de courant s'ajoute la pénurie d'eau. Ici encore, même la capitale n'est pas épargnée. En conséquence, le bidon d'eau s'achète au prix fort. Même en vacances, comme à Mahajanga, une fois encore, la corvée d'eau reste un incontournable.
Priorités
Dans la liste des problèmes socio-économiques, il y a aussi l'insécurité. Les Dahalo et les kidnappeurs qui donnent du fil à retordre aux Forces de défense et de sécurité (FDS) dans le district d'Anjozorobe en sont un exemple. Plus récemment, les découvertes macabres de corps décapités dans la région Amoron'i Mania. Sans compter le trafic de drogues dures qui prend de plus en plus d'ampleur.
L'état calamiteux des Routes nationales est un autre dossier brûlant sur lequel la réaction du gouvernement est attendue. Il s'agit là aussi d'un sujet à fort enjeu. Il faut compter entre huit à dix heures pour un 4x4 pour boucler les quelque 370 kilomètres entre Antananarivo et Toamasina, et le double pour les camions de transport de marchandises. Cela implique une charge financière conséquente sur les transports de marchandises venant du principal port du pays. Des charges qui se répercutent directement sur les prix sur le marché.
Le retard d'approvisionnement en carburant des centrales thermiques, en raison du mauvais état des routes, est justement un des arguments récurrents de la Jirama pour expliquer les délestages interminables. Les actions du gouvernement pour inverser la courbe ascendante de l'inflation sont également attendues dans le discours du Premier ministre. Le coût de la vie se fait douloureusement ressentir en cette période d'avant la rentrée des classes où les ménages s'attellent à l'achat des fournitures scolaires.
Il y a, par ailleurs, la hantise face à la perspective d'une hausse du prix des carburants et de la facture de la Jirama. D'aucuns attendent du discours-programme du chef du gouvernement qu'il explique en détail les réformes qui doivent accompagner l'octroi par le Fonds monétaire international de la Facilité élargie de crédit (FEC) et de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Des explications surtout sur les conséquences économiques qu'auront ces réformes sur le quotidien des ménages.
Le discours-programme de Christian Ntsay devant le Parlement donnera le ton de la conduite des affaires étatiques durant ce second quinquennat du président de la République. Le locataire de Mahazoarivo s'appliquera à expliquer les actions que le gouvernement compte déployer pour concrétiser la PGE. Seulement, vu la conjoncture, les mesures que l'Exécutif compte prendre pour solutionner les problèmes socio-économiques du moment seront particulièrement scrutées. Des problématiques qui se hissent même au rang des priorités pour l'opinion publique.