Dans une décision forte prise ce mardi 13 août 2024, le Préfet du département du Wouri, Sylyac Mvogo, a annoncé l'interdiction de circulation des motos taxis dans les quartiers Bali et Bonapriso de Douala entre 18h et 06h. Cette mesure fait suite à l'agression mortelle de Pierre Kunz, survenue devant son domicile à Bali dans la nuit du 11 au 12 août dernier.
La décision a été prise à l'issue d'une réunion tenue à la Chefferie supérieure du Canton Bell, réunissant les autorités locales et les représentants des différentes communautés. L'interdiction nocturne vise à renforcer la sécurité dans ces quartiers résidentiels huppés de la capitale économique camerounaise.
Les motos taxis, communément appelés "bend-skins" au Cameroun, sont un mode de transport populaire mais souvent critiqué pour leur implication dans des actes de délinquance urbaine. Cette nouvelle réglementation soulève des questions sur l'équilibre entre la mobilité urbaine et la sécurité des résidents.
Le Préfet Mvogo a expliqué que cette mesure est temporaire et sera réévaluée en fonction de l'évolution de la situation sécuritaire. Il a appelé à la coopération de tous les acteurs, notamment les conducteurs de motos taxis et les résidents, pour assurer le succès de cette initiative.
Les forces de l'ordre seront mobilisées pour faire respecter cette interdiction, avec des contrôles renforcés aux entrées et sorties des quartiers concernés. Des sanctions seront appliquées aux contrevenants, allant de simples amendes à la saisie des véhicules en cas de récidive.
Cette décision a suscité des réactions mitigées. Si certains résidents saluent cette initiative visant à améliorer leur sécurité, d'autres s'inquiètent des conséquences sur la mobilité nocturne, notamment pour les travailleurs de nuit qui dépendent de ce mode de transport.
Les associations de conducteurs de motos taxis ont exprimé leur mécontentement, arguant que cette mesure pénalise injustement l'ensemble de leur profession pour les actes criminels d'une minorité. Ils demandent des mesures alternatives, telles qu'un système d'identification renforcé pour les conducteurs opérant la nuit.
Les autorités municipales étudient la possibilité de mettre en place des solutions de transport alternatives pour pallier cette restriction. Des discussions sont en cours pour augmenter la fréquence des bus de nuit et encourager les taxis traditionnels à desservir ces zones pendant les heures d'interdiction.
Cette situation met en lumière les défis auxquels font face les grandes villes africaines en matière de gestion de la mobilité urbaine et de sécurité publique. Elle souligne également la nécessité d'une approche équilibrée qui tienne compte des besoins de tous les acteurs urbains.
Alors que Douala cherche à moderniser son système de transport urbain, cette interdiction pourrait être l'occasion de repenser la place des motos taxis dans l'écosystème de mobilité de la ville, en encourageant des alternatives plus sûres et plus durables.
Les autorités appellent à la vigilance citoyenne et encouragent la population à signaler tout comportement suspect. Une ligne téléphonique dédiée a été mise en place pour faciliter la communication entre les résidents et les forces de l'ordre.