Au moins un magistrat burkinabè a reçu un ordre de réquisition pour servir l'armée au front contre les groupes armés. Beaucoup accusent le régime d'Ibrahim Traoré de punir certaines figures en les envoyant au front : après des acteurs de la société civile, des politiques et des journalistes, c'est désormais au corps judiciaire. L'ordre de réquisition d'Abdoul Gafarou Nacro, substitut du procureur à Bobo-Dioulasso, est daté du 9 juillet, mais n'a été rendu publique que lundi 12 août au soir.
Par cette missive, le colonel Moussa Diallo, commandant des opérations du théâtre national, enjoint à Abdoul Gafarou Nacro de se présenter mercredi 14 août au bureau de garnison de Ouagadougou. Le magistrat sera réquisitionné au front pour une période renouvelable de trois mois, selon le document que RFI a pu consulter. Il sera détaché au groupement des forces de sécurité du nord, à Kaya.
Selon plusieurs sources, quatre autres personnes sont concernées par ces confiscations de libertés pour avoir posé des actes qui « n'ont pas plu aux autorités ».
Le 11 juillet dernier, le capitaine Ibrahim Traoré, à la tête du pays, avait annoncé sa volonté de mettre au pas la justice, sous couvert de lutte contre la corruption. C'était durant son discours de politique générale, où il confirmait sa volonté de rester au pouvoir pour les cinq prochaines années :
La bataille sera lancée, et nous comptons sur les magistrats honnêtes pour faire le travail honnêtement et expédier de leurs rangs les corrompus, les vendus et les escrocs. Si une mauvaise décision est prise, soi-disant pour protéger certains individus qui nuisent à la patrie, nous allons nous opposer et nous n'allons pas permettre que la décision soit exécutée.
Les décisions contraires à son régime sont surtout évoquées. Depuis la prise de pouvoir d'Ibrahim Traoré, les syndicats de la magistrature se sont opposés à plusieurs reprises aux injonctions du régime, dénonçant plusieurs dérives autoritaires contraires au droit. Pour façonner la justice, le capitaine Ibrahim Traoré a annoncé la relecture du Code pénale.