Sénégal: Un protocole d'accord met fin à la grève des employés de Sabodala Gold Operations

Dakar — Sabodala Gold Operations (SGO) et ses employés ont conclu un accord mettant fin à la grève entamée le 1er août dans une mine appartenant à cette société minière, dans la région de Kédougou (sud-est), a appris l'APS, mercredi, du ministère du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions.

Les employés de la mine de SGO à Massawa, dans la région de Kédougou, réclamaient "la valorisation du forfait d'heures supplémentaires des travailleurs non-cadres", des "avantages en nature" (logement et nourriture), "le changement du mode de rémunération des heures supplémentaires des travailleurs cadres", le "respect des droits acquis relatifs à l'avance Tabaski".

Les négociations se sont déroulées pendant plusieurs jours, sous la direction du ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé.

La société minière et ses employés s'étaient déjà mis d'accord sur certaines revendications, dont l'avance Tabaski. Cet accord partiel avait permis de suspendre la grève et d'entamer les négociations.

"Un accord comprenant plusieurs points a été trouvé", a déclaré Yankhoba Diémé après la signature de l'accord conclu par SGO et ses employés, mardi soir.

"Notre conflit collectif s'articulait autour de trois points : l'intégration des avantages en nature, la prime de production, et le calcul des heures supplémentaires pour les cadres", a rappelé Chérif Yankhoba Aïdara Faye, ingénieur géologue et membre du collège des délégués du personnel de Sabodala Gold Operations.

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"Notre employeur et nous sommes des partenaires. Il n'y a ni animosité ni conflit entre nous. Nous sommes appelés à travailler ensemble pour atteindre les objectifs de production fixés par SGO. C'est à ce titre que nous nous réjouissons de l'accord conclu, qui convient aux deux parties et va permettre, peut-être, de renouer le dialogue avec notre employeur et d'atteindre les objectifs fixés", a déclaré M. Faye à la fin des négociations.

"Après trois jours d'intenses négociations, nous nous sommes mis d'accord sur l'intégration de la valeur nominale des avantages en nature (logement et restauration) dans l'assiette de calcul de leur gratuité, avec un rétro-paiement à compter de 2017, ce que nous demandions", a précisé le délégué des travailleurs.

Il ajoute : "Nous demandions aussi le paiement d'heures supplémentaires. Mais c'était difficile de faire le cumul d'heures supplémentaires de huit années. Ça peut entraîner l'entreprise dans des difficultés financières..."

"Pour ne pas trop tirer sur la corde, nous avons décidé d'intégrer les avantages en nature et la prime de production dans l'assiette de calcul de la gratuité [du logement et de la restauration des employés], avec un rétro-paiement à compter de 2017 pour les cadres", a poursuivi le syndicaliste.

"Pour les non-cadres, a expliqué M. Faye, nous nous sommes mis d'accord sur l'intégration de la valeur nominale des avantages en nature dans l'assiette de calcul du forfait, pour un rétro-paiement à compter de juillet 2021. C'est l'accord que nous avons conclu avec notre employeur, un accord satisfaisant pour les deux parties."

Il dit espérer que l'accord conclu mettra fin à la grève qui avait été suspendue après quatre jours, grâce à une médiation du ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, et de son collègue chargé de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop.

"Il ne reste presque de cette année que quatre mois. Endeavour Mining (la maison mère de droit canadien de SGO) a des objectifs annuels. La grève de quatre jours a peut-être ralenti la production, mais avec l'ensemble des travailleurs motivés, nous atteindrons les objectifs fixés", a assuré Chérif Yankhoba Aïdara Faye.

Le vice-président chargé des affaires publiques de Sabodala Gold Operations, Abdoul Aziz Sy, a dit éprouver "un sentiment de satisfaction" après la signature de l'accord.

"Nous sommes très heureux de nous rendre compte que la paix [...] a prévalu, après des discussions qui ont duré plusieurs jours [...] La paix n'a pas de prix", a réagi M. Sy.

Ce représentant de la direction générale de SGO affirme que le "protocole d'accord a été signé, lequel consacre la fin du conflit collectif".

Le rôle de l'État "était d'encadrer, d'arbitrer, de ne jamais prendre parti"

"Depuis le début du conflit, la préservation de l'outil de travail était notre préoccupation. C'est l'outil de travail qui nous réunit", a souligné Abdoul Aziz Sy, ajoutant : "Les concessions que nous avons faites sont très importantes. Elles nous ont coûté beaucoup d'argent, mais c'est un investissement fait en vue de la paix sociale et du bien-être de nos employés."

"Nous nous réjouissons tous de cet accord que nous venons de signer", a-t-il déclaré.

Le protocole d'accord signé prévoit la création d'un comité de dialogue social réunissant des représentants de la société minière et des délégués de ses employés, selon Yankhoba Diémé et Abdoul Aziz Sy.

La signature d'un accord d'entreprise entre l'employeur et les travailleurs est également envisagée.

"Le rôle de l'État était d'encadrer, d'arbitrer, de concilier les positions et de ne jamais prendre parti", a précisé le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions.

"Nous avons rencontré des travailleurs qui ont compris qu'ils ont des droits à défendre mais avec des moyens légaux. Je voudrais vous féliciter, pas d'avoir fait grève mais de l'avoir faite en respectant toutes les procédures", a-t-il dit aux délégués des travailleurs.

Le protocole d'accord va coûter "près de 6,5 milliards de francs CFA" à SGO

M. Diémé estime que "le plus important dans une crise n'est pas la signature d'un accord". "Le plus important, c'est la sincérité que vous mettez dans l'accord signé et votre capacité à le mettre en oeuvre", a-t-il précisé.

"Le fait qu'un employeur accepte de revoir le paiement d'heures supplémentaires et de faire de la rétroaction est à saluer", a souligné Yankhoba Diémé, affirmant que les concessions faites par SGO à ses employés devraient coûter à la société minière "près de 6,5 milliards de francs CFA, dont 60 %" doivent faire l'objet d'un "paiement immédiat".

"J'invite les délégués des travailleurs à avoir le sens des responsabilités [...] afin que soit préservée la stabilité sociale" de l'entreprise, a dit M. Diémé.

La mine exploitée par SGO dans le sud-est du Sénégal est l'une des plus importantes du pays. Selon M. Diémé, environ 1.700 personnes y travaillent.

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