La décision a été rendue publique à travers une note datée du 7 août du Premier ministre, Joachimson Apollinaire Kyélem de Tambèla. Interdiction est désormais faite d'organiser des missions de formation à l'extérieur du Burkina Faso pour les membres des Conseils d'administration des Sociétés d'Etat, des Etablissements publics de prévoyance sociale et des Sociétés mixtes à participation majoritaire de l'Etat.
Cette interdiction vise à contribuer à la réduction des dépenses de l'Etat, notamment en ce qui concerne les frais liés aux missions à l'étranger qui ont été souvent sources d'abus. Plus globalement, elle s'inscrit dans une démarche de maitrise des finances publiques et d'optimisation des ressources dans la perspective d'une meilleure rationalisation des dépenses et une gestion plus efficace des fonds publics.
L'on peut, de ce fait, saluer la mesure qui entre en droite ligne de la bonne gouvernance avec en toile de fond, un effort de moralisation des dépenses publiques dans des secteurs de l'Administration publique. L'on garde, tous en mémoire, les linges sales de cette société d'Etat qui avait été étalés sur la place publique du fait du conflit qui y couvait et qui a révélé les sommes pharaoniques qui pouvaient être englouties dans des missions de formation des membres du Conseil d'administration, à l'extérieur.
Il faut craindre que cette interdiction de formations à l'étranger, n'impacte négativement la qualité des rendements
A défaut de preuves contraires, l'on peut, en tout cas, penser qu'il se passait beaucoup de choses peu orthodoxes sous le couvert de ces missions et que le contribuable en était la principale victime au lieu d'en être le bénéficiaire après réinvestissement des acquis de ces formations. La mesure est d'autant plus à saluer qu'elle instaure plus d'équité entre les travailleurs de l'Etat.
Car, il s'était créé, du fait des avantages accordés aux agents des Sociétés d'Etats et affiliés, une sorte de stratification qui laissait croire à l'existence de deux fonctions publiques. La mesure vaut aussi son pesant d'or dans la mesure où elle a pour effet induit de valoriser l'expertise locale qui sera mise à contribution pour le renforcement des compétences des membres des Conseils d'administration qui partaient se former à l'extérieur.
Cela dit, il faut craindre que cette interdiction de formations à l'étranger, n'impacte négativement la qualité des rendements dans les sociétés d'Etat, Etablissements publics de prévoyance sociale et des Sociétés mixtes à participation majoritaire de l'Etat qui doivent nécessairement produire de bons résultats. Ces entreprises doivent se maintenir à un haut niveau de compétitivité et cela passe aussi par des ressources humaines bien formées, y compris dans le management.
Et cela est d'autant plus vrai que nous sommes dans un monde à économie ouverte. La compréhension des dynamiques externes et l'expérience des pays qui ont de l'avance en matière de développement économique, devient, dans ce cas, des ingrédients de la qualité. Par ailleurs, il faut craindre que la mesure prise par l'Exécutif ne soit un élément de démotivation des personnels qui bénéficiaient de ces missions de formation.
Toute chose qui constituerait aussi un frein à la productivité de ces entreprises publiques et parapubliques. Ces risques évidents font craindre que le gouvernement ne jette le bébé avec l'eau du bain. Toutefois, l'on peut penser que le Premier ministre a conscience de ce danger et c'est en raison précisément de cela, qu'il est envisagé la possibilité d'une autorisation expresse pour ce type de missions. Mais n'y a-t-il pas cet autre risque que l'exception de l'autorisation expresse, devienne la règle ?