Afrique Centrale: Une équation difficile à résoudre

analyse

Le compteur du 4e mandat du Président rwandais, Paul Kagamé, est en marche. Réélu avec un score stalinien de 99,18% lors de la présidentielle de juillet dernier, il a été investi, dimanche, en présence de plusieurs chefs d'Etat dans un stade archicomble de Kigali.

S'il doit poursuivre dans la dynamique de développer davantage son pays, qui fait office de modèle sur le continent, l'homme fort du Rwanda s'est engagé à préserver la paix et la souveraineté nationale et à consolider l'unité nationale. Qui plus est, l'indéboulonnable chef de l'Etat rwandais a promis faire de la paix régionale, sa priorité, faisant allusion au conflit en cours dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.

Cet engagement de Paul Kagamé retient particulièrement l'attention, tant son nom semble intimement lié à ce conflit qui a déjà coûté la vie à des milliers de personnes et occasionné des millions de déplacés, surtout dans la province du Nord-Kivu. Il a beau s'en défendre, plusieurs rapports onusiens détaillés le présentent comme le parrain du mouvement des rebelles du M23, qui créent l'instabilité dans l'Est de la RDC.

Les sources onusiennes rapportent qu'entre 3 000 et 4 000 militaires rwandais seraient déployés sur le terrain aux côtés de ces rebelles. L'objectif du régime Kagamé, à travers ce soutien déguisé, serait de s'accaparer des minerais de l'Est congolais, une zone qui en regorge à gogo et de nature à faire pâlir de jalousie, n'importe quel voisin.

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Kigali a toujours prétendu ne rien avoir dans cette guerre qui dure depuis quasiment 30 ans, mais certains faits donnent à réfléchir, s'il n'atteste pas d'une mainmise du Rwanda dans ce conflit. Aussi curieux que cela puisse paraitre, pour un groupe rebelle qui commet des crimes contre l'humanité (meurtres et viols en masse), le Président Kagamé a justifié, à maintes reprises, l'action du M23 formé à majorité de Tutsi, face à la présence en RDC, d'un autre groupe, constitué d'héritiers hutus des responsables du génocide des Tutsis, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Le mouvement FDLR, aux yeux du chef de l'Etat rwandais, représente une menace à même de légitimer la présence du M23 qui était inactif pendant huit ans, avant de reprendre du service en novembre 2021. Un autre fait non négligeable, le M23 alimente, selon toute vraisemblance, une contrebande de minerais congolais, qui, à entendre certains experts, profitent au Rwanda. Ce pays, qui ne possède pas de mines de coltan et le tantale par exemple, surclasse pourtant son voisin congolais au plan mondial en matière de production de ces minerais.

Allons-y comprendre. Autre fait troublant, le récent cessez-le feu entre le M23 et le gouvernement congolais, censé entrer en vigueur le 4 août dernier et qui du reste a été violé comme les autres, laisse songeur, à analyser un détail de près. C'est bel et bien le Rwanda qui a pris part aux négociations avec la RDC et non le M23 pour cet accord mort-né, obtenu sous l'égide de l'Angola.

La preuve qu'il n'y a pas de fumée sans feu, comme dit l'adage populaire. Au-delà de l'implication supposée ou avérée du « Pays des mille collines », il y a urgence à résoudre ce conflit, surtout que les cessez-le feu, arrachés parfois au prix de moult tractations n'ont pas fonctionné, pour donner la chance aux négociations politiques pour un règlement du conflit.

La percée du M23 sur le terrain inquiète à plus d'un titre. Ce mouvement rebelle contrôle environ un quart de la province du Nord-Kivu et ne cesse de progresser, s'emparant des localités entières, avec ce que cela comporte comme dégâts matériels et humains. Résoudre le conflit dans l'Est de la RDC est donc une nécessité absolue et la communauté internationale doit s'y mettre sans hypocrisie. C'est la raison pour laquelle, il faut fonder espoir sur l'engagement du Président Kagamé dont le rôle dans cette guerre est loin d'être une vue de l'esprit.

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