Les paris en ligne sont un véritable fléau pour des jeunes accros qui ressentent de plus en plus d'attrait pour l'argent facile. De jeunes parieurs se sont même suicidés, faute d'avoir gagné alors qu'ils ont tout misé sur une grille qui paraissait à leur portée. L'obsession les pousse à agir en prenant tous les risques, pensant que ce n'est que l'affaire de quelques secondes et qu'une vie meilleure les attend.
Dans ces mêmes colonnes, plus exactement en octobre 2020, La Presse a tiré la sonnette d'alarme : de plus en plus de nos jeunes et même des pères de famille sont sous l'effet d'une addiction aux jeux de hasard. La situation qui régnait dans le pays à cette époque a facilité cette métamorphose de notre société.
A croire que tout le monde est convaincu que l'argent est à portée de main et qu'il suffisait de le ramasser. A la pelle.
Si les gains faciles n'existent pas, les risques liés au jeu sont pourtant nombreux. En effet, ces conduites à risques entraînent souvent une aggravation d'une situation financière déjà fragile et peut parfois aller jusqu'au surendettement. Des répercussions peuvent apparaître sur la santé physique et psychologique du joueur.
Cela a commencé en 1978 de manière anodine, avec la qualification de notre équipe nationale de football au Mondial du Mexique.
Des millions de sachets contenant les photos des joueurs des équipes qualifiées, que l'on devait collectionner et coller sur des albums, ont été distribués. Cela eut un succès fou, au point de donner des idées à un fabricant de yaourts, qui retint le procédé pour écouler son produit. Un véritable massacre au niveau des achats de pots de yaourt, car il fallait trouver les photos qui manquaient.
Les premières victimes
«Je vous assure que je mettais mon porte-monnaie n'importe où. Personne n'y touchait. Maintenant je fais attention», nous avait confié une dame qui racontait sa mésaventure. «Mon frigo était plein de pots de yaourt ouverts et non consommés.»
L'autorisation de la publicité à la radio et à la télévision a enfoncé le clou. Des panneaux immenses incitent à l'achat d'un produit pour gagner ceci ou cela, utilisant au passage des visages de vedettes connues du grand public. Sur les ondes, on jouait pour remporter des prix de plus un plus importants.
L'émission «Qui veut gagner un milliard» battait les records
C'est que toutes les émissions devinrent des moyens à utiliser pour accaparer l'attention de ceux qui ont fini par croire que l'on pouvait gagner des millions en un claquement de doigts. Tout y passe : de la vente de cosmétiques aux articles ménagers en passant bien sûr par le sport.
La période qui a vu le monde se calfeutrer chez soi pour cause de Covid a profondément modifié ou influencé, il est vrai, bien des comportements.
La spirale infernale était bel et bien lancée. Le monstre était bien parmi nous. Le virus était injecté dans les esprits.
Les parents sont, en effet, désemparés, mais ils ne savaient que faire.
Parallèlement à l'exploitant de ce filon à travers la télévision et la radio, il y avait ceux qui profitaient du net relâchement et qui, durant plus de dix ans, s'affublaient d'une jellaba blanche et, tenant un carnet entre les mains, proposaient aux fidèles des contributions à la construction de.... mosquées. On continue à en voir d'ailleurs.
La remise d'énormes sommes soigneusement médiatisée accroissait le trouble dans les esprits : l'argent, on peut le gagner facilement. Il suffit d'un peu de chance et de savoir-faire.
«La chance on la provoque, nous dit un passionné de paris sportifs. Et puis il n'y a pas de raison de ne pas y croire lorsqu'on voit les sommes astronomiques gagnées par des SDF en France où ailleurs». Ouais, ce monsieur croit avoir raison, mais il oublie d'énoncer un chiffre qu'il ne connaît vraisemblablement pas, celui du nombre de joueurs qui ont investi jusqu'au dernier sou de leurs pensions de retraite, qu'ils ont peut-être emprunté pour se rattraper ou qui rasent les murs pour que leurs créanciers ne les voient pas. « Mon père est malade. Ma mère est décédée à la suite d'une crise cardiaque. Il n'a jamais voulu arrêter et notre mère se trouvait dans l'obligation de faire la bonne à tout faire pour nous élever. Mon frère et moi, nous essayons de l'aider, mais maintenant il s'imagine qu'il est en mesure de gagner des millions en envoyant des SMS à une station TV. C'est un cas pathologique », avoue un cadre de banque, affligé par l'addiction de son père.
La jeunesse influencée
Que dire dès lors des futures générations qui ont ouvert les yeux dans ce milieu où on fait miroiter les délices d'un monde que l'on crée pour pousser au jeu.
Les informations quotidiennes font souvent référence à ces paris sportifs qui se jouent par Internet. Les «intermédiaires» se multiplient et plus on en trouve, plus on en sanctionne et plus il en pousse. A croire que c'est le seul business qui marche. C'est pourtant un danger pour les jeunes qui subissent une influence grandissante qui menace leur vie. Il y a ceux qui se sont suicidés, faute d'avoir gagné alors qu'ils ont tout misé sur une grille qui paraissait à leur portée. L'obsession les pousse à agir en prenant tous les risques illégaux, pensant que ce n'est que l'affaire de quelques secondes et qu'une vie meilleure les attend.
Dans ce cas, se pose une question qui taraude plus d'un responsable. En effet, il s'agit de trouver le moyen de convaincre ces jeunes et moins jeunes, que la voie empruntée est suicidaire. Il faudrait les protéger contre ces arnaques et ces abus qui peuvent les détruire. Le risque est d'autant plus grand chez nous, en raison du million d'enfants qui ont déserté les bancs de l'école et qui sont dans la rue, proies de toutes ces manipulations. Les slogans sont bien choisis : «Cette belle voiture pourrait être la tienne », ou « gagne autant d'argent que tu veux », ou encore, « sois le patron de ton affaire », etc. Des mots bien choisis qui claquent et braquent, introduisent le doute qui se transforme, sous l'effet des influenceurs en voies à emprunter. Et nous voilà en plein dans le magma des tentations.
« Il s'agit de persuader des gens qui n'ont pas autre chose à faire que d'être à l'affût de ce genre de risque qui provoque une montée d'adrénaline incomparable. Le pire c'est lorsque le père de famille gagne de l'argent et cela arrive. C'est toute la famille qui est contaminée par l'ivresse du jeu. Il faut y mettre un terme en légiférant, en prenant en considération que personne n'est à l'abri de ce fléau, nous confie un professeur dont le neveu est dans les filets de ces officines de jeu par internet».
Nous tirons de nouveau la sonnette d'alarme et appelons qui de droit à prendre les dispositions qui s'imposent, en vue de mettre de l'ordre dans un milieu qui devient de plus en plus dangereux.