Les cous des athlètes malgaches n'ont pas été décorés. Le podium était si élevé, la route vers l'or est encore loin, même s'ils piétinent inconsciemment ses gisements... À Madagascar, la natation, l'athlétisme, l'haltérophilie ne sont pas des disciplines sportives, ce sont des activités qui font partie du quotidien. Les fils de pêcheurs nagent presque tous les jours dans la mer, les bouviers courent toute l'année pour suivre leur bétail. Les dockers, les tireurs de pousse-pousse ainsi que les mamans vivant dans les zones semi-arides portent plus de 100 kg par jour. Leur situation les oblige à mener une vie pénible. Comme tout le monde, ils rêvent d'avoir des colliers en or, des bracelets en argent.
Malheureusement, faible est le pouvoir d'achat... Bien entendu, ils n'ont pas la chance de rester scotcher sur un canapé à regarder les shoots à la Stephen Curry, car ici, le «basket dinner» est vide en permanence. Les habitants des grandes villes, eux aussi, n'ont plus le temps de suivre les compétitions à la télé. Les pères de famille, trop fatigués à cause du travail à maigre salaire, se dirigent directement vers leur chambre qui fait office à la fois de salon-dortoir-salle à manger. Ils auront choisi le sommeil, plus précieux à leurs yeux, que les souvenirs des sportifs insolites comme le Français faisant tomber la barre du saut à la perche avec sa partie intime, ou le James Bond turc ayant tiré la main dans la poche.
D'ailleurs, le délestage fait rage dans le quartier, les papas ne broient que du noir ! À part le président de la République, Andry Nirina Rajoelina, qui a été invité à assister à l'ouverture des Jeux olympiques, il n'y a eu que deux compatriotes qui ont hissé haut le drapeau, Yann Vézo Davidson, l'arbitre qui a eu l'opportunité de voir les stars de basket, et le journaliste de Midi Madagasikara Tanjona Devaux Harijaona. Les athlètes, bien qu'ils aient fait ce qu'ils pouvaient, rentrent à la maison avec leur plus belle performance personnelle, tant mieux pour eux, et merci beaucoup ! Les épreuves étaient dures, il faut le reconnaître. Critiquer est un sport national dans la Grande île. Les Jeux Olympiques sont loin d'être les Jeux des Îles de l'Océan Indien, ou encore moins les Jeux de la Francophonie. D'autant plus que le sport a des enjeux éminemment géopolitiques. Il suffit tout simplement de regarder le tableau des médailles. Le nom des 10 pays les plus puissants et influents dans le monde y sont marqués.