Madagascar: Cette bonne vieille pharmacopée de grand-mère

La riche nature dont est paré Madagascar, a toujours donné au Malgache les plantes et les insectes qui lui permettent de soigner voire de guérir les principales affections et maladies qui attaquent son organisme et, sans doute, son mental. Produits naturels qui sont employés selon une « posologie » coutumière que le marabout recommande ou que chaque famille adopte selon la région où vit son groupe ethnique ou son clan.

Alors que la vaccination était encore inconnue à Madagascar, il existait déjà une technique qui la rappelle. Ainsi, avant la découverte du vaccin jennérien, on a su obtenir de bons résultats contre la variole. D'après le Dr Ratsimiray, pendant la période de dessification des pustules, de petites parcelles de la croûte qui s'en détachent, sont introduites sous l'épiderme du bras. Il se développe alors quelques boutons en différents endroits du corps et l'immunisation est, dit-on, assurée contre une plus violente attaque de la maladie.

Contre les scorpions, « dont la piqûre n'est pas mortelle à Madagascar », il existe aussi une vaccination. De légères incisions sont faites à la main et à la langue, puis l'extrémité de la queue arrachée d'un scorpion est frottée sur les coupures dans lesquelles pénètrent un peu des humeurs qu'elle contient. Ce procédé aurait un pouvoir immunisant. On assure même qu'il empêcherait d'être piqué!

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On agit de même pour se préserver contre les piqûres d'une araignée venimeuse, le Menavody . L'insecte est brûlé et la cendre est mélangée à de la graisse et à de la poudre de racine d' «ambarivatrin-dolo» (Crotalaria fulva.) Une petite quantité introduite dans une scarifi-cation rendrait sans effet toute piqûre ultérieure.

Le Malgache connaît aussi le principe de la ventouse. La peau est coupée avec un morceau de verre, puis on introduit au fond d'une corne de boeuf, dont les bords sont égalisés, un chiffon enflam-mé et la corne est appliquée sur la partie atteinte pour faire sortir le sang. Un autre procédé consiste à percer d'un petit trou la pointe de la corne et à faire le vide par simple aspiration.

On peut aussi citer des médicaments originaux, mais considérés par les praticiens comme de « valeur nulle ». Ainsi du «fandatsaka » (la poussée) qui consiste en « tainomby », bouse de boeuf mélangée dans de l'eau et versée sur... la tête des femmes dont l'accou-chement est difficile.

Le «kasimba» (Toddalia acukata )est utilisé pour éviter les crocodiles en traversant les rivières. Le voyageur applique un morceau d'écorce sur une incision qu'il se fait à la peau, ou tout simplement, il en lèche la racine.

Pour se mettre à l'abri des balles en temps de guerre, le combattant fait bouillir les feuilles de diverses plantes qu'il écrase et arrose d'huile de ricin. Il enferme la pâte obtenue dans un bout de corne suspendu à son cou. Pendant l'insurrection de 1947, les sorciers du Sud-Est ont confectionné des talismans qui ont, prétendent-ils, le pouvoir de protéger les insurgés contre les balles dont le plomb se liquéfierait pour devenir une eau inoffensive.

À la porte d'entrée de sa maison, souvent le Malgache enfouit, juste sous le seuil, des feuilles de papayer et de l' «aviotra » (Smilax) qui, croit-on, feront tomber toute personne malinten-tionnée à son égard. Ici, tout au moins pour le Smilax, intervient la règle du principe «similia similibus »: les aiguillons dont sont garnies ses tiges accrochent et retiennent au passage les personnes indésirables!

Le Sakalava croit aussi qu'un sorcier qui a dans la bouche des feuilles de certaines plantes (« ramikebana », « lenga-mahatsina », « sahatra »...) peut faire mourir les personnes auxquelles il adresse la parole. Pour sa part, pendant les expéditions guerrières, le Merina emporte un rhizome de « sakaviro », gingembre. Il le fait bénir par les gardiens de l'idole Kelimalaza et qu'il garde précieusemen comme charme magique qui devra le préserver des dangers.

Le Betsileo, lui, a coutume de faire manger des feuilles pilonnées de « vahivoraka » (Phytolacca abyssinical) aux boeufs qu'il vient d'acheter afin, affirme-t-il, de les débarrasser de l'esprit malin dont ils peuvent être possédés.

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