Afrique Centrale: Guerre à l'est de la RDC - Faut-il croire à cette profession de foi de Kagame ?

analyse

Un, deux, trois et quatre ! C'est reparti pour un nouveau tour de piste pour le président rwandais, Paul Kagame.

Réélu, plutôt plébiscité de nouveau, à l'issue du scrutin du 15 juillet 2024, « l'homme mince de Kigali » entame un quatrième bail au Urugwiro Village, siège du palais présidentiel. Et selon la Constitution en vigueur, il pourrait y résider jusqu'en 2034 et, pourquoi pas, au-delà, au détour d'une révision de la loi fondamentale comme celle opérée en 2015 qui lui permet de rester au pouvoir les dix prochaines années.

N'empêche, du monde, le stade de Kigali en a refusé le dimanche 11 août 2024, jour de l'investiture. Rien d'étonnant quand on sait que l'ancien commandant du front patriotique rwandais a été réélu par 99,18% des voix face à deux candidats qu'il a sélectionnés avec soin.

Des chefs d'Etat et de gouvernement, il y en a eu également à profusion, pas moins d'une dizaine, qui ont effectué le déplacement pour féliciter celui qui trône sur le « Pays des mille collines » depuis pratiquement 1994.

Après la cérémonie de prestation de serment proprement dite devant le président de la Cour suprême, au cours de laquelle il s'est « engagé à respecter et à faire respecter la Constitution », place au discours d'investiture, comme l'impose le rituel républicain.

Dans son adresse aux 45 000 personnes massées dans les gradins du stade, Paul Kagame a vite fixé le cap de son prochain quinquennat : « Préserver la paix et la souveraineté nationale » et « consolider l'unité nationale ».

Mais ce qui a le plus retenu l'attention de ses compatriotes, mais aussi celle de ses voisins, particulièrement ceux de la République démocratique du Congo (RDC), c'est son discours mâtiné d'accents pacifistes.

« La paix dans notre région est une priorité pour le Rwanda, mais elle fait défaut en particulier dans l'est de la RDC », a, en effet, lancé le chef de l'Etat rwandais avant d'ajouter : « Mais la paix ne peut être instaurée si la partie la plus concernée ne fait pas ce qui est nécessaire. »

Pas besoin d'être un grand clerc ni de suivre son regard pour deviner à qui est destinée cette pique présidentielle.

Ainsi donc, la RDC, dont la partie orientale est en proie à une rébellion endémique sur fond de guerre de rapines, ne fait pas assez pour le retour de la paix.

Une déclaration qui a certainement fait bondir de son fauteuil le président congolais Félix Tshisekedi, qui ne cesse de dénoncer les « velléités prédatrices de puissances étrangères » contre son pays.

En effet, malgré toutes ses dénégations, Kigali a toujours été épinglé par les rapports d'institutions internationales et de gouvernements occidentaux comme étant à l'origine de cette instabilité à l'est de la RDC dont les richesses minières attisent la convoitise de certains voisins, en l'occurrence le Rwanda et, dans une certaine mesure, l'Ouganda.

Selon un récent document de l'ONU, entre 3 000 et 4 000 soldats de l'armée régulière rwandaise sont engagés aux côtés de la rébellion du M23 et certains d'entre eux assurent la direction des opérations du même Mouvement qui contrôle plusieurs localités depuis 2021.

Lors de la dernière campagne présidentielle, Félix Tshisekedi menaçait ouvertement de déclarer la guerre à son voisin dont le soutien militaire au M23 et à l'AFC n'est autre qu'une guerre impérialiste contre son pays.

Aussi a-t-il appelé à plusieurs reprises à des sanctions de la communauté internationale contre Paul Kagame et son régime.

Une exhortation restée jusque-là sans suite au profit de négociations de cessez-le-feu qui se suivent et se ressemblent : aussitôt violés à peine conclus.

En déclarant faire de la paix dans la région sa priorité, Paul Kagame s'inscrit-il véritablement dans une logique pacifiste ?

En tout cas, il faudra bien plus que cette profession de foi pour que les autorités de la RDC lui accordent le Bon Dieu sans confession.

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