Yann Vezo Davidson : « Nous n'avons pas les mêmes appuis du gouvernement ou des fédérations pour nous permettre de bien nous préparer et réussir à nous qualifier. »
Il est le seul Africain parmi les 30 arbitres retenus par la FIBA pour le tournoi de basket des JO de Paris 2024. Comme les athlètes sur les parquets, les tatamis et les pistes, l'Afrique est également sous-représentée parmi les arbitres et les officiels techniques. Yann Vezo Davidson déplore le manque de soutien du gouvernement et des fédérations pour permettre aux représentants africains de bien se préparer et de se qualifier. Entretien.
MIDI Madagasikara (MM.) : Vous êtes le seul Africain retenu pour arbitrer aux JO. Que représente cela pour vous ?
Yann Vezo (Y.V) : « Être le seul Africain est à la fois un privilège et une lourde responsabilité. Je dois représenter au mieux tous mes collègues d'Afrique. »
MM. : Vous avez gravi tous les échelons pour devenir arbitre international. Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?
Y.V : « J'ai gravi les échelons en France et j'ai eu l'opportunité de passer l'examen d'arbitre international pour Madagascar en 2014, au moment où il n'y avait plus d'arbitres internationaux revalidés. J'ai arbitré plusieurs tournois internationaux comme l'Afrobasket U18 féminin en 2016 en Égypte, l'Afrocan en 2019 au Mali, la Coupe du monde U19 féminin en 2021 en Hongrie, la Basketball Africa League saison 2 en 2022 en Égypte et au Rwanda, le tournoi de qualification olympique féminin en Belgique en 2024, la Coupe du monde U17 masculin en 2024 en Turquie, et la NBA Summer League 2024 aux États-Unis. Et voilà, je suis aux Jeux Olympiques de Paris 2024. »
MM. : Quelles sont les étapes que vous avez suivies pour être sélectionné comme arbitre pour les JO ?
Y.V : « J'ai officié plusieurs compétitions internationales avec plusieurs semaines de préparation pour les tournois d'été, dont les JO. Nous étions 40 arbitres présélectionnés au début, dont trois autres Africains. À la fin du processus de sélection, je suis le seul Africain retenu après un très bon tournoi au championnat du monde U17 masculin. Au Mexique, j'ai eu la chance d'arbitrer la petite finale entre la Turquie et la Nouvelle-Zélande. »
MM. : L'Afrique est sous-représentée, tant chez les sportifs que chez les arbitres. Comment expliquez-vous cette situation ?
Y.V : « Nous sommes sous-représentés en raison de la performance. Aujourd'hui, nous n'avons pas les mêmes appuis du gouvernement ou des fédérations pour nous permettre de bien nous préparer et de nous qualifier. Il y a aussi un manque d'infrastructures et la notion de « give-back » est beaucoup trop rare. Des initiatives comme celles de Luol Deng avec le Soudan du Sud ou de Rena Wakama avec le Nigeria sont encore trop peu fréquentes. Il est crucial que les expatriés en fin de carrière investissent réellement pour apporter leur savoir-faire localement. »
MM. : Aux JO, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
Y.V : « J'ai pu arbitrer quatre matchs jusqu'à présent. Ce qui m'a le plus marqué, c'est que nous sommes 30 excellents arbitres réunis pour une même compétition, avec un niveau global très élevé. »