Afrique: Issa Hayatou, une personnalité phare du football africain

Dakar — Le Camerounais Issa Hayatou, décédé ce jeudi à Paris, à l'âge de 77 ans, était un grand sportif dans l'âme durant sa jeunesse, une personnalité phare qui a régné longtemps à la tête de la Confédération africaine de football (CAF).

Né le 9 août 1946 à Garoua dans le nord du Cameroun, Issa Hayatou était un grand sportif dans l'âme. Durant sa jeunesse, il a pratiqué l'athlétisme dans son pays. Entre 1964 et 1971, Il a décroché le titre de champion du Cameroun au 400 et 800 mètres.

Son talent prometteur lui permet d'être sélectionné dans l'équipe nationale d'athlétisme pour participer aux Jeux africains de 1965 à Brazzaville. Hayatou a aussi évolué dans l'équipe nationale de basket de son pays. Il a pratiqué le football à l'université.

Professeur d'éducation physique et sportive, il a obtenu le Certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive (CAPEPS) à l'Université de Yaoundé en 1973.

A l'âge de 28 ans, il devient le Secrétaire général de la Fédération camerounaise de football, poste qu'il occupera pendant neuf ans de 1974 à 1983.

Issa Hayatou gravit les échelons et devient directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports du Cameroun et vice-président, entre 1982 et 1986.

Porte bonheur du football africain

En 1986, Issa Hayatou devient membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football. Suite au décès de l'Ethiopien Ydnekatchew Tessema, il occupe en août 1987 la présidence de la CAF et en devient son cinquième président. En 1988, il est élu président de la Fédération camerounaise de football jusqu'en 2017.

Son ascension dans le milieu du sport ne cesse de progresser. En 1990, il devient membre du comité exécutif de la Fédération internationale de football association (FIFA). Deux ans plus tard, il occupe le poste de vice-président de la FIFA.

A la tête de CAF, il occupera ces responsabilités durant 20 ans. Sous son magistère, il donne un grand pouce au football africain qui connaît une avancée notable. Grâce à lui, désormais, le contient aura cinq représentants au lieu de deux à la Coupe du monde de football.

Issa Hayatou aura ainsi contribué à donner une aura au football africain qui s'illustre au niveau mondial. C'est aussi sous son autorité que la Coupe d'Afrique des nations de football passera de huit à douze équipes en 1992 au Sénégal puis à 16 en 1996 en Afrique du Sud.

Hayatou a aussi favorisé le développement des compétitions interclubs de la CAF : la Ligue des champions depuis 1997, la Coupe de la confédération, et la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe. Le football féminin et le beach soccer africain ont connu une ère nouvelle sous sa direction.

En 2002, il va tenter de briguer la présidence de la FIFA, mais est battu par le président sortant, le Suisse Sepp Blatter.

En mars 2017, il se présente pour un huitième mandat à la tête de l'instance dirigeante du football africain, mais est battu par le Malgache Ahmad Ahmad.

La fusillade de Cabinda et les soupçons de corruption

En janvier 2010, lors de la CAN tenue en Angola, Issa Hayatou s'oppose à un report des matchs de l'équipe togolaise victime d'une fusillade à la frontière entre l'Angola et la République démocratique, dans la province de Cabinda ayant causé la mort de deux personnes à la veille de la compétition.

Les coéquipiers d'Emmanuel Adébayor quitteront la CAN. Ils seront suspendus pendant quatre ans par la CAF.

Souvent, Hayatou a été cité dans des affaires de corruption, sans pour autant être inquiété par la justice.

En octobre 2015, Sepp Blatter suspendu pour des soupçons de corruption et épinglé pour "gestion déloyale" par la justice suisse, Hayatou devient le président intérimaire de la FIFA. Quelque mois après, Gianni Infantino est élu président de la FIFA, lors d'un congrès extraordinaire.

Condamné à une amende "d'environ 24,5 millions d'euros pour avoir signé en 2016 un contrat sur les droits médias/marketings du foot africain avec la société française Lagardère Sports", le Camerounais "ne rendra jamais compte de cette condamnation".

L'ancien passionné des pistes décède en pleine compétition des Jeux olympiques de Paris 2024, à 24h de son 78e anniversaire.

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