En cette période hivernale où les fêtes traditionnelles vont bon train, le rhum de fabrication artisanale reste le plus prisé par les consommateurs. Il reste toutefois interdit à la vente sur le marché local.
Lors de la Foire internationale de l'économie rurale de Madagascar (Fier Mada), les visiteurs se sont arraché les rhums de fabrication artisanale. Hier, en l'espace de quelques minutes, les quelques bouteilles de «toaka gasy» Ambodivoara, qui étaient mises en vente libre lors de cette foire, se sont vendues.
Tout en vérifiant les bulles que le breuvage produit, un visiteur, peut-être un aficionado de la liqueur, explique : «Pour moi, cette liqueur est incontournable pour les fêtes, car rares sont les boissons alcoolisées qui égalent le goût du toaka gasy. Il devient assez difficile de se procurer de la bonne qualité», affirme Eugène, qui a pris le temps de s'arrêter au stand où l'Ambodivoara est vendu, parmi d'autres articles de production artisanale.
La bouteille d'un litre est vendue à 13 000 ariary, 14 000 si l'on veut commander à la source. Des étrangers, également mis au parfum de ces produits qui font la renommée de la Grande Île, s'intéressent aussi à cet alcool. Les vendeurs confirment toutefois qu'il «est assez difficile d'en acheminer de grandes quantités via les taxis-brousse, mais que les transactions peuvent toujours se faire».
Succès
D'autres visiteurs sont aussi venus, par curiosité, scruter ces bouteilles de rhum avec un oeil scrutateur. Cet alcool artisanal s'est néanmoins fait une place chez les fabricants de «Rhum arrangé», un business florissant, générant des millions d'ariary de bénéfices pour ceux qui en ont trouvé le filon. Ces manufacturiers utilisent néanmoins l'étiquette de la provenance de leur rhum. Dzamanjary ou Ambodivoara sont ceux qui rencontrent le plus de succès.
Toujours présent pour agrémenter les fêtes traditionnelles, comme l'exhumation, la circoncision et autres rassemblements populaires, le «toaka Gasy» reste encore interdit à la libre commercialisation. Il est cependant un puissant ferment de sociabilités. Avec un potentiel économique indéniable, faisant vivre plusieurs milliers de ménages, notamment dans le Sud, le Sud-ouest et le Sud-est de l'île, où l'acheminement de ces marchandises particulières se fait, pour la plupart, à dos d'homme, dans des distilleries sous les bois. Il faut en effet tout un circuit pour déloger le fameux «nectar des dieux» de son terroir et le faire parvenir aux acheteurs potentiels.
Clap de fin pour la Fier Mada
La Foire Internationale de l'Économie Rurale se termine sur une note positive. La dernière journée, hier au stade Makis Andohatapenaka, a connu une affluence considérable de personnes, aussi bien malgaches qu'étrangers. Les produits du terroir et le Vita Malagasy ont été exposés lors de cette 25e édition.