Sénégal: El hadji Magatte Seye, ambassadeur du pays en France, Monaco et Andorre - «Réussir les JOJ, c'est réussir d'abord l'organisation»

interview

El Hadji Maguette Seye sonne l'alerte. L'ambassadeur du Sénégal en France, Monaco et Andorre, qui a vécu en amont et aval les Jeux olympiques Paris2024, avertit les Sénégalais sur l'importance des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) que notre pays va abriter du 31 octobre au 13 novembre 2026. A cet effet, le diplomate appelle à un changement de comportement. Parce que selon lui, ce sont 206 pays qui seront au Sénégal avec presque 500 millions de téléspectateurs. Ce qui lui fait dire que le premier défi, c'est d'abord de l'organisation.

Vous avez accueilli la délégation sénégalaise. Qu'est-ce qu'on peut retenir de cette organisation et puis de la participation des sénégalaise aux JO Paris2024 ?

Je dois d'abord me réjouir de la participation de nos athlètes, les féliciter, les encourager. On a eu une finaliste, deux demi-finalistes et une quart de finaliste. Je pense que globalement, c'est une participation satisfaisante. On aurait aimé bien sûr avoir une médaille et je pense une réelle chance de médaille d'ailleurs.

C'est le lieu de dire qu'il faut davantage qu'on prépare nos athlètes, qu'on les encadre et les soutienne davantage. Le Sénégal, depuis 1988, n'a pas eu de médaille olympique. Je pense que l'édition de Los Angeles (2028) sera la bonne pour qu'on puisse enfin décrocher une deuxième médaille olympique pour le Sénégal.

Globalement, on est satisfaits de la participation de la délégation, vous la presse sportive, les athlètes, l'encadrement. Les instructions et les orientations données par nos autorités ont été suivies. Nous avons eu une participation qui a permis que le Sénégal soit respecté parce que le comportement était exemplaire à tous les niveaux, que ce soit au niveau de l'encadrement des athlètes mais de l'ensemble des accompagnements. Il faut s'en féliciter.

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Qu'est-ce qui vous a marqué dans l'organisation de ces JO ?

Je pense que ce sont la préparation exceptionnelle et le niveau de préparation. Ces Jeux, la France les prépare, depuis quasiment huit ans. Toutes les composantes, tous les acteurs étaient mobilisés autour de ces JO. Rien que les aspects liés à la sécurité. Pendant plus de deux ans, les gens ont travaillé nuits et jours sur le plan de sécurisation parce qu'accueillir les JO, c'était un grand défi.

Les JO, ce sont 206 fédérations que vous accueillez. 206 fédérations composées de l'ensemble des pays du monde et bien sûr éventuellement avec beaucoup de risques, beaucoup d'expositions. Dans ce contexte particulier que nous vivons aussi, il y avait beaucoup d'enjeux sécuritaires.

Je pense que la France a réussi le défi de la sécurisation des Jeux. Il y a un autre défi, c'était le défi de la cérémonie d'ouverture. Je pense que pour la 1ère fois dans l'histoire des JO, nous avons assisté à une cérémonie d'ouverture en plein air. C'était un défi réussi. C'était une belle cérémonie d'ouverture, beaucoup d'aires de compétitions sont implantées un peu partout à Paris. Ce sont des aires de jeux démontables.

Ça aussi, c'était un défi à relever et la France l'a réussi. L'autre défi, c'est la participation. Il y a eu un engouement véritablement des populations, des spectateurs. Je crois que finalement au niveau de la billetterie, ce qu'on entend, c'est que ce sont les JO qui ont eu le plus grand nombre de spectateurs. Il faut s'en féliciter globalement et féliciter la France et les autorités françaises pour cette réussite-là.

Après la France, c'est notre pays qui doit accueillir le monde. Quel est le comportement que le Sénégalais doit adopter pour relever d'abord le défi de l'organisation ?

Je pense que c'est déjà un évènement dont on doit se féliciter. Le Sénégal va, au nom de l'Afrique, accueillir les JOJ (Jeux olympiques de la jeunesse, Dakar 2026). C'est le premier évènement olympique que l'Afrique accueille. C'est une opportunité, un honneur mais comme le dit le Président de la République, c'est aussi un défi.

C'est un défi parce que la réussite du Sénégal ouvrira certainement la porte à d'autres pays africains pour organiser et accueillir des évènements sportifs mondiaux. On a déjà eu l'Afrique du Sud qui a accueilli une Coupe du monde. Mais, il faut sortir de ce paradigme-là qu'à chaque fois qu'on donne un évènement sportif de dimension mondiale à l'Afrique qu'on dise : enfin. Non, il faut que ce soit une normalité, qu'on inscrive ça dans le cours normal des choses.

Pour cela, Dakar a un rôle essentiel à jouer. Ce défi, c'est de réussir les Jeux. Réussir les Jeux, c'est réussir d'abord l'organisation. Il y a l'autre aspect qui sportif, on y reviendra. Mais c'est d'abord l'organisation. Quand vous accueillez 206 fédérations, vous accueillez beaucoup de monde, pas moins de 5 000 athlètes avec leur encadrement mais avec tous les gens qui vont venir pour assister aux Jeux.

Donc, nous avons un défi sécuritaire, un défi organisationnel du point de vue de la logistique, du point de vue de la circulation, comment les gens vont se déplacer. Mais surtout du point de vue du comportement global des sénégalais. Il faudrait que tout un chacun s'approprie ces Jeux, que ce soit le Sénégalais de Dakar, de Tamba, le Sénégalais qui se réveille à Thiès ou à Ziguinchor. Que le Sénégalais se dise « pendant 15 jours en 2026, les yeux du monde entier seront braqués sur le Sénégal ».

C'est peut-être pas de 500 millions de téléspectateurs qui vont regarder ce qui se passe au Sénégal et pour moi, c'est un moment pour dire « nous devons montrer à la face du monde ce qu'est notre pays, ce grand pays, ce très beau pays, ce merveilleux pays, ce pays qui peut rassembler tout le monde, ce pays qui a des valeurs qu'il souhaite partager avec l'ensemble du monde, ce pays où on cherche à promouvoir le vivre ensemble, la Teranga, ce pays avec sa beauté, la beauté de ses sites mais ce pays où on a une jeunesse engagée, déterminée, entreprenante, ingénieuse. C'est cette image-là que nous devons monter au monde. Pour cela, il faut y travailler.

Les autorités sont déjà engagées ce défi-là. Comment faire que la population suive ?

Je dois d'abord mentionner ce qui est extrêmement rassurant, ce sont les instructions et orientations données par le Président de la République lui-même qui, déjà, engage l'ensemble de son gouvernement, des acteurs à faire un monitoring serré et sérieux de l'ensemble des évènements qui ont mené à 2026. Je pense que tut Sénégalais qui entend cette orientation, cette impulsion venant de la plus haute autorité, doit rassurer.

C'est de dire à la tête de cette organisation-là, il y a le Président de la République qui va donner l'impulsion et le suivi nécessaire. Il faut maintenant que chaque sénégalais se dise à son niveau « le Président, quelle que puisse être sa volonté, la volonté des autorités ne pourra pas avec l'ensemble de ses équipes de réussir l'organisation ». Il faut que chaque Sénégalais soit impliqué.

Que moi Sénégalais, je me dise « je dois montrer un pays propre, un pays calme, je ne vais pas jeter un mouchoir dans la rue, mon pays doit être propre, non seulement pour les JOJ mais après. Je dois faire de sorte que ceux qui viennent disent que les Sénégalais sont chaleureux, accueillants. Je dois être tolérant, ouvert. Je dois aider ». Mais je pense que c'est un moment aussi parce qu'on parle de Jeux olympiques de la jeunesse de se pencher aux questions liées à la problématique de la jeunesse.

Ce sont les questions d'emploi, de formation professionnelle et le Président de la République a pris lui-même la décision d'accueillir à Dakar la 2ème édition du Sommet mondial sur le sport pour le développement durable, un sommet qui sera un moment avec l'ensemble des Chefs d'Etats et de Gouvernements, ceux qui y prendront part, avec l'ensemble des institutions financières et sportives qui accompagnent de se pencher sur les questions d'aider le Sénégal, de l'accompagner dans sa politique pour la formation professionnelle, l'employabilité des jeunes, l'entreprenariat. Donc, c'est un moment extrêmement important pour le Sénégal et les sénégalais.

Sur le plan diplomatique, qu'est-ce que l'organisation des JOJ peut offrir comme opportunités au Sénégal ?

Je pense que le sport de manière général était un excellent vecteur diplomatique. On s'en souvient tous les performances que notre équipe nationale de football a eu à faire par le passé, ont permis au Sénégal de rayonner bien au-delà de l'Afrique, de l'Europe et des continents traditionnellement dans lequel on connaissait le Sénégal. Les JOJ, c'est la même chose. C'est le plus grand évènement diplomatique que le Sénégal va accueillir dans les prochaines années.

Ça permettra comme je l'ai dit tantôt, peut-être que les yeux de plus de 500 millions de personnes à travers le monde soient braqués sur le Sénégal. L'ensemble des pays du monde, des journaux, groupes de presse à travers le monde écriront sur Sénégal. Mais, on va accueillir aussi énormément de touristes et je pense que c'est aussi une opportunité pour nous, non seulement de renforcer notre dynamique en matière de politiques touristiques, mais de prendre comme point de départ les JOJ mais de l'impulser davantage.

Nous accueillons aussi, il ne faut pas l'oublier, les comités olympiques, ce n'est pas forcément d'Etat mais 206 comités olympiques et donc plus de 193 pays que constituent les Nations unies, nous les accueillons à Dakar. Donc, c'est un évènement sportif. C'est aussi un évènement aussi diplomatique qui permettra au Sénégal de monter encore au monde notre posture et notre position d'équilibre, d'ouverture sur le monde bien que nous restons ancrés dans nos valeurs que le Sénégal qu'il veut partager avec l'ensemble de la communauté humaine.

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