Madagascar: Feux de Brousse - L'irrépressible fléau

La saison des feux de brousse reprend. Un fléau vieux de plusieurs décennies contre lequel les moyens utilisés sont limités.

Un constat implacable: chaque année, 50 000 à 100 000 hectares de forêt sont détruits par les feux de brousse. La situation va de mal en pis. Actuellement, nous sommes en plein dans la saison. Le paysage est devenu coutumier le long de la RN4 à partir d'Ankazobe, avec des tanety à perte de vue noircis par le passage du feu. Il ne reste que ruine et désolation.

Le plateau de Tampoketsa échappe rarement à ce massacre, mais les parcs nationaux et les aires protégées ne sont pas épargnés. La réserve naturelle d'Ambohitantely en fait les frais régulièrement, de même que le parc national d'Ankarafantsika, où les feux se rajoutent à l'exploitation illicite de la forêt.

Sur la RN7, le décor est le même sur le plateau d'Ihorombe. Là aussi, les parcs nationaux sont la cible des feux d'une année à l'autre. Récemment, une partie du parc national d'Isalo a été la proie des flammes, mais les dégâts ont été limités.

Chaque année, c'est presque le même scénario. Mais jusqu'à maintenant, aucune stratégie efficace de lutte contre les feux de brousse n'a été établie. Les moyens utilisés pour lutter contre ce fléau restent dérisoires. Il fut un temps où l'on parlait de l'acquisition de Canadair, mais le projet est resté au stade des intentions.

Faire bloc

Face à cette situation, le ministère de l'Environnement et du Développement durable réagit. « Une grande campagne contre les feux sera menée. Une structure est déjà en place au niveau des communautés et des aires protégées », révèle Rinah Razafindrabe, directeur général de la gouvernance environnementale auprès du MEDD.

Il ajoute que les autorités locales seront également mises à contribution: « Nous allons mobiliser les chefs de districts, les maires, les chefs fokontany, les communautés locales, mais aussi les associations, le secteur privé et les églises pour faire bloc contre les feux. Du matériel est disponible au niveau des communautés.» En somme, les grands moyens, selon ses termes.

« En outre, des citernes d'eau ont été mises en place dans les communes menacées, en particulier près des aires protégées. Des camions sont également postés à proximité pour les urgences », précise toujours le directeur général. Le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes travaille de concert avec le MEDD et prêtera main forte quand les surfaces incendiées dépassent les 5 hectares.

En réalité, ce sont les mêmes moyens, la même sensibilisation, la même mobilisation depuis des années, alors que l'ampleur du désastre a été multipliée par dix, voire cent. Voilà pourquoi il est difficile d'éradiquer ce fléau. Le reboisement reste la seule action visant à restaurer les forêts, mais les résultats sont plutôt modestes. Les surfaces reboisées restent insignifiantes par rapport à la superficie détruite.

Les campagnes de sensibilisation publique, à travers les timbres et les animations artistiques, n'ont pas eu de résultats significatifs. Les origines des feux sont multiples. Certaines thèses, avancées depuis la Première République, suggèrent qu'il s'agirait d'une expression politique, donc d'incendies criminels. Le tavy, pratique consistant à brûler des surfaces pour les cultiver ou les transformer en pâturages, reste l'une des principales causes des feux de brousse. Mais la canicule peut également être source de feu. Une chose est sûre : il faut absolument établir une bonne stratégie et se doter de moyens appropriés pour juguler la déforestation causée par les feux de brousse.

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