Afrique: Mpox - L'agence de santé de l'Union africaine déclare «une urgence de santé publique»

S.E. Dr. Jean Kaseya, Directeur Général du CDC Afrique

L'agence de santé de l'Union africaine, l'Africa CDC, a déclaré mardi 13 août une urgence de santé publique à l'échelle du continent face à la propagation du mpox, longtemps dénommé variole du singe. Il s'agit de son plus haut niveau d'alerte. Une nouvelle souche du virus a été détectée en septembre 2023 dans la province du Sud-Kivu, dans l'est de la République Démocratique du Congo. Elle est plus virulente que celle qui avait causé l'épidémie mondiale de 2022.

Le comité scientifique de l'Africa CDC a relevé une augmentation rapide des nouveaux cas de mpox en Afrique ces dernières semaines, justifiant le déclenchement du plus haut niveau d'alerte.

C'est en République Démocratique du Congo que le virus circule le plus fortement. En juillet, 96 % des nouveaux cas détectés sur le continent se trouvaient dans ce pays. 455 morts y ont été recensés depuis le début de l'année pour près de 15 000 cas.

Surtout, l'Africa CDC observe que le virus s'étend à de nouveaux pays - Rwanda, Burundi ou encore Ouganda - qui n'avaient jamais recensé le moindre cas jusqu'à présent. L'Afrique du Sud, le Soudan ou encore la Côte d'Ivoire sont également touchés. La maladie est aujourd'hui présente dans 16 pays africains.

Mais l'agence de santé de l'Union africaine prévient : le nombre de cas est largement sous-estimé en raison de capacités réduites pour tester les personnes et tracer les chaînes de contamination.

Et les vaccins manquent cruellement. 200 000 doses vont être déployées prochainement, mais il en faudrait 10 millions pour endiguer l'épidémie. L'agence appelle tous les partenaires internationaux à faire preuve de solidarité pour atteindre cet objectif. Deux vaccins spécifiques sont recommandés pour les personnes à risque, notamment les hommes homosexuels et les travailleurs du sexe, mais peu de doses sont disponibles dans les pays touchés.

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200 000 doses ne suffisent pas. Nous avons besoin de plus de 10 millions de doses. Je peux vous dire que nous avons un plan clair aujourd'hui pour garantir la livraison de ces 10 millions de doses, en commençant par 2 à 3 millions d'ici à la fin de l'année 2024. Nous veillerons à ce que les vaccins parviennent à chaque pays, chaque communauté, chaque personne qui en a besoin.

00:51 Jean Kaseya (Africa CDC): «Personne en Afrique ne sera laissé pour compte si un vaccin est nécessaire»

Guilhem Fabry Transmission par contact physique et rapport sexuel

Pourtant, le mpox n'est pas une maladie récente. Mais cette nouvelle souche qui se propage sur le continent africain est plus mortelle et plus contagieuse que celle qui a parcouru le globe en 2022. Cette maladie virale se propage de l'animal à l'homme, mais se transmet aussi par contact physique avec une personne infectée, particulièrement lors d'un rapport sexuel.

Durant les premiers jours, elle se manifeste par de la fièvre, une grande fatigue, des maux de tête et des courbatures... Ensuite, des éruptions cutanées apparaissent sur tout le corps, alors que pour les précédentes les lésions étaient localisées, sur la bouche, le visage ou encore les parties génitales. Pour se protéger du virus, il faut éviter tout contact physique avec les personnes qui présentent des signes de mpox, mais aussi tout contact non protégé avec des animaux sauvages.

Ce mercredi 14 août, l'Organisation mondiale de la Santé réunit son comité d'urgence et pourrait à son tour déclencher son plus haut niveau d'alerte, à savoir une urgence de santé publique de portée internationale.

Le Sud-Kivu particulièrement touché par le mpox

À quelques mètres du service des urgences des Cliniques Universitaires de Bukavu, un petit hangar construit en bâches avec un lave-main devant la porte a été aménagé pour recevoir seulement une dizaine de malades, décrit notre correspondant à Bukavu, William Basimike. Un autre bâtiment du triage des urgences a été affecté pour la même cause. À l'intérieur, seulement 7 malades couchés sur des lits. Les médecins disent que nombreux sont les malades qui viennent pour des soins ambulatoires. Néanmoins, les médecins déplorent le manque de médicaments, il n'y a ni de matériel de protection, ni prime de risque pour cette nouvelle tâche, moins encore la restauration des malades. « Ce n'est qu'avant-hier que l'Unicef nous a apporté quelques médicaments », s'étonne un médecin qui a requis l'anonymat.

Aussi, les médecins se plaignent de devoir s'occuper à la fois des malades du mpox et des personnes qui souffrent d'autres maladies, avec ce que cela comporte comme risque de contamination. Contacté par RFI, le chargé de la surveillance épidémiologique et point focal de la prise en charge du mpox au Sud-Kivu le docteur Freddy Siangoli reconnaît la situation, il déplore aussi la rupture des kits de prélèvement, alors que sur les 34 zones de santé que compte le Sud-Kivu, 29 sont déjà touchées par le mpox, aussi appelé variole du singe. Le docteur Siangoli estime que le gouvernement congolais et ses partenaires, notamment l'Unicef, l'OMS et le MSF Hollande essaient de trouver une solution aux difficultés de prise en charge de la maladie.

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