Afrique: Jeux Olympiques Paris / Le bilan de la participation Tunisienne - Des axes pour le futur...

14 Août 2024

Paris, c'est fini ! Cette édition exceptionnelle a eu lieu dans un monde fracturé. Alors qu'un génocide se déroule en Palestine occupée, le reste du monde comptait ses médailles !

Pour bien des participants, ce ne sera pas une édition dont on se souviendra. L'organisation, qu'on a voulue parfaite, a eu de graves hoquets. Le logement et la restauration, baromètres de toutes les grandes manifestations dans le monde, n'ont pas été à la hauteur. Les plaintes n'ont servi à rien et bien des athlètes ont quitté leur lieu d'hébergement pour aller dormir ailleurs (le nageur Italien Thomas Ceccon qui s'est réfugié dans un jardin public pour quelques heur de sommeil !), à cause du bruit et du désordre qui y régnaient.

Mais ces Jeux ont confirmé le rôle de la science dans la performance sportive. De l'empirisme des premiers jeux, avec des athlètes qui n'avaient aucune gêne à se balader une cigarette aux lèvres, nous avons aujourd'hui un sport qui s'est professionnalisé, qui dispose de staffs impressionnants de techniciens et d'analystes. Un sport qui occupe une place de choix dans toutes les sociétés modernes.

Ce sont en fin de compte les athlètes qui ont sauvé la situation. Avec des prestations qui feront date. La gymnastique, le saut à la perche, la natation, l'athlétisme, par exemple, ont émerveillé l'assistance et propulsé le niveau à des sommets difficiles à atteindre pour les prochaines générations. Bien entendu, ce ne sont là que des suppositions, car avec ces magiciens de poche que l'on voit apparaitre et qui, pris au berceau, font des miracles, tout pourrait évoluer.

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Mais pour ce qui nous concerne, quels ont été les résultats ? La Tunisie, qui a participé avec une délégation réduite au point de vue nombre, sans aucun sport collectif (pour la parade), n'a pas récidivé les exploits réalisés lors des précédentes éditions. Elle n'a pu colmater les brèches ouvertes par l'absence d'un ténor, Ayoub Hafnaoui notamment, et a vu son classement reculer.

En l'absence de Hafnaoui, il y eu Firas Gattoussi qui a enlevé haut la main une médaille d'or en taekwondo, en remportant la catégorie des 80 kilos. Une médaille d'argent a été glanée au sabre par Fares Ferjani, alors que Khelil Jendoubi a décroché le bronze au taekwondo. Les autres résultats ?

-Onzième en canotage double, ce qui est une excellente performance

-Quatrième au 800 mètres NL Ahmed Jaouadi (7:42.83), sixième au 1.500 mètres NL en finale (8ème en 7:48.36) après avoir nagé 7: 42.86 lors des séries.

-Quatrième et cinquième place pour Jinhaoui et Jaziri en finale du 3.000 mètres steeple hommes.

Tout en sachant que la Tunisie a remporté de l'or de manière presque régulière :

1968 à Mexico : Mohamed Gammoudi, 2008 à Pékin : Oussama Mellouli, 2012 Londres: Oussama Mellouli et Habiba Ghribi et 2020 à Tokyo Ayoub Hafnaoui

Mais, dans un bilan, il y a ceux qui ne voient que le côté vide du verre. Ce sont ceux qui tiennent à vous descendre en flammes. Il y a ceux qui voient le côté plein du verre et ce sont ceux qui sont contents d'avoir sauvé leur peau. Et il y a ceux qui analysent froidement, à tête reposée, la situation, tiennent compte des impondérables et possèdent cette vue prospective qui comble d'aise.

En fin de compte qu'avons-nous ramené des JO de Paris 2024 ?

Des hauts et des bas

Trois médailles tricolores : or, argent et bronze. Cela a permis quand même aux couleurs tunisiennes d'être hissées à trois reprises au mât d'honneur. Ah, nous avons également ramené un futur grand champion qui a annoncé la couleur sur 400- 800-et 1.500 mètres nage libre, à savoir le jeune Ahmed Jaouadi.

Une belle brochette de spécialistes en taekwondo, qui nous ont tenus en haleine et qui ont été à la hauteur. Une fine lame Fares Ferjani, qui a encore de beaux jours devant lui. Deux très bons spécialistes du 3.000 mètres steeple Jinhaoui et Jaziri. A propos de ces deux athlètes, leur préparation aurait pu être plus poussée, si les conditions de cette préparation étaient plus affutées dans des conditions normales et avec le soutien de toutes les parties prenantes du sport et notamment du sport d'élite.

Là, se posent les problèmes qui empoisonnent le sport national. Il est inutile de revenir sur cette question, avant la promulgation de la loi régissant les structures sportives (elle donne des insomnies aux lobbyistes du sport), qui a été rangée aux oubliettes pour des raisons que nous ignorons. Nous espérons qu'elle reviendra rapidement à l'ordre du jour. Il faut enquêter et faire parler ces athlètes pour aller au fond des choses, en prévision des prochains Jeux.

Ainsi que des « projets » de compétiteurs et compétitrices dans les spécialités aquatiques (aviron, skiff, etc...). En dépit du peu de moyens dont dispose cette fédération, ses jeunes se sont bien battus. Ils ont tout l'avenir devant eux et un plan d'eau unique, qui est de nature à leur permettre de développer leurs qualités.

On pourrait se demander pour quelle raison nous n'avons pas soulevé le cas de Maroua Bouzaieni, tout simplement parce que son cas nous dépasse. Elle a fait le choix de transporter au moins deux à trois kilogrammes en surpoids, sur 3.000 mètres et un net handicap dans le franchissement des obstacles.

Ne terminons pas sans poser quelques questions et rappeler une décision que nous considérons de nature à laisser réfléchir ceux et celles qui souhaitent représenter leur pays à l'avenir. Tout d'abord, cette question lancinante à propos de l'absence (nous avons seulement vu son ombre) de la boxe tunisienne qui bénéficiait d'un prestige certain au niveau international. A Paris, nous avons fait de la figuration. Où est la lutte qui, elle aussi, était beaucoup plus active ? Nous sommes passés à côté du sujet. Où est donc le judo, le plus ancien des sports de combat dans le pays ? Il a fait illusion.

Les sports comme le tir à l'arc ou au pistolet ont beaucoup de travail à faire. L'anecdote (vraie) vécue à Paris, par le tireur au pistolet qui avait remporté une médaille en ayant la main dans la poche, en dit long sur la place du talent et de l'application dans ce genre de disciplines.

Si nous prenons en considération le rappel du ministre de la Jeunesse et des Sports à propos des consignes données pour désigner les futurs représentants tunisiens, qui n'obéiront plus qu'au slogan «participer pour ramener des résultats», cela nous donne, en conclusion, les axes futurs de notre sport d'élite.

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