À Madagascar, les députés ont été convoqués en session extraordinaire, vendredi 9 août, pour entendre le Premier ministre présenter sa politique générale de l'État. Pour Christian Ntsay, cet exercice de routine imposé par la Constitution, est l'occasion de tracer un cap pour les cinq prochaines années. Mais cette rencontre a été d'emblée contestée par les députés d'opposition qui l'estiment illégale sur la forme. Le chef du gouvernement a entamé son discours malgré tout, en l'absence d'une dizaine d'élus d'opposition qui ont immédiatement quitté l'hémicycle.
Des échanges vifs éclatent dans l'hémicycle. Cette session, affirme Siteny Randrianasolniaiko, chef de l'opposition parlementaire, n'a pas lieu d'être car elle nécessite la formation d'un gouvernement officiellement en fonction. Actuellement, seules les affaires courantes de l'État sont censées être expédiées par les ministres, tous démissionnaires depuis le 10 juillet, comme le veut la Constitution, après des élections législatives.
Devant la résistance du Premier ministre, bien décidé à entamer son discours, avec le soutien des députés du pouvoir, majoritaires à Tsimbazaza, Hanitra Razafimanantsoa élue du Firaisanka, quitte la session, à l'instar de l'ensemble des députés d'opposition.
« Le programme de mise en oeuvre de la politique générale de l'État n'est pas une affaire courante. Il devait être adopté, d'abord au niveau du conseil du gouvernement puis, validé en conseil des ministres. Il faut tout simplement respecter les dispositions constitutionnelles parce que nous voulons que Madagascar revienne vers l'État de droit. Et ça commence là, maintenant, ici même ! », explique Hanitra Razafimanantsoa
Une posture que regrette Marie-Michelle Sahondrarimalala, députée Irmar élue à Fianarantsoa. Selon elle, l'article 99 de la Constitution n'interdit en rien au Premier ministre de présenter la politique générale de l'État, seul face aux députés : « Les députés de l'opposition auraient dû rester. J'espère qu'ils vont pouvoir se rattraper, mettre l'intérêt supérieur de la nation et du peuple au-dessus des intérêts et conflits politiques. »
Le fond de la politique générale de l'État a été largement éclipsé par la tournure de la session parlementaire. Pendant son discours, le Premier ministre a principalement réitéré des promesses déjà connues. Des mesures inscrites dans la continuité du cap tracé, par le président Andry Rajoelina, autour du capital humain de l'industrialisation et de la bonne gouvernance.