Mauritanie: Les Mauritaniens acceptent l'idée de discipliner les enfants par la force physique

Peu de citoyens se disent satisfaits des efforts de leur gouvernement dans la promotion du bien-être des enfants vulnérables.

Key findings

  • Plus des trois quarts (77%) des Mauritaniens estiment qu'il est « parfois » ou « toujours » justifié que les parents utilisent la force physique pour discipliner leurs enfants. o Mais plus de six répondants sur 10 (62%) affirment que l'usage de la force physique sur les enfants n'est « pas très fréquent » ou « pas du tout fréquent » dans leur communauté.
  • Environ deux tiers (65%) des citoyens mauritaniens disent qu'il est « assez fréquent » ou « très fréquent » que les enfants en âge d'être à l'école n'y soient pas. Mais pour 58% des répondants, il n'est « pas très fréquent » ou « pas du tout fréquent » que les enfants de leur communauté soient victimes de violence, maltraités ou négligés.
  • De fortes majorités de répondants déclarent qu'il existe des sources d'aide ou de soutien aux enfants abusés, maltraités ou négligés (78%) ; aux enfants ayant un handicap physique (81%) ; ainsi qu'aux enfants ou adultes ayant des troubles mentaux ou émotionnels (82%).
  • Seulement un tiers (33%) des Mauritaniens se disent satisfaits de la performance de leur gouvernement dans la protection et la promotion du bien-être des enfants vulnérables.

Préoccupé par le bien-être des enfants, l'Etat mauritanien ne cesse de déployer des efforts pour mettre les enfants à l'abris des différents types d'abus et de négligence. Le pays a amélioré son cadre légal et institutionnel en la matière en signant la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, en promulguant des lois et en adoptant des plans et stratégies de protection de l'enfance (UNICEF, 2018).

Ces mesures ont souligné l'importance primordiale du bien-être de l'enfant et le rôle essentiel de la famille dans sa protection (Sahara Media, 2019), et ont permis de réduire le travail des enfants et d'atteindre un taux brut de scolarisation de 100% dans le primaire. Dans le domaine sanitaire, des initiatives ont été prises pour renforcer la santé maternelle et néonatale (Nations Unies, 2018). Et sur le plan administratif, la mise en place du Parlement de l'Enfant et des conseils municipaux pour enfants ont permis aux enfants de librement s'exprimer sur leurs problèmes (République Islamique de Mauritanie, 2022).

Malgré ces réalisations, des cas d'abus et d'ignorance des droits des enfants sont constatés. En 2017, quatre enfants sur 10 ne sont pas enregistrés au niveau de l'état civil, plus de la moitié des filles âgées de 0-14 ans ont subi une mutilation génitale, et plus d'un tiers des femmes de 20-24 ans ont été mariées avant l'âge de 18 ans. Pendant la même année, huit enfants sur 10 de moins de 14 ans ont connu des châtiments corporels, et plus de 30% des enfants de 5-17 ans travaillaient dans des conditions indésirables (UNICEF, 2018). Aussi, l'état notionnel des enfants de moins de cinq ans indique qu'un quart de cette catégorie souffre d'une insuffisance pondérale à la naissance (UNICEF, 2017).

Cette dépêche rend compte d'un module d'enquête spécial inclus dans le questionnaire d'Afrobarometer Round 9 (2021/2023) pour explorer les expériences et les perceptions des Mauritaniens sur l'utilisation de la force physique dans l'éducation des enfants, la fréquence de maltraitance et négligence des enfants, l'existence de soutien aux enfants vulnérables et les performances du gouvernement dans la protection des droits des enfants.

Selon les résultats, la grande partie des Mauritaniens justifient l'usage de la force physique pour discipliner les enfants mais estiment que ce fait n'est pas fréquent dans leur communauté. Des majorités de répondants disent que les cas d'enfants non-scolarisés sont fréquents dans leur communauté, mais qu'il n'est pas fréquent que les enfants soient victimes de violence, maltraités ou négligés.

Globalement, la majorité des répondants affirment qu'il y a des sources d'aide et du soutien pour les enfants vulnérables de leur communauté. Cependant, très peu se disent satisfaits des efforts du gouvernement dans la protection des droits des enfants.

Mariem Abdellahi Edda Mariem Abdellahi Edda est étudiante en statistique à l'Ecole Polytechnique de Nouakchott.

Raghye Meissara Bilal Raghye Meissara Bilal est étudiante en statistique et économie à l'Ecole Polytechnique de Nouakchott.

Aliou Sow Aliou Sow est étudiant en doctorat en sciences sociales à l'Université Gaston Berger au Sénégal.

Oumar Ba Oumar Ba est étudiant en master en migration et gouvernance territoriale à l'Université de Nouakchott.

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