Les comédiens congolais Guy Stan Matingou et Jean Marie Diatsonama ont joué le 8 août, sur les planches de la Maison russe à Brazzaville, la pièce "Le journal d'un fou" inspirée de la nouvelle du titre éponyme de l'écrivain russe, Nicolas Gogol, considéré comme l'un des écrivains classiques de la littérature russe.
Jouée pour la première fois en 2021 à la Maison russe sous la forme d'un monologue par Guy Stan Matingou, c'est pour la deuxième fois que la pièce s'invite sur les planches dudit centre culturel pour un voyage et une découverte de la Russie d'antan. Cette fois, Jean Marie Diatsonama n'a pas que fait la mise en scène de la pièce mais il a aussi déployé son talent de comédien sur les planches au côté de Guy Stan Matingou, avec lequel il était en duel improvisé par la directrice de la Maison russe, Maria Fakhrutdinova, pour la meilleure performance scénique.
« Le journal d'un fou » est une parodie de la Russie de l'époque, en même temps une critique de l'Europe des années 1800. L'histoire contée est celle d'Ivanov, un fonctionnaire qui occupe un poste de bas niveau dans une administration. En dépit de sa condition, il nourrit l'espoir d'un lendemain meilleur. Dans son imaginaire, il rêve de devenir colonel. Il s'imagine aussi que la fille de son directeur insolent et arrogant pourrait devenir sa femme. Ivanov va jusqu'à rêver de devenir un jour roi...
« Après avoir lu le texte, je me suis dit, que ce soit en Afrique ou partout ailleurs, nous avons quasiment les mêmes soucis et problèmes... À l'époque en Russie, quand on dit que tu vas faire le goulag, c'était comme la mort. Et Gogol a vraiment fait de la prison pour ses oeuvres tranchantes parce qu'il était un critique, un écrivain révolutionnaire de son époque. Il critiquait le pouvoir et donc les dirigeants ainsi que les autres pays. Dans cette oeuvre, il critique même la France, les États-Unis, l'Angleterre... Il mettait tout cela dans l'art pour qu'on ne puisse pas le soupçonner, car effectivement, il avait peur des autorités », a déclaré Jean Marie Diatsonama.
Pour Stan Matingou, cela a été une belle expérience d'avoir partagé les planches avec Jean Marie pour déployer cette histoire car « en jouant avec l'autre, il te tend la perche. Alors que quand je joue seul, il me faut entrer dans la peau des différents personnages. Nous espérons que les jeunes présents ont pu tirer profit de ce spectacle car le texte n'était pas facile. Il faut avoir tout de même aussi connaissance de l'histoire de l'époque pour mieux comprendre cette pièce ». Un duo remarquable qu'a salué la directrice de la Maison russe au terme du spectacle.
La représentation théâtrale de la pièce « Le journal d'un fou » aura duré environ 1h et elle s'inscrit dans le cadre de la célébration du 64e anniversaire de l'indépendance du Congo à travers l'art. « On s'approche de la fête de l'indépendance de notre pays et j'avais pensé qu'en tant qu'artistes, nous pouvons la commémorer à travers notre talent et notre créativité. En cela, j'ai aligné deux spectacles.
Le premier sur la nouvelle "Le journal d'un fou" que nous avons tenu le 8 août et le second spectacle, le 10 août, sur une pièce d'Alphonse Chardin N'Kala. Les deux rendez-vous, nous avons souhaité les tenir à la Maison russe car le Congo entretient une belle amitié avec ce pays depuis près de 60 ans », a déclaré Jean Marie Diatsonama, metteur en scène de la pièce.
Précisons que Nicolas Vassiliévitch Gogol est un romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire russe, né en avril 1809 et décédé en mars 1852. « Le journal d'un fou » est une nouvelle de l'écrivain écrite en 1834 qui parut tout d'abord en 1835 dans le recueil arabesque sous le titre « Extraits du journal d'un fou ». En 1843, dans ses oeuvres complètes, l'auteur choisit de l'inclure dans le recueil des nouvelles de Pétersbourg.